Histoire de Saint André Treize Voies

 

HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE

 

§ I. Patronnage

La paroisse de Saint-André-Treize-Voies faisait partie, avant la Révolution, du doyenné de Clisson, de l'archidiaconé et de l'évêché de Nantes. L'église paroissiale était placée tout naturellement sous le vocable de saint André, et le bénéfice, qui portait le nom de prieuré, relevait primitivement de l'abbaye de Nieul-sur-l'Autise, de l'ordre des Augustins, et non pas des Bénédictins, comme l'a publié Ogée dans son Dictionnaire, erreur rectifiée d'ailleurs depuis longtemps. L'abbé Grégoire dans son État du diocèse de Nantes en 1790 lui donne le nom de prieuré de Saint-Haiennent, ordre de Saint Augustin.

Les Chanoines de Saint-Augustin avaient le privilège de présenter à l'évêque pour le titulaire de la cure un des membres de leur ordre, qui prenait pour cette raison le nom de prieur. C'est pour cela aussi que son bénéfice s'appelait prieuré.

Suivant Grégoire et Ogée, les moines abandonnèrent ce bénéfice pendant les guerres de la Ligue, ce qui est fort possible. Cependant l'abbaye de Nieul conserva le droit de patronage jusqu'à sa sécularisation, au XVIIIe siècle.

Le roi, sous la dépendance duquel se trouva alors le prieuré, en annexa les biens au chapitre de la cathédrale de la Rochelle, et c'est sous ce patronage que nous trouvons Saint-André-Treize-Voies au moment de la Révolution.

Il ne faut pas croire cependant que l'évêque de Nantes, qui avait cette paroisse dans son diocèse, n'ait conservé aucun droit sur elle. Il avait la collation du bénéfice, c'est-à-dire le droit de nommer lui-même le bénéficiaire et de percevoir sur le prieuré certaines taxes qui étaient comprises dans les recettes du diocèse de Nantes.

Ajoutons enfin que le seigneur de Vieillevigne, en tant que seigneur de Saint-André, recevait les honneurs et avait le droit de prééminence dans l'église.

Depuis le Concordat, le nom de prieuré a disparu. La paroisse fait partie du diocèse de Luçon, et l'évêque a seul qualité pour en nommer le curé-desservant.

§ II. L'ancienne église


Nous y ajouterons seulement ce passage extrait de l'Etat général des ci-devant églises situées dans l'arrondissement du bureau de l'enregistrement et des domaines de Montaigu, dressé le 20 vendémiaire an V (11 octobre 1796), d'après lequel l'église de Saint-André est "petite, brûlée, abandonnée, et qu'il ne reste qu'à en vendre les matériaux et le terrain" (Echos du Bocage vendéen, 1890.)

C'est également la description qui en est faite dans le titre d'estimation de cette église pendant la Révolution, aux dossiers des biens nationaux conservés aux Archives de la Vendée.

L'ancienne église de Saint-André-Treize-Voies occupait exactement la même place que la nouvelle, sauf que celle ci, plus longue et plus large, s'avance d'une dizaine de mètres en plus dans le jardin de la cure, et d'un ou deux mètres sur la place, du côté sud.

Peu élevée et bâtie, comme le bourg, dans une petite vallée, on ne la voyait même pas à quelques centaines de mètres ; on la devinait plutôt à sa flèche qui pointait à travers les grands arbres. Quand le voyageur arrivait au milieu du bourg, s'il tournait le dos à l'entrée du cimetière, il avait devant lui une place irrégulière allant toujours en s'élargissant, et, au fond de cette place, la vieille église.

Bâtie à une seule nef et en forme de croix latine, cette église n'avait aucun ornement d'architecture. Les vitraux et les deux arcades formant la croix étaient cependant de style ogival. Sa construction, plus que simple, indiquait assez clairement le peu de ressources que les bâtisseurs avaient à leur disposition. Pour la date, il aurait été bien difficile de la fixer, en dehors de quelques données certaines, mais elle semblait relativement assez récente.

La façade, comme tout le monument, n'avait rien de remarquable: c'était un simple mur droit, avec un cadran au milieu, et, au-dessous, la porte principale, n'ayant pour tout encadrement qu'un palâtre ordinaire et une moulure peu profonde, badigeonné à la chaux. Cette porte était protégée par l'inévitable ballet qu'on retrouvait jadis devant presque toutes les églises. Ce fameux ballet est encore très populaire à Saint-André-Treize-Voies ; il y portait un nom à peu près inconnu ailleurs, le nom de la Guernelaïe, ou, pour d'autres, la Guennelaïe.

Voulez-vous prononcer ce nom comme les habitants du pays ? Donnez à la première syllabe le nom d'un e muet, et faites bien sentir l'r ou les deux n, et, pour la dernière syllabe ouvrez et fermez vivement la bouche, ne faisant entendre l'i que le moins possible.

La Guernelaïe sans doute masquait bien la façade, mais elle avait pourtant de nombreux avantages. On y faisait les levées de corps à l'abri de la pluie et des vents ; on y remisait les boiseries des pompes funèbres ; le dimanche, les femmes, avant d'entrer à l'église, y fermaient leur parapluie, refaisaient un peu leur toilette, enlevaient le mouchoir blanc qui avait protégé leur longue et belle coiffe contre les injures de la brume, rabattaient leur jupon relevé par une épingle, et en secouaient la poussière ou la casse (boue) de la route. Les petits marchands y faisaient parfois leur déballage, et les petits garçons de l'école voisine y trouvaient un préau commode pour jouer aux marbres, à la manette ou à la vise. Le devant de la Guernelaïe était partagé en trois parties par deux piliers en chêne. Le milieu seul était ouvert et donnait passage à la foule. Les deux côtés étaient fermés par un mur s'élevant à mi-hauteur et recouvert de granit. Le côté nord servait de comptoir aux marguilliers qui y vendaient, le dimanche et les fêtes, les denrées offertes à l'église. Pauvre vieille Guernelaïe, tu vivras encore longtemps dans la mémoire et même les regrets des habitants de Saint-André !

Outre la grande porte ouvrant sous la Guernelaïe, l'église avait deux portes plus petites du côté du midi, l'une donnant accès dans la nef, et l'autre dans le bras droit de la croix qui formait la chapelle de la Sainte-Vierge. Enfin, et du même côté du midi, à l'extérieur, on voyait deux escaliers en pierre montant aux deux tribunes, dont l'une était au bas de l'église et l'autre dans la chapelle de la Sainte-Vierge. Entre ces deux escaliers se trouvait un contrefort en simples moellons et joignant la petite porte latérale Au haut de ce contrefort était installé un cadran solaire qui fut sans doute pendant longtemps le seul à indiquer l'heure des offices ; encore fallait-il tout naturellement le concours du soleil ; si le soleil boudait, le sacristain sonnait au petit bonheur ou allait demander l'heure à quelque pendule voisine.

Le côté sud de l'église était seul accessible au public. Le côté nord était fermé par le mur de la cour de la cure, lequel semblait être le prolongement du mur de l'église. De ce côté se trouvait la sacristie, dans l'angle même formé par le bras de la croix et son sommet. On y arrivait par le jardin de la cure et par un petit escalier de trois ou quatre degrés. Un contrefort étayait le mur nord, et deux autres les deux angles extérieurs du chevet de l'église. Enfin, comme beaucoup d'autres, la vieille église était couverte en tuiles. Cependant, le mur du bout de la chapelle de la Sainte-Vierge formait un pignon très élancé et s'élevant bien au-dessus de la toiture, ce qui donnerait à supposer que l'église était pri-mitivement couverte en ardoises, comme l'est encore la vieille cure. Dans les guerres de religion et en 1794, l'église avait été brûlée, et, les ressources faisant défaut, on l'aurait ensuite restaurée avec une charpente plus simple et recouverte en tuiles74.

74 Il convient d'ajouter que "les mazures et emplacement de l'église de Saint-André 13 Voix ont été vendus le 24 frimaire an V (décembre 1796) au citoyen Duroussy, de Rocheservière, pour la somme de 300 francs." Arch. de la Vendée ; Q.

Tel était à l'extérieur, l'antique église paroissiale de Saint-André-Treize-Voies. Mais ce tableau ne serait qu'imparfait si l'on n'y faisait pas figurer son plus bel ornement, le clocher et la flèche. Ce clocher et sa flèche ne furent relevés qu'après la Révolution, et même quelques années après que la paroisse eût été constituée, probablement de 1810 à 1815. Les architectes et entrepreneurs furent deux charpentiers du pays, qui se montrèrent dans ce travail aussi hardis qu'habiles. Le clocher, tout en bois, comme sa flèche, s'élevait au-dessus de la porte principale. Carré à sa base il avait à ses quatres côtés une ouverture plongeante, qui laissait passage libre au son argentin des deux cloches ; et au-dessus la flèche octogonale très élancée semblait menacer les nuages.

Clocher et flèche étaient tous deux couverts en ardoises. Comme toujours, la flèche à son sommet arborait la croix, et au-dessus de la croix tournait le coq traditionnel. Mais le vieux coq de Saint-André a une histoire particulière qui, ce me semble, mérite d'être racontée.

Un beau jour, le digne curé de la paroisse, M. Piveteau, mort en 1842, trouvait à la barrière du cimetière, à cinquante mètres environ de l'église, un paroissien revenant de la chasse. En causant avec son pasteur, le jeune Nemrod lui dit tout à coup : "J'ai envie, Monsieur le Curé, de percer votre coq d'une balle. — Le feras-tu bien ? — Parions que je le fais." Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais la balle avait manqué son but. "A mon tour", dit le Curé. Puis il épaule, vise un instant et tire. Le coq était percé de part en part. Au printemps suivant et longtemps après, chaque année, deux petites mésanges choisissaient le ventre du coq pour y faire leur nid et y élever leur nombreuse progéniture. Je les ai vues maintes et maintes fois portant le foin et la plume pour leur nid, ou la béchée pour leurs petits. Elles se reposaient un instant sur les bras de la croix, et ensuite disparaissaient dans leur gîte aérien. Nous tâchions bien de leur lancer des pierres, mais c'était en vain. Hélas ! pour les petits la sortie du nid était plus périlleuse ! Tout allait bien quand ils arrivaient à tomber sur l'église ou qu'ils pouvaient atteindre les arbres au bord opposé de la douve voisine ; mais parfois ils tombaient dans l'eau et s'y noyaient, ou bien sur la place, et alors leur mort était plus prompte et plus barbare. Une bande de gamins se ruait à l'envi sur les pauvres oisillons et souvent les écrasait avant même de les prendre. Cet âge est sans pitié ! A l'intérieur, la vieille église de Saint-André était aussi simple et aussi pauvre qu'à l'extérieur. En entrant par la porte principale, on se trouvait presque dans les ténèbres, sous une tribune trop basse. A gauche, un bénitier en granit, et dans ce bénitier un grand vase de terre cuite contenant l'eau bénite. A gauche également, se trouvaient les fonts baptismaux renfermés dans une clôture en bois. On remarquait surtout en entrant quatre gros piliers en chêne qui semblaient soutenir la tribune, mais qui, en réalité, étaient les colonnes du clocher. Quand on voulut construire ce clocher et sa flèche, on chercha dans le pays les chênes les plus beaux et les plus élevés. Les trois premiers se trouvèrent facilement, mais il en fallait un quatrième, et on ne le trouvait point. Enfin, dans une réunion du Conseil de fabrique, l'un des membres dit avoir découvert ce qu'il fallait. "Le père Jean Chaigne, de la Ronde, dit-il, a dans un de ses champs des Bernardières ce que nous cherchons, et je me fais fort de l'obtenir. J'irai moi-même trouver le propriétaire, et pendant que je causerai avec luis deux d'entre vous se rendront dans le champ, au pied de l'arbre désiré." Arrivé à la maison, le fabricien énonce le motif de sa visite et déclare sans se gêner qu'il lui faut le chêne absolument. "Mais, dit le propriétaire, il faut au moins le voir avant de rien décider." On s'en va donc, et quand on arrive à l'arbre, les deux compères avaient si bien travaillé qu'il était à moitié coupé. Le maitre fait un instant semblant de se fâcher, mais lui-même se met bientôt à aider pour finir le besogne, puis il emmène les travailleurs boire un coup à sa barrique, et ce fut une affaire conclue. Quel heureux temps ! quelle belle et charmante simplicité dans ces braves gens de Saint-André !

L'église, à l'intérieur, pouvait avoir six mètres environ de largeur et vingt-deux à peu près de longueur, dont douze pour le bas de la croix, six pour le transept et quatre pour le choeur. Les bras de la croix pouvaient également avoir six mètres de profondeur et autant de largeur: mais celui de droite, formant la chapelle de la Sainte-Vierge, était plus large d'un ou deux mètres et contenait la petite tribune, en face de l'autel. Comme on l'a dit, la grande tribune se trouvait au-dessus de la porte principale, et l'on y arrivait par un escalier extérieur. Cette tribune était éclairée par une simple croisée ordinaire, ouverte dans le mur nord, en face de la porte. Au fond se trouvait l'échelle permettant de monter au clocher pour les sonneries des grandes circonstances, pour les carillons des baptêmes ou des mariages. Ordinairement on sonnait de la tribune même, Dans cette tribune était encore une sorte de grande armoire vitrée, renfermant l'horloge communale. Les mouvements et le tic-tac de cette horloge pouvaient ainsi se distinguer très facilement et, sans doute, ils devaient donner plus d'une distraction aux hommes pendant les saints offices.

En montant du bas de l'église vers le choeur, on avait à droite deux petits vitraux et entre eux la porte latérale ; à gauche, on avait un seul vitrail et une ancienne petite porte fermée à l'extérieur par une maçonnerie, mais conservant à l'intérieur toute sa boiserie. Cette porte s'ouvrait jadis dans la cour de la cure. A la Révolution, la cure fut vendue, et lorsqu'on rétablit le culte la porte fut bouchée et resta toujours fermée depuis, même après que l'ancienne cure eut repris sa destination primitive, par suite d'un échange avec la famille Sauvaget, des Landes.

Longtemps la chaire fut au-dessous du transept, du côté de l'Evangile. Mais vers 1850, M. Goubant, curé de la paroisse, pour augmenter le nombre des places de bancs, la fit transporter dans le sanctuaire du côté de l'Epître. Une rangée de bancs s'alignait des deux côtés le long des murs, et une chaise mobile était placée à l'entrée de chaque banc. Dans le transept, à droite et à gauche, trois grands bancs recevaient les petits enfants. Des bancs et des chaises loués remplissaient aussi les deux chapelles ; il y en avait même dans l'espace renfermé par la sainte table, qui allait d'un bout à l'autre des bras de la croix.

Le pavé de l'église était formé de grosses pierres de granit mal jointes. La voûte était un pauvre tillage en sapin, tout droit et cintré un peu seulement auprès des murs.

Le transept était formé par deux grandes arcades ogivales, en pierres de taille, sans doute, et aux angles évidés ; mais malheureusement une épaisse couche de chaux les recouvrait de même que les murs. Ces deux arcades formaient les chapelles de la Sainte-Vierge et de Saint-Nicolas, toutes deux éclairées au fond par un grand vitrail de style gothique. Le sanctuaire était séparé de l'église par une sainte table en fer forgé, assez longue pour renfermer avec une partie du transept les deux chapelles et les trois autels. Devant chaque petit autel, la sainte table se recourbait subitement de trente centimètres environ, pour lui laisser une place plus grande.

Le petit autel de droite était dédié à la sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame du Saint-Rosaire. L'autel était adossé à un rétable de style grec, en bois, avec deux colonnettes plates et cannelées également en bois ; le tout peint en couleurs variées. Derrière l'autel se dressait un grand tableau peint sur toile et représentant la sainte Vierge tenant l'enfant Jésus sur ses genoux et donnant le Rosaire à saint Dominique agenouillé devant Elle. A côté de saint Dominique on voyait un chien tenant dans sa gueule une torche allumée. Le bréviaire romain, dans la légende de saint Dominique, nous donne l'explication de ce tableau. Il y est dit que la mère du saint, avant même sa naissance, crut voir en songe qu'elle portait un petit chien tenant dans sa gueule une torche avec laquelle, après sa naissance, il semblait vouloir embraser le monde. Sans doute Dieu, par ce songe, donnait un présage des lumières et de la ferveur que saint Dominique et son ordre des Frères-Prêcheurs devaient plus tard répandre, dans toute la terre, par le saint Rosaire et leurs prédications.

Dans la chapelle de gauche, le petit autel était dédié à saint Nicolas. Cet autel et son rétable, par le style et la forme, ressemblaient en tout à l'autel et au rétable de la sainte Vierge. Le tableau peint sur toile représentait naturellement le saint évêque de Myre et, comme en certains endroits, trois petits enfants dans un baquet. Près de l'autel de saint Nicolas, et au-dessous du vitrail, se trouvait un vieux confessionnal peint en rouge pâle: c'était celui du curé. Le confessionnal du vicaire se trouvait dans la chapelle de la sainte Vierge, en face de l'autel et sous la petite tribune.

Enfin le sanctuaire était formé par ce que l'on peut appeler le haut de la croix latine. En y ajoutant l'espace pris sur le transept par la sainte table, le sanctuaire pouvait avoir six mètres de profondeur sur autant de large, Un seul petit vitrail l'éclairait du côté de l'Epître. Le pavé était fait de carreaux blancs et bleus. Du côté de l'Evangile étaient, en guise de stalles, deux bancs fort simples et peints en jaune, séparés l'un de l'autre par la porte de la sacristie. Du côté de l'Epître se trouvaient un banc semblable et, au-dessus, la chaire, si peu élevée que les chantres pouvaient à peine se tenir debout. L'escalier de la chaire n'était séparé du bout de l'autel que par la crédence aux burettes ; si bien que le prêtre, du marchepied de l'autel, aurait pu pour ainsi dire atteindre la première marche de cet escalier. Le marchepied de l'autel n'avait que deux degrés, et, entre lui et l'escalier de la chaire, il y avait juste la place pour les sièges du célébrant et de ses clercs.

L'autel, en forme de tombeau, était, ainsi que le tabernacle, en bois peint ; sur le tabernacle et supportant le crucifix, était couché le livre aux sept sceaux de l'Apocalypse. Derrière l'autel, tout à travers et presque jusqu'en haut du mur, se dressait un vieux rétable en bois peint de couleurs variées et de style grec, comme les deux retables des petites chapelles. Ce rétable avait deux colonnes rondes de chaque côté de l'autel, et, entre ces deux colonnes, un peu au-dessus des crédences, deux statues aussi en bois, l'une de saint Pierre et l'autre de saint Paul. Tout en haut du rétable, on voyait encore deux statues, saint André et saint Joseph. Chacune de ces quatre statues avait sa niche encadrée de deux petites colonnes, toujours en bois. Au milieu du rétable, et un peu au-dessus de l'autel, on remarquait un grand tableau peint sur toile et représentant la Résurrection, Notre-Seigneur debout avec sa croix rayonnante, et, à côté, le tombeau ouvert. Enfin, au-dessus du retable paraissait le haut d'un vitrail d'un mètre à peine. On voyait par dehors de l'église que le bas de ce vitrail avait été remplacé par une maçonnerie moins épaisse que le mur. On l'avait bouché sans doute pour construire le retable, qui l'aurait par le fait rendu invisible et inutile.

Telle est la description historique de l'ancienne église de Saint-André-Treize-Voies. Ce n'était point un monument d'architecture. Elle était à peine convenable, et surtout bien insuffisante pour cette population si chrétienne. On s'y trouvait bien gêné, particulièrement dans les grandes solennités.

L'église neuve, grande et belle, dans toute la fraîcheur de sa jeunesse, remédie fort heureusement à tous les défautsde son aînée. Mais hélas ! le manque de ressources a fait suspendre les travaux, et la persécution religieuse, sans doute d'ici longtemps, ne permettra point de les reprendre. L'église demeure donc sans façade, sans clocher et sans flèche ; et les deux cloches, emprisonnées dans une demeure provisoire, semblent demander, par leur son plaintif, la liberté de monter dans un clocher nouveau.

§ III. Chapelles et chapellenies

1°. Chapelle de Saint-Nicolas. Cette chapelle, qui se trouvait placée dans l'église paroissiale à gauche du choeur, avait été fondée, dans le premier tiers du XVe siècle, par Jeanne Le Breton, fille du seigneur de la Crépillière et soeur de Marguerite Le Breton, femme de Nicolas de la Roche, seigneur de la Roche-Saint-André.

Il en est question aux archives de la maison de la Roche-Saint-André, le 24 mars 1501, puis le 29 décembre 1503. A cette date, le prieur et les paroissiens de Saint-André-Treize-Voies accordent à Jehan de la Roche et à ses successeurs le droit de banc et l'augmentation de la chapelle de Saint-Nicolas en l'église "en considération des services que ledit Jehan de la Roche et ses prédécesseurs avoient rendu à lad. église et aux habitans".

Le 6 mars 1530, René de la Lande de Machecoul, seigneur de Vieillevigne, donne à Nicolas de la Roche, fils de Jehan, le droit d'édifier une chapelle dite de Saint-Nicolas, dans l'église de Saint-André, et d'y faire "entretenir perpétuellement ses armes et escuzons".

Cette chapelle, qui était depuis le XVe siècle l'enfeu des seigneurs de la Roche, resta jusqu'à la Révolution sous leur patronage et fut desservie par un chapelain.

Chapelle de la Chevrottière. Celle-ci attenait au château même dudit lieu ; on en connait l'endroit précis et on y remarque encore l'ancien bénitier. Elle servait fréquemment de chapelle de secours aux XVIIe et XVIIIe siècles, et souvent on y célébrait des mariages, ainsi que le prouvent les anciens registres de la paroisse.

Chapelle de Notre-Dame de la Pitié de l'Epinay. De même que celle de la Chevrottière, la chapelle de l'Epinay se trouvait auprès du château du même nom, à gauche de la cour d'honneur en entrant. Fondée en 1657 par Jeanne Charbonneau, dame de l'Epinay, veuve de Jean Le Maignan, écuyer, seigneur de l'Ecorce, dont elle eut postérité, et alors femme de Philippe Regnault, écuyer, seigneur de la Guilbertière, elle fut placée sous le vocable de Notre-Dame de la Pitié. Sa fondatrice donnait au bénéficiaire 50 livres de rente à prendre sur le village et tènement du Moulin, en Vieillevigne, à la charge de dire deux messes par semaine, l'une le dimanche, l'autre de préférence au jour de fête, s'il se trouvait un prêtre libre (1682). On réduisit plus tard l'obligation à une messe.

Les héritiers de Jeanne Charbonneau conservèrent intacte la chapelle primitive pendant près de cent ans. Une de ses arrière petites-filles, Catherine Le Maignan, dame de l'Ecorce et de l'Epinay, femme de René Le Maignan du Marchais, désireuse d'embellir le sanctuaire qui menaçait ruine, procéda à une restauration complète qui nécessita une nouvelle bénédiction faite en grande pompe, ainsi que le prouve l'acte suivant :

"Le 11e d'octobre 1746, j'ai soussigné prieur de Saint André de 13 Voix, avec le bon plaisir de Monsieur l'abbé de Laubrière, doyen de la cathédrale de Nantes et nommé vicaire général par le chapitre, le siège épiscopal alors vacant, par la mort de feu Messire Christophe Louis Turpin de Crissé de Sanzai, et rempli par la nomination de M. l'abbé de la Muzanchère de Mauclerc, y devant doyen et grand vicaire de l'évesché de Luçon, et à present à Paris, après avoir vu la chappelle de l’Epinaye située en ma paroisse fondée d'une messe par semaine appartenant à haute et puissante dame Marie Catherine Le Maignan épouse de haut et puissant seigneur René-Louis Le Maignan, seigneur de Lescorce et autres lieux et cise dans ses terres, dont les murs etoient tombez et tout ce qui est necessaire pour la dessence du Saint Sacrifice en fors bon état, béni la ditte chapelle avec toute la cérémonie requise, et ce en présence de haute et puissante dame Suzanne Macé, veuve de Messire Antoine Daçon chevalier seigneur du Cauvineau, et damoiselle Scanne Paillère, et Catherine de Rapidy, veuve de Messire André-Gabriel Le Maignan, chevalier, seigneur de l'Ecorce, de Messieurs Alexis-François et François-Alexis Le Maignan, de Messire Isaac-Josué-Louis Le Maignan, de Messire Jean-Baptiste Sorin, prêtre, de Messire Charles de Miel, prêtre, vicaire de Saint-André, de Messire Louis-René Le Maignien, seigneur de l'Ecorce, qui ont signé..."

En 1748, Catherine Le Maignan, qui était également patronne de la chapelle de Sainte-Marguerite du château de l'Ecorce en Vieillevigne, tenta de réunir les chapellenies de l'Ecorce et de l'Epinay en un seul bénéfice ; elle obtint une autorisation favorable de M. de Régnon, vicaire général, mais ne put avoir celle des curés de Vieillevigne et de Saint-André et l'affaire en resta là.

Elle renouvela sa tentative en 1777, mais cette fois avec succès : les deux bénéfices furent réunis en un seul, grevé d'une seule messe par semaine, le dimanche, et d'une autre messe à la fête de Notre-Dame de la Pitié. On dut auparavant procéder à une enquête sur l'opportunité de cette union ; mais si le recteur de Vieillevigne ne fit aucune difficulté, M. Le Quimener, curé de Saint-André, y mit moins de bonne grâce et ne souscrivit à l'enquête qu'après avoir fait remarquer "qu'il manquoit souvent de messes et que son vicaire était obligé de quêter pour vivre".

C'est dans cet état que se trouvait la chapelle de l'Epinay, (qualifiée "très belle" par l'abbé Grégoire), au moment de la Révolution. Détruite pendant la guerre par les colonnes infernales, elle n'a pas été rétablie et ne sert plus actuellement que d'écurie aux fermiers. Le bénéfice qui s'y trouvait attaché fut vendu nationalement, le 1er janvier 1793, pour la somme de 1.475 livres payées en assignats. (Arch. de la Vendée, Q : reg. du Bureau de Montaigu.)

Chapelle des Gaufreteau. Il en est fait mention par M. Grégoire, mais nous n'avons pu trouver aucun document.

4° A ces chapellenies nous pouvons ajouter la Confrérie du Saint-Rosaire, qui avait son autel et sa chapelle (celle de la Sainte-Vierge) dans l'église paroissiale. Il en est question assez longuement dans le procès-verbal de visite de 1682, que nous reproduirons plus loin en donnant l'état nominatif des curés.


§ IV. Le Presbytère et ses revenus


L'étranger, le voyageur qui traverse le petit bourg de Saint-André est tout de suite frappé de surprise à la vue d'un grand portail cintré en pierres de taille, surmonté d'un écusson, qui donne accès dans une cour et dans un jardin, au milieu duquel on aperçoit une maison de construction ancienne, qui se distingue par une haute toiture et des fenêtres à meneaux et croisillons, en même temps que l'on voit un reste de douve à quelques mètres plus loin. Il vient aussitôt à l'esprit que l'on est en face d'une vieille gentilhommière, et l'on ne se trompe qu'à demi.

Cette curieuse habitation a été et est encore aujourd'hui la cure, ou plus exactement le prieuré ; mais ce prieuré-curial était bien en même temps un manoir, car il avait été construit par un prêtre gentilhomme.

Les guerres de religion, qui avaient mis à feu et à sang toute la contrée, n'avaient pas épargné le presbytère, et quand, avec le commencement du XVIIe siècle, Saint-André eut pour pasteur Messire Jacques Louer, fils d'un gentilhomme aisé de cette paroisse, celui-ci n'hésita pas à faire édifier à ses frais une demeure plus confortable, qu'il laissa après sa mort à ses successeurs.

L'origine n'en est pas douteuse. Le constructeur propriétaire y a apposé son nom en mettant ce blason au gironné de douze pièces, que l'on aperçoit au sommet du portique. Il y a fait encore grossièrement graver des emblèmes qui marquent à la fois sa qualité de noble et de prêtre. Sur la façade sud ouest, le sculpteur a dessiné d'un côté d'une fenêtre une tête d'homme, de l'autre un aigle ; l'autre fenêtre est encadrée d'une part d'un lion, de l'autre d'un chevalier tenant son épée et d'un cheval ; sur la façade nord-est, on distingue très nettement un calice, etc.

L'intérieur n'offre rien de remarquable et a été depuis maintes fois modifié ; signalons cependant la cuisine actuelle qui aurait été, dit-on, l'ancien pressoir du prieuré.

Un titre d'un réel intérêt pour l'histoire de cette paroisse fera connaître l'importance du prieuré et de ses dépendances. C'est l'aveu et dénombrement qu'en fait Messire J. Le Quimener, prieur-recteur de ce lieu, au seigneur de Vieillevigne et de Saint-André, dont il déclare pour ces dits biens lui devoir "foy, hommage-lige et rachat", par acte passé, le 29 novembre 1763, devant Girard, notaire de la châtellenie de Vieillevigne 75.

75 Bib. de Nantes, Coll. Dugast-Matifeux, 191.

Le recteur déclare :

"1° La lieu presbiterial de Saint André de trez Voix, consistant en logements, couverts en ardoises et thuiles, étable, grange, four, écurie, pressoir, cellier et pont-baille, le tout renfermé de murailles et douves, tenant à l'église et aire de laditte paroisse par devant, d'autre part le chemin qui le conduit dudit bourg au pont, le chemin du simetière et la maison de maître René Girard de la Barre. Il est dû audit prieuré pour droit de puy 2 livres de rente, payables chacun an aux festes de Noel.

Item, un jardin tenant joignant la ditte église et maison dudit prieuré d'un bout au chemin qui conduit audit pont et d'autre bout au fief de la Douê, contenant le jardin une chariee de terre ou environ.

La ditte pre du prieuré ainsy quelle se contient et poursuit, tenant d'un côté la rivière de l'Oignon, d'autre costé ledit jardin et pièce de la vigne, le chemin de Saint André à Vieillevigne, et d'autre bout celui qui conduit à la maison noble de la Roche.

La pièce de la vigne, anciennement appelée le bois de la grée, ainsy qu'elle se possède et contient, de laquelle dite vigne ledit sieur prieur prend et lève par chacun an la quatrième partie à la vendange y croissant, enfermé de fossés et de douves, tient d'un côté à la chapelle du Rozaire de laditte église, d'autre le jardin dudit prieuré d'un bout de ladiite prée et d'autre au chemin qui conduit à la Vrillière..."

Suit la nomenclature de plusieurs pièces de terre et rentes foncières :

"Item, le fief de vigne apppelé le fief du prieuré contenant seize boissellées environ... Sur les dittes choses, siezes et sittuées au village et tenement du Premaugis, en la ditte psse de Saint-André, pour raison desquelles terres et le dit sieur prend à son usage de four, fontaine, quereux et communs dependant dudit tenement une obligation de dire ou faire dire quinze messes basses par chacun an en l'église de Saint-André, pour son légat (legs).

Ce pourpris, tenue et ces rentes donnaient un revenu moyen de 300 livres par an ; en outre, la fabrique, qui avait elle-même des rentes assez considérables, procurait au congruiste une somme de 300 livres. Le prieur-curé jouissait donc avant 1793 d'un revenu de 600 livres environ. L'Etat du diocèse de Nantes en 1790, donne les détails suivants : "Revenus : portion congrue de 300 livres, donnée par la fabrique, pour pris et petite tenue, total 600 livres". Et plus loin : "Prieuré de Saint-Haiennent, ordre de Saint-Augustin ; revenus, bâtiments et tenue, 677 livres ; titulaire le recteur ). Il ajoute encore : "Charges 12 messes. Le vicaire n'a personne dans le bourg qui soit en état de le loger".

Mais bientôt la Révolution vint s'emparer de tous ces biens ecclésiastiques qui furent vendus nationalement. La cure et les champs voisins furent acquis par Georges Sauvaget, des Landes, pour la somme de 9450 livres, le 29 janvier 1791, et deux jours auparavant, Le Febvre, de Vieillevigne, avait acquis le Pré-Maugis dépendant de ce prieuré pour 5100 livres, le tout payé en assignats. (Arch. départ. de la Vendée : Q ; registre du Bureau de Montaigu.) Lors du rétablissement du culte après le Concordat, le curé fut obligé d'aller s'installer dans une maison voisine appartenant à la famille Eraud et qui sert aujourd'hui d'école communale.

Acquise en 1810, dans le but de l'échanger avec l'ancien presbytère, elle devint en 1825 la propriété des héritiers Sauvaget, qui cédèrent en retour la vieille maison curiale. Ainsi depuis lors les curés sont rentrés dans l'antique prieuré, qui sert de presbytère depuis trois siècles.

Grâce à un pieux et généreux donateur, M. Oiry, la cure possédait la métairie de la Petite-Roche, toute voisine de l'église ; mais la troisième République, suivant la trace des grands ancêtres, a encore dépouillé le curé de Saint-André du légitime patrimoine qui l'aidait à faire du bien autour de lui.


§ V. Etat nominatif des curés


Avant de commencer cette liste, faisons d'abord une remarque générale. Nous avons dit que le curé de Saint-André prenait le titre de prieur et nous en avons donné l'explication. Nous voyons également qu'on le cite sous l'appellation de recteur ; il ne faut pas s'en étonner, car la paroisse de Saint-André faisait partie de la Bretagne, et chacun sait que c'est le nom qui servait jadis dans toute la province, et qui sert encore aujourd'hui dans plusieurs de ses diocèses, pour désigner le prêtre qui remplit les fonctions de curé76. Le nom de curé ou curé-desservant se rencontre donc fort rarement à Saint-André avant le XIXe siècle. Depuis le Concordat, c'est le seul employé.

Vincent de la Roche-Saint-André, fils de Jehan, seigneur de la Roche, et de Marie Marin, se fit reli-gieux de l'ordre de Saint-Augustin à l'abbaye de Nieul et devint prieur-recteur de Saint-André-Treize-Voies. Il l'était quand, en 1503, les habitants de la paroisse concédèrent à son frère une chapelle dans l'église.

De son temps se passa une assez grave affaire qui mit en émoi toute la contrée. II s'agissait de l'arrestation d'un certain Valentin Gauvry, petit propriétaire, qui se vit confisquer ses biens situés principalement du côté de la route de Saint-Georges, près de celle du seigneur de la Grelière, à la suite d'une condamnation que lui avait infligée la cour ecclésiastique de Nantes "en matière de sortilège". C'est ce que prouve le registre de la Chambre des comptes de Nantes, à la date du 22 avril 1518, dans un document concernant la vente de ses biens, "dix à douze ans" après77.

Un peu plus tard, vivait à Saint-André un prêtre du nom de André Garnier qui devait être vicaire de la paroisse et titulaire de la chapelle de Saint-Nicolas. Il recevait la somme de dix livres par an pour administrer la terre de la Roche, au nom de ses seigneurs.

Antoine Aubert est prieur recteur de Saint-André, ayant pour vicaire François Bouancheau, et pour autres prêtres: Guillaume Blay. François Sauvaget et Jean Hesgron. C'est ce qui ressort du procès-verbal de visite de Nicolas Chastelier, délégué de l'archidiacre de Nantes, Messire G. Douillard, le 24 août 1554:

Die Veneris 24 mensis augusti anno Dni millesimo 1554 visitata fuit parochialis ecclesia Sti Andreæ de XIII Vocibus per magistrum Nicolaum Chastelier juris doctor vicarius ad visitendum Clematum ultra Ligerium.

Magister Antonius Aubert rector dicit duas missas : prima die dominicali et altera diebus festivis.

D. Franciscus Bouencheau, vicarius.

D. Guillel. Blay. D. Franciscus Sauvaget.

D. Johannes Hesgron.

Procuratores anticqui :

Petrus Taillic.

Stephanus Regnaud.

Procuratores moderni :

Stephanus Bugeau.

Vincentius Gorsan.

Testes synodales

Guill. Bouencheau, de la Ronde.

Johannes Chuppé.

Petrus Mouillé.

Johannes Normand.

Matheus Regnaud de Pommeragu.

Johannes Douillard e Veteri Vinea qui sese opposuit proeclamationi factæ inter Johannes Boivineau (ou Boinneau) et Martinæ Grolleau extinc. (extinctus ?) in visitatione deficit.

Iniungitur vicario implere fenestras (?) in albo dimissas in papiro baptisteri juxta quindecim dies sub poena unius scuti auri ellemosynariæ Nanuctensi ac questui monialibus beatæ Claræ Nanuctensi applicaturi.

Prohibetur quibus cumque vendere candellas in ecclesia nemo alias res in sancta terra sub poena fieri sua depositionis (ou excommunicationis).

Prohibetur Martinæ Groleau que ut assistetur et in... per verba de futuro cum Johanne Bonnieau (Boivineau ?) procedere ad alteriora cum quovis alio... alias visum fuerit per curiam et... decisum fuerit sub poeno fieri depositionis (? ou excommunicationis) taxas et centum scutorum auri.

Le vendredi 24 du mois d'août de l'an du Seigneur 1554, a été visitée l'église paroissiale de Saint-André de 13 Voix par Messire Nicolas Chastelier, docteur en droit, vicaire délégué pour visiter la contrée au delà de la Loire.
Messire Antoine Aubert, curé, dit deux messes, l'une le dimanche et l'autre aux jours de fêtes.
Prêtres
François Bouancheau, vicaire.
Guillaume Blay.
François Sauvaget.
Jean Hesgron.
Procureurs anciens
Pierre Taillic.
Etienne Regnaud
Procureurs actuels
Etienne Bugeau.
Vincent Gorsan.
Témoins synodaux
Guillaume Bouencheau, de la Ronde.
Jean Chuppé.
Pierre Mouillé.
Jean Normand.
Matthieu Regnaud, de Pommeragu.
Jean Douillard, de Vieillevigne, qui a fait opposition à la publication de bans entre Jean Boivineau et Martine Grolleau ne s'est pas trouvé à cette visite, parce qu'il est défunt.
Il est ordonné au vicaire de remplir les actes laissés en blanc sur le registre des baptêmes sous peine d'une amende d'un sou d'or au profit de l'aumônerie de Nantes et de la quête des religieuses de Sainte-Claire de Nantes.
Il est défendu à toute personne de vendre des cierges dans l'église, ainsi que toute autre chose dans le saint lieu, sous peine d'excommunication (?)
(Passage obscur) Il est défendu à Martine Groleau de procéder à une autre publication de bans avec Jean Boivineau jusqu'à ce que l'officialité ait fait connaître sa décision, sous peine d'excommunication et d'une taxe de cent sous d'or (?)
Quelques années auparavant, le 22 décembre 1544, dans le registre du diocèse, il est porté que "le prieuré-cure de Sainct Andre Trez Voix (est) taxé IV livres tournois par décime".
Ce fut, sans doute, sous ce même curé Aubert et au sujet des démêlés qui existaient entre Antoine de Créquy, évêque de Nantes, et ses chanoines, que nous voyons, le 12 mai 1558, sur l'assignation de l'évêque, se présenter. François Bouancheau, vicaire de Saint-André-Treize-Voies, en la grande salle du manoir épiscopal, après la célébration du Saint-Synode81.
Le 1er avril 1589, la recette du diocèse de Nantes reçoit du recteur de Saint-André, par les mains de Nicolas Moullin la somme de 7 livres 10 sols.
Après une assez longue période pendant laquelle nous n'avons pu trouver aucun renseignement sur les curés de cette paroisse, nous arrivons à pouvoir en donner la liste complète, grâce aux anciens registres de baptêmes, mariages et sépultures tenus par ses-prêtres83.
Jacques Louër, écuyer, prêtre, prieur-recteur de Saint-André-Treize-Voies, fils de Jehan, seigneur de la Grelière, et d'Isabeau Morisson, était curé avant 1628, date à laquelle il bénit, à Remouillé, le mariage de Claude Louër, écuyer, avec Renée Gaingnard de la Caffinière. Il fut ensépulturé dans l'église, le 13 août 1649. C'est à lui qu'on doit la construction du presbytère actuel. Il laissa une rente de 18 livres 15 sols pour célébrer dix-sept messes basses par an.
Il avait pour vicaire Jean Daviceau, dont le dernier acte est signé à la date du 9 septembre 1647. Celui-ci fut remplacé par Charles Douaud qui fut vicaire de 1647 à 1655.
Julien Durand, qui succéda, en novembre 1649, à M. Louër, dans le prieuré de Saint-André, avait été déjà, pendant quelques mois, son coadjuteur. Son dernier acte comme curé est du 6 mars 1680: Il continua cependant à résider dans cette paroisse comme prêtre habitué. Il mourut "en sa maison, à Saint-André", le 20 mars 1684, et fut enterré le lendemain dans l'église.
Outre l'abbé Douaud, il eut comme vicaires: Mathurin Marys, vicaire (novembre 1655-1666), Guibot, prêtre (16 novembre 1658), Pierre Renaud, second vicaire depuis 1664, puis seul vicaire jusqu'à sa mort. Il fut inhumé dans la chapelle du Rosaire le 3 juin 1675. Charles Kerbran, vicaire (fin 1675-fin 1679). J.Malherbe, vicaire (décembre 1679-mai I680).
Les registres tenus par M. Durand renferment quelques particularités. La paroisse est ravagée par une épidémie, en 1662 ; on constate onze sépultures au mois de mai, dix-huit en juin et dix-huit en septembre.
"Le 15 février 1668, fut inhumé en l'église Notre-Dame de Rocheservière le corps de Mathurin Sauvaget, mary de Jeanne Bugaud, ayant esté trouvé dans la rivière proche Rocheservière, après l'assassinat commis sur sa personne dans la nuict entre le 5e et 6e jour janvier aud. an."
P. RENAUD, pre v.
Ce Sauvaget, qui eut sa sépulture dans l'église, est évidemment un membre de la famille Sauvaget, d'Izereau.
Le 13 janvier 1671, M. Durand célébra quatre mariages ; le 5 février suivant, il en bénit cinq.
Pierre Richard, prieur-curé, signe pour la première fois le 3 juin 1680. Il fut enterré dans son église, le 10 janvier 1687, étant décédé de la veille.
Il eut pour vicaires : Pierre Choblet (commencement 1682-commencement 1685), puis G. Airoul (mai 1685-juin 1687).
Pendant son administration, un certain nombre de personnes abjurèrent entre ses mains la religion protestante. Le 19 octobre 1682, c'est Antoinette de Ramberge, femme de Pierre de la Mothe de Norville ; le 7 décembre 1685, Renée de Rion, veuve de Samuel de Lépinay de la Roche-Boulogne ; le 14 novembre 1686, il y a une abjuration collective de Pierre Bridonneau et de sa famille, en la maison de la Grelière.
Pierre Richard reçut, le 17 juillet 1682, la visite de l'archidiacre du diocèse de Nantes, dont le procès-verbal, du plus haut intérêt, mérite d'être reproduit textuellement presque en entier.

"Saint André Treize Voix, à la présentation de l'abbé de Nielles (Nieul) en Poitou, a 700 communiants environ.
Nous avons été bien reçus. Après les prières et oraisons accoutumées, la visite a commencé à 10 heures du matin.
A la sacristie, point de bourses violettes pour les huiles des malades, ni d'encensoit ; et aurions été informés qu'encore bien que les deux autels qui sont au costé du grand auraient perdu leur consécration au moins depuis 40 ans pour avoir esté démoli... ; point de coffre pour mettre les archives de la fabrique ; les bénéficiaires n'ont pas encore obéi aux ordonnances qui les obligent à fournir copies collationnées des fondations et collations.
Devant l'autel le curé présente son brevet. Prieur recteur, Mre Pierre Richard. Prêtres : Pierre Choblet, Julien Durand. Fabriqueurs de l'an passé : Charles Bariteau, du Bourg, et Antoine Sauvaget, d'Izereau. Témoins synodaux Michel Durant et 11 autres.
Obligations du prieur : administrer les sacrements ; messes, vêpres tous les dimanches et jours de fêtes ; faire le catéchisme à la 1re messe, le prône à la grande ; trois messes par semaine, les dominicales comprises ; l'office entier aux quatre grandes fêtes de l'année et à la fête du patron ; de plus chanter matines, laudes, grand'messes, vêpres, complies et salut tant pendant l'octave du Saint-Sacrement que pendant les 3 jours du carnaval, aux prières des quarante Heures, sans obligation, mais par dévotion.
Chapelle domestique en la maison noble de l'Epinaye ; bon état, garnie d'ornements fors le calice; fondée par dlle Jeanne Charbonneau ; 50 livres de rentes payées par les héritiers ; deux messes par semaine, l'une le dimanche, l'autre aux jours de fêtes, s'il se trouve un prêtre ; bénéficiaire, julien Durand.
Légats (legs) fondés en la dite église :
1° Celui par deffunt Mre Jacques Louer, vivant prêtre prieur recteur de ce lieu, fondé de 18 livres 15 sols sur les héritages de Jacques Dugast du bourg, charge de 17 messes basses par an, savoir dans l'octave du Saint-Sacrement, et une par mois, acquittées par le vicaire.
2° Un service d'autant de messes qu'il y a de prêtres le dimanche dans l'octave de l'Assomption et une messe chantée le jour de la feste de S. Julien et de S. Augustin, fondés par feu Julien Renaud ; fonds : une rente de 5 livres sur une pièce de terre à la Seigneurtière, en Vieillevigne.
3° Quatre anniversaires à jours non limités, fondés par Bugeau et Gorron Mary ; 28 livres de rente.
4° Deux autres services fondés par Epiphane Vinet, l'un le dernier jour de mai ; l'autre 15 jours après.
5° Un service et une messe par mois, fondés par Catherine Bouron ; 9 livres.
6° Deux services annuels par feu M. Jacques Durand, pr. recteur.
7° Quatre services par Jean Sorin, pendant 10 ans.
La fabrique est obligée de plus de faire faire un service tous les premiers dimanches du mois et le jour des quatre festes annuelles et le lendemain Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël, payés par la boette qui court par l'église.
Confréries : le Rosaire, mais sans statuts, sans prévots fixes ; fait dire à cette intention tous les premiers dimanches du mois une messe chantée à l'autel du Rosaire et aux festes de la Sainte Vierge.
Quatre anniversaires pour les défunts le lendemain de la Purification, l'Assomption et la Nativité ; Provost, Jacques Coutaud, Jean Grollaud.
Représentations : 1° des paroissiens sans la permission du recteur portent leurs enfants baptiser en les paroisses voisines et même hors du diocèse ; 2° que contre les défenses faictes par les précédentes visites du seigneur évesque, plusieurs paroissiens etoient encore assez téméraires pour continuer contre la charité chrétienne de faire en certains temps de l'année des charivaris scandaleux et injurieux avec des chaudrons, poelons, tambours et autres instruments de grand bruit aux veufiers et aux veufves qui se remarioient une seconde fois ; 4° les provost du Rosaire sont exempts de par l'évesque de présenter leurs comptes aux visites."
Le procès-verbal se termine par ce détail tout intime :
"Le samedi dans la soirée l'archidiacre se préparait à se rendre à Vieillevigne, accompagné du prieur de Saint-André et de son vicaire, mais il ne put le faire que très tard, retenu qu'il fut par une forte "colique". En passant il vit la chapelle de Sainte-Marguerite de l'Ecorce qu'une équipe d'ouvriers était en train de carreler : chapelle bien propre, petite, pourvue."
L. Périot remplaça Pierre Richard comme prieur-curé de Saint-André-Treize Voies. Son premier acte est du 31mars 1687, ses derniers sont de la fin de 1707.
Il eut successivement pour vicaires :
François Abbin (février 1688-décembre 1688).
Jean Desbois (janvier 1689-mai 1694).
J. Lechuin (1694).
P. Bizet (juillet 1694-commencement 1696).
J. Renaud (1700).
P. Sauvaget enfin, que l'on retrouve depuis 1704 jusqu'à sa mort 1751, et qui mérite d'être compté parmi les curés de la paroisse.
P. Sauvaget, qui paraît être fils d'Antoine et de Catherine Le Sens, se fit prêtre et résida toute sa vie à Saint-André comme prêtre habitué, habitant ordinairement sa maison d'Izereau.
Après le départ de M. Périot, il exerça les fonctions de recteur-prieur, et quoiqu'il n'en porta jamais le titre, nous le voyons à peu près seul transcrire les actes de catholicité de 1708 à 1713. On le retrouve encore assez souvent pendant les trois années qui suivent, puis de plus en plus rarement jusqu'à sa mort. Il mourut à Izereau, âgé de soixante-dix-huit ans, le 19 octobre 1751.
Guillaume Rogier prend le titre de "prêtre tenant la place du prieur" pendant les années 1713 et 1714; à partir du 4 janvier 1715, il est bien "le prieur" de la paroisse.
Suivant une pièce du 6 octobre 1736, M. Rogier mourut en 1736, et sa succession, ayant été abandonnée, revint au seigneur de Vieillevigne, à l'exception de ce qui fut payé à Mathurin Poland, son créancier.
Ce fut sous M. Rogier que le seigneur de la Grelière, André-Louis Le Geay, fit plusieurs legs à l'église et aux pauvres de la paroisse de Saint-André par testament passé à Luçon, le 4 juin 1730: Citons seulement la disposition suivante :
"Je donne mon habit de drap glacé argent, avec la veste, à l'église paroissiale de Saint-André-Treize-Voix." (Soc. d'Emulation de la Vendée, 1878, p. 228.)
François Hory prit possession du prieuré et de la cure, le 2 mars 1738, et resta à Saint-André jusqu'en 1744, époque à laquelle il devint chanoine de N.-D. de Nantes. Il eut pour vicaires :
N. Sondaine (1738).
J. Farely (1739).
O. Hegerty (nov. et déc. 1739).
M. Lehoux (1740).
Godeau (juillet 1740-janvier 1745).
Jean-Baptiste Fleriau (avril 1741-novembre 1744).
Barrette (nov. 1741-1742).
Jean Duval. "Le 18 octobre 1744, noble, vénérable et discret Messire Jean Duval, ancien chanoine de l'église collégiale de Notre-Dame de Nantes, a pris possession de cette cure, ayant permuté son canonicat avec noble, vénérable et discret Messire François Hory, prieur-recteur de cette paroisse." Il mourut le 15 février 1750 et fut enterré dans son église paroissiale le lendemain. Il eut pour vicaires :
J.F. Gleus (novembre 1744-juillet 1745).
Ch. de Mirel (1746).
N. Guillaume (1748).
René Le Roy (1750).
Jean-Baptiste Serin, qui s'intitule d'abord "vice-gérant", le 5 mars 1750, parait comme prieur-curé à partir du 6 mai suivant. Sa dernière signature est du 19 juin 1753.
On trouve avec le titre de vicaire M. Gault, en 1750, puis comme prêtres J. Legrand, en 1752, et M. Janvier, en 1753.
Charles Maray, qui était curé de Saint-Hilaire-la-Forest, fut nommé à Saint-André, le 8 juillet 1753. Il mourut dans son presbytère à l'âge de cinquante-deux ans, le 15 mai 1762, et fut enterré le lendemain. Sa tombe se trouve encore dans le cimetière, à côté de la croix. La pierre qui la recouvre à fleur de terre porte d'un côté une étole et de l'autre l'inscription suivante :
"Ci gist le corps de M. Charles Maray, prêtre P. de ce lieu, décédé le 16 mai 1762. Priez Dieu pour lui."
M. Maray fit aboutir un de ses plus chers désirs et de ceux de ses paroissiens en dotant son église de deux cloches nouvelles, ainsi que l'atteste l'acte suivant :
"Le 7 octobre 1755, ont été benittes les cloches de la paroisse de Saint-André de Treize Voix. A été parrain de la première, Mre César-Nicolas-Guillaume de Martineau, seigneur de la Chevrattière, la Roussière, la Barboire et autres lieux, et a été marraine haute et puissante Charlotte - Marguerite –Julie Chevalier, épouse de haut et puissant Alexandre de Goulaine, seigneur du Retail (Legé), les Mesliers, la Garde ; a été parrain de la seconde, Messire Charles Maray, prieur-recteur de cette paroisse, et marraine Dlle Françoise Bonnisseau,veuve de noble homme maître René Girard,vivant sieur de la Vrillière ; la cérémonie ayant été faite par très vénérable et très discret Messire Paul Michenot, prêtre, curé de la Grolle, en vertu des pouvoirs à lui accordés par M. l'abbé de Mazières, vicaire général de Monseigneur l'évêque de Nantes, qui a signé ;
P. M1CHENOT."
M. Maray eut pour vicaire l'abbé André Vinet qui paraît sur les registres à partir du 8 septembre 1753, et qui mourut âgé seulement de trente ans, le 2 février 1756.
M. Vinet eut pour remplaçant M. J. Buaud, qui prit le titre de "vice-régent" entre la mort de M. Maray et la nomination de son successeur. Son dernier acte comme vicaire est du 27 juin 1784.
Joseph Le Quimener, né en 1728, paraît pour la première fois comme recteur de Saint-André-Treize-Voies le 22 juin 1762. Il l'était encore en 1791. Il est également désigné comme bénéficier du prieuré de Saint-Haiennent (c'est-à-dire de Saint-André), de l'ordre de Saint-Augustin, qui lui donnait un revenu de 677 livres.
Voici sur ce prêtre la notice que lui consacre M. l'abbé Baraud dans son livre sur le Clergé vendéen victime de la Révolution (tome 1er, page 268) :
"M. Joseph Lequimener, né à Mesquer (Loire-Inférieure), et ancien vicaire de Vieillevigne, était curé à Saint-André-Treize-Voies, lorsque vinrent à éclater les événements de 1793. Il refusa le serment, ainsi que son vicaire, M. Peigné. Ayant été dénoncés tous deux par le district de Montaigu (lettre du 6 février 1792), M. Lequimener se réfugia dans sa paroisse natale. Mais les pourvoyeurs de Carrier surent découvrir sa retraite et aussitôt fut pris un arrêté pour s'emparer de sa personne.
"Le 3 janvier 1792, le Directoire du District, instruit que le sieur Lequimener, prêtre réfractaire, résidant à Mesquer, ne cesse d'écarter (ses paroissiens) par sa présence du culte salarié de la nation et de susciter des insultes et des menaces au curé constitutionnel du lieu, et considérant que la municipalité de Mesquer ne s'est pas mise en devoir de faire exécuter à son égard l'arrêté du conseil du département du 9 décembre dernier, et sur ce, ouï le procureur-syndic, arrête que le sieur Lequimener sera conduit au chef lieu du département et qu'en conséquence M. le commandant du bataillon de Mayenne-et-Loire sera requis de commander vingt-cinq hommes de sa troupe pour se saisir de sa personne. Un procès-verbal du commandant de ce détachement, du lieutenant de grenadiers Bernard, atteste l'arrestation du recteur, trouvé fuyant avec un sac de peau garni d'effets et porté par son soi-disant neveu, une perquisition amenant la découverte, dans sa maison, d'un autel pour célébrer les offices, et l'enlèvement immédiat de la pierre sacrée, de canons d'autel et de quatre livres de piété."
L'officier termine en disant : "Nous l'avons conduit, ainsi que son prétendu neveu, à Guérande, dans le corps de garde, pour y rester jusqu'à la réclamation du Directoire85. ( Arch. municipales de Guérande.)

Vers la fin de son séjour à Saint-André, M. Lequimener inscrivait la note suivante à la fin de son registre de l’année 1789 : "Fin de l'année mil sept cent quatre-vingt-neuf, froid pendant deux mois horrible, poissons de mer et d'eau douce, tout à périt, vignes, etc..."
La nature elle-même semblait faire présager le souffle révolutionnaire qui devait bouleverser si terriblement les provinces de l'Ouest et la paroisse de Saint-André en particulier. Dès le mois de juillet 1791, la persécution arrivait à Saint-André et le pasteur légitime était chassé de son presbytère et remplacé par un prêtre intrus.
Pendant son ministère, M. Lequimener avait d'abord été aidé par M. Buaud, puis ensuite par son neveu, Jean-Baptiste Lequimener (17 août 1784-18 septembre 1788)86, et enfin par l'abbé Antoine Peigné, qui signe depuis le 21 janvier 1789 jusqu'au mois de juin 1791.
Voici les notes de M. l'abbé Baraud sur ce dernier (loc. cit., p. 318).
"M. Peigné, originaire de la Chapelle-Basse-Mer (diocèse de Nantes), ordonné prêtre en 1788, fut vicaire à Saint-André-Treize-Voies pendant quelques années. Au moment de la Révolution, ne voulant pas accepter la Constitution civile du clergé, il fut dénoncé par le district de Montaigu, le 6 février 1792, et demeura encore à Saint-André jusqu'au 13 juin. Alors il alla se cacher dans sa paroisse natale et y vécut dix mois ignoré des révolutionnaires et espérant leur échapper. Mais il fut bientôt arrêté à la Guyonnière chez Mme de la Gournerie, le 19 février 1793, et envoyé à la prison des Carmélites de Nantes.
Les privations et les mauvais traitements que ce prêtre y endura altérèrent profondément sa santé. Aussi quand, le 11 mars, il fut interné à la Permanence, son cerveau était malade et deux mois après il avait complèment perdu l'esprit.
Il fut envoyé au Sanitat le 18 mai, où il mourut après quatre mois de détention,"
Les registres de la paroisse de Saint-André déposés au greffe de la Roche-sur-Yon donnent les dernières signatures de M. Le Quimener et de M. Peigné au mois de juin 1791.
Cosme-Damien Rapicau, prêtre, curé constitutionnel de la paroisse de Saint-André, baptise pour la première fois, le 27 juillet 1791. Considéré comme schismatique par la presque totalité de ses paroissiens, il ne fut aucunement regretté au moment de sa mort qui arriva peu après. Dans les archives de la mairie on trouve son acte de sépulture ainsi rédigé
Le 28 septembre 1792, a été inhumé dans le cimetière de ce lieu, par moi curé soussigné, le corps de Cosme-Damien Rapicau, curé de cette paroisse, décédé la veille, âgé d'environ 65 ans, en présence de MM. Bomier et Delmossé, curé de Mormaison et Vieillevigne, et autres habitants qui ont signé avec nous." Suivent les signatures de Dubucquois, curé de l'Herbergement ; Bommier, curé de Mormaison, et Delmosé, de Vieillevigne, tous prêtre jureurs.
Les deux premiers, amis personnels du défunt, le remplacèrent pendant quelque temps. On trouve aussi, à partir du 17 octobre 1792, plusieurs actes rédigés par un Rapicault, curé de Mézeray, et fils du prêtre jureur de Saint-André.
Le registre de 1792 est clos par
M. Maroilleau, curé constitutionnel de Saint-André, signe les registres à partir du 2 décembre 1792. Ce prêtre ne resta guère plus de trois mois dans la paroisse.
Né à Talmont, le 13 novembre 1765, il fut nommé, en juillet 1790, vicaire des Brouzils. Ayant prêté serment, ses paroissiens indignés le chassèrent et le poursuivirent de leur huées jusqu'aux landes de Corprais. En compensation, les patriotes et l'assemblée électorale de Montaigu l'élurent, le 5 mai 1791, curé constitutionnel de Saint-Georges-de-Montaigu, où il fut installé le 24 juillet suivant. Très mal accueilli dans sa nouvelle paroisse, il faillit être lapidé et ne fut maintenu à son poste que par les autorités républicaines jusqu'au 21 novembre 1792. Il passa de là à Saint-André87.
A l'abolition du culte, Louis Maroilleau se retira à Montaigu, où il devint membre du Comité révolutionnaire du district et fut spécialement chargé de faire partir les jeunes gens pour l'armée. Le poste n'était pas sans danger, et, un jour, meurtri de coups, il se réfugia à Fontenay pour échapper à la mort. Il venait de rentrer à Montaigu, lorsqu'au mois de mars 1793, il fut fait prisonnier par les Vendéens.
Il subit une captivité de huit mois et fut délivré avec les autres prisonniers républicains en faveur desquels Bonchamps blessé agit d'une manière si touchante, au moment du passage de la Loire. Maroilleau se retira alors à Nantes. Se trouvant dans une grande gêne, il adressa, le 24 frimaire, une pétition au département de la Loire-Inférieure "tendant à obtenir un secours de 200 livres pour aider à sa subsistance, jusqu'à ce que sa santé et les circonstances lui permettent de rentrer dans sa paroisse". Il reçut le secours demandé, mais n'osa pas sans doute retourner à Saint-André, car le 23 germinal au II, nous le voyons à Poitiers, d'où il écrivit aux administrateurs du département de l'Ouest, à Fontenay, pour réclamer une nouvelle allocation.
Il fait valoir que sa détention lui a occasionné de longues maladies et il prétend que lors de la prise de Montaigu par les brigands il fut laissé pour mort, pendant dix heures, percé de vingt coups de baïonnettes. Il atteste que sur son traitement de 1500 livres, qu'il devait recevoir comme curé de Saint-André, il n'a touché qu'un secours provisoire de 200 livres. Enfin, il fait observer qu'il a renoncé aux fonctions de son état.
Un mois après, n'ayant reçu aucune réponse, il adresse une nouvelle réclamation infructueuse et il demande qu'on le mette sur le tableau des prêtres qui ont renoncé à leur état.
Le 6 messidor, il envoie encore une autre lettre qui n'a pas plus de succès, et il déclare qu'il ne vit que d'emprunt.
Le gouvernement n'avait pas encore fait droit à ses réclamations lorsque Bonaparte rétablit la liberté du culte en France.
M. Maroilleau reconnut alors ses erreurs et il les rétracta. Après cette soumission, Mgr Bailly, évêque de Poitiers, proposa sa nomination à l'approbation du premier consul, le 14 fructidor an XI, et il lui donna le poste de curé de Viennay, près de Parthenay. Mais le désir de M. Maroilleau était de retourner dans son diocèse d'origine. Il obtint cette satisfaction en 1811 ; Mgr Paillou, évêque de la Rochelle, le nomma à la cure de Jard, où il mourut le 22 octobre 1816.
Voici comment fut rédigé son acte de décès
"Le 24 octobre 1816, a été inhumé par moi, curé soussigné, le corps de M. Louis Maroilleau, prêtre, desservant de Jard, Saint Vincent et Saint-Hilaire la-Forêt, âgé de cinquante-cinq ans environ, en présence des soussignés Daniel, curé de Talmont, Terrien, desservant à Avrillé." (Reg. paroissiaux de Jard.)
Durant toute la période révolutionnaire, les pieux habitants de Saint-André-Treize-Voies furent obligés d'avoir recours aux prêtres insermentés des paroisses voisines..Pourtant leur vicaire, M. Peigné, resta encore quelque temps caché parmi eux et nous le voyons faire un baptême le 13 juin 1792, ainsi que l'atteste un registre reconstitué, en 1803, par M. Valton, et dans lequel on a transcrit après plusieurs mois et même plusieurs années les actes de baptêmes, de mariages et de décès, dont le souvenir n'avait pas été oublié.
Voici les noms des prêtres marqués sur ce registre, comme ayant administré les sacrements dans la paroisse de Saint André-Treize-Voies.
1792. Baptêmes à la maison par M. Amiaud, vicaire à Saint-Sulpice-le-Verdon ; Mitrecey, le célèbre curé de la Grolle ; Peigné, vicaire à Saint-André. Baptême par un laïque revalidé neuf mois après par M. Vacquet, prêtre caché en Boufféré. On trouve aussi la signature de Mangeard, prêtre.
1793. Les prêtres dont il est fait mention sont : MM. Amiaud, curé de Mormaison et vicaire de Saint-Sulpice ; Bizeul, vicaire de Vieillevigne, qualifié de dangereux propagateur des principes contre révolutionnaires88 ; Vinet, le vénérable curé de Saint-Sulpice ; Bertin, vicaire de Château-Thébaud ; Hervouet, vicaire de Bouaine ; Mitrecey, curé de la Grolle ; Vacquet, curé de Boufféré.
1794. Cette année nous donne les noms de MM. Hervouet, Mitrecey, Amiaud, Bizeul et Goillandeau, prêtre des Brouzils.
1795 96-97. MM. Amiaud, Bizeul et Maneuvrier, vicaire de Viellevigne.
1798 et 1799. M. Bizeul est presque le seul prêtre auquel ont recours les habitants de Saint-André.
1800. MM. Mitrecey, Graton, curé de Mormaison ; de Buor, curé de Boufféré ; Goillandeau, prêtre, des Brouzils.
1801. Souvent M. Savin, curé de Rocheservière.
1802. A partir du mois d'avril de cette année jusqu'au mois de février 1804, on trouve presque toujours M. Gratton, curé de Saint-Sulpice-le-Verdon.
En voyant tous ces noms, on serait tenté de croire qu'il n'y avait pas encore de pasteur à Saint-André. II n'en était rien. Depuis un certain temps déjà, depuis le Concordat du moins, la paroisse avait un curé qui lui était propre, mais sur le ministère duquel on n'a conservé aucun détail. Ce curé s'appelait Augustin Minguet ; il était né à Saint-André et avait exercé le ministère dans le diocèse de Nantes. Pendant la Révolution, il était venu se réfugier dans sa famille. M. l'abbé Baraud (loc. cit. t. III, p. 120) dit qu'il y a "incertitude sur le pays et le jour de sa mort". Sur ce point nous pouvons renseigner nos lecteurs. A la mairie de Saint-André ainsi qu'au presbytère, nous avons trouvé son acte de décès qui lui donne le titre de curé ou recteur de la paroisse.
Voici en quels termes est écrit l'acte en question sur les registres de catholicité du presbytère : "Le 8 mars 1803, a été inhumé le corps de M. Augustin Minguet, prêtre, recteur de céans, décédé au village d'Izereau, lieu de sa naissance, âgé d'environ 65 ans, fils de feux Etienne Minguet et Marie Droué ; ont été présens à la sépulture Augustin Minguet, Jacques Choblet, soussignés et autres. Signé R. Valton, prêtre."
René Valton. Ce prêtre était né le 27 janvier 1759, à la Bruffière. Il arriva à Saint-André vers la fin de février 1803 et signa son premier baptême le 11 mars suivant.
A peine installé dans sa paroisse, M. Valton s'occupa de recueillir soigneusement et d'enregistrer les baptêmes faits çà et là pendant la tourmente. Il en fit un long recueil auquel il donna pour titre : "Registre des baptêmes qui n'avaient pas été enregistrés, ou dont les enregistrements ont péri dans la Révolution depuis 1791, pour la paroisse succursalisée de Saint-André-de-Treize-Voies, jusques à 1803 exclusivement."
Ce recueil contient la liste de plus de deux cents baptêmes administrés par des prêtres étrangers à la paroisse ou par des laïques ; pour ces derniers les cérémonies étaient suppléées plus ou moins tard par quelque prêtre des environs. En deux circonstances seulement le supplément de cérémonies fut fait par un prêtre constitutionnel, le sieur Rapicault, au mois de juillet 1791 et au mois de septembre 1792. Comme on le voit, le pasteur intrus ne jouissait pas à Saint-André d'une grande considération et il y avait de longs loisirs, Les paroissiens fidèles préféraient faire plus de chemin et courir toutes sortes de dangers pour trouver un prêtre digne de leur confiance. Assez souvent le baptême se faisait le jour même ou le lendemain de la naissance, à Vieillevigne, à la Grolle, à Mormaison ou à Saint-Sulpice, ce qui nous indique que les prêtres fidèles résidaient habituellement dans ces diverses paroisses ; en même temps, on ne peut s'empêcher de constater le courage des paroissiens de Saint-André, qui s'exposaient à tout afin de procurer de bonne heure le baptême à leurs enfants nouveau-nés.
A partir de 1795, les dangers devinrent sans doute moins grands et le pays fut plus tranquille, car les baptêmes furent dès lors accompagnés de toutes les cérémonies ordinaires.
M. Valton resta peu de temps à Saint-André, neuf ou dix mois environ, et fut nommé à la Boissière-de-Montaigu.
Voici sur M. Valton quelques notes recueillies çà et là :
Les Chroniques paroissiales (tome 2, p. 289) lui consacrent les lignes suivantes : "René Valton. Né à la Bruffière, ordonné le 19 décembre 1785, vicaire de Carquefou ; emprisonné, déporté en Espagne, le 10 septembre 1792 ; y exerça le métier de tailleur pour gagner sa vie. Il administra la paroisse de la Boissière du 13 janvier 1804 au 5 octobre 1812 ; curé de la Rabatelière en 1816 ; démissionnaire en 1838, mourut à Montaigu, où il s'était retiré."
M. le docteur Mignen dit à son tour dans sa chronique des Paroisses, églises et cures de Montaigu (p. 134) :
"En 1837, le conseil municipal (de Montaigu) alloua une somme de 300 francs à M. René Valton, précédemment curé de la Rabastelière de 1816 à 1837, qui résidait à Montaigu comme prêtre habitué.
Ce prêtre, né à la Bruffière le 27 janvier 1759, de René et de Louisa Chevalier, mourut à Montaigu le 26 octobre 1844, agé de quatre vingt cinq ans, léguant aux pauvres de Montaigu une rente de 77 francs en titres à 4 ½ pour cent."
François-Aubin Le Poupet. Ce prêtre, originaire du diocèse de Coutances, était né le 17 mars 1774. En feuilletant les registres écrits de sa main, on remarque que ce curé n'était pas toujours très familiarisé avec la langue française ; il féminisait facilement les noms communs et même les noms propres. Ainsi il écrivait: cette diocèse ; Jantet, Jantette ; Chevalier, Chevalière ; Martin, Martine.
Comme pour M. Valton, nous n'avons aucun renseignement sur le ministère de M. Le Poupet, qui fut cependant plus long et dura, d'après les registres, depuis la fin de décembre 1803 jusqu'à la fin de mars 1812.
Depuis cette dernière date jusqu'au mois de juin 1813, Saint-André n'eut sans doute pas de curé, car durant ces quatorze mois les registres ne donnent aucun acte. Il est à croire que dans cet intervalle les baptêmes et peut-être même les mariages se faisaient dans les paroisses voisines.

Hardy. Il fut curé de Saint-André du 10 juin 1813 au 3 juin 1814. A peine installé, il bénit trois mariages le même jour, le 21 juin 1813. Ce prêtre ne fit que passer à Saint-André, car il n'y resta qu'une année. Peut être était-il déjà vieux ou maladif ; du moins l'examen des registres le ferait supposer. On y voit, en effet, à partir du 26 septembre 1813, que tous les actes ne sont plus que signés de M. Hardy et que tout le reste a été écrit d'une autre main. Deux actes sont signés Cousin. On peut présumer que ce Cousin était peut-être l'instituteur qui se faisait ainsi le secrétaire du curé et du maire.
Jean-Pierre-Hortaire Damoville (4 juin 1814-28 août 1820). Il était né le 15 avril 1783, à Vesty, dans la Manche et avait été ordonné prêtre à la Rochelle, le 4 juin 1814. Il fut aussitôt placé à Saint-André. Sous son ministère, le préfet de la Vendée, M. Rogniat, autorisa, le 5 mars 1819, le maire de Saint-André-Treize-Voies à accepter pour la fabrique un legs de 300 francs, fait à cette dernière par dame Jeanne-Angélique-Thérèse Choblet, épouse du sieur René Blais.
M. Damoville fut plus tard curé de Jard de 1820 à 1828, puis de Nieul-le-Dolent.
Lecoq (1er octobre 1820-15 octobre 1823). Ce prêtre n'était probablement pas d'origine vendéenne. Il ne resta que trois ans à Saint-André. Il signa son dernier acte de baptême le 13 octobre 1823.
Après M. Lecoq, la paroisse resta sans curé jusqu'à la fin de juin 1825. Dans cet intervalle, le service religieux fut fait simultanément par M. Véneri, curé de Boufféré, et par M. Heullin, curé de Saint-Sulpice. En rédigeant les actes de baptême, M. Véneri note toujours que la cérémonie a été faite dans l'église de Boufféré ; M. Heullin, au contraire, ne donne pas la mention du lieu. Notons aussi en passant que, contrairement à tous ses confrères qui se désignent sous le nom de desservants, M. Véneri signe toujours en mettant le titre de curé. Sans doute que pour lui ce mot de desservant rappelait un peu trop quelques-unes des idées amenées par la Révolution.

"L'an mil huit cent vingt-cinq, le premier mars, le Conseil municipal de Saint-André-Treize-Voies, a délibéré sur l'échange du presbytère actuel contre l'ancien presbytère appartenant présentement à M. Rayneau.
D'après l'évaluation des experts, MM. Douillard, l'ensemble de la maison Rayneau vaut 5.900 fr. et celle de la commune 2.800 fr. C'est donc 3.100 fr. que la commune devra payer en retour d'échange."

Jean-Louis. Piveteau (1er juillet 1825-20 décembre 1842). Ce prêtre resta curé de Saint-André plus de dix-sept ans. Aucun autre n'avait fait un aussi long stage depuis la Révolution.
Sous M. Piveteau, la fabrique de Saint-André reçut deux ordonnances royales en sa faveur.
Par la première, datée du château de Saint-Cloud, le 5 octobre 1825, Charles X autorisa le trésorier à accepter un legs de 400 francs fait par dame Marguerite Michaud, veuve du sieur Bertin, de Bois-Joly.
Par la seconde en date du 1er mars 1829 ; le même Charles X autorisa également l'acceptation d'un legs de 420 francs, fait par Madeleine Brochard, épouse du sieur Douillard, décédée aux Arcis.
Voici encore quelques autres faits notables sous le ministère de M. Piveteau.
Le 6 octobre. 1830, Mgr Soyer accorda à M. Benjamin Gouraud, supérieur du Séminaire, le pouvoir d'ériger le Chemin de la Croix dans l'église de Saint-André, avec toutes les indulgences attachées à cette dévotion. Cette érection fut faite le 10 du même mois, en présence des principaux paroissiens qui signèrent le procès-verbal.
Au mois d'avril 1833, une cloche fut placée dans le clocher ; c'est la plus grosse des deux qu'on voyait dans l'ancienne église. Voici l'inscription qu'on lisait tout autour :
"J’ai été nommée Rose-Françoise par M. Sauvaget François-Sébastien, parrain, et par Dme Luneau, née Rose-Jeanne Sauvaget, ma marraine. Alors étaient maire, M. Luneau Alexis ; curé, M. Piveteau Jean-Louis ; trésorier, M. Choblet Eugène-Etienne ; MM. Gris François-René, Brenon Pierre, Bujeau François-Etienne, Gaudemerre Pierre. marguilliers.
Fondue par Voruz frères (Nantes), avril 1833."
Vers cette époque la paroisse de l'Herbergement, qui était déjà séparée de fait de celle de Saint-André, fut canoniquement distraite par des actes authentiques. Le 26 mars 1840, une ordonnance royale avait érigé l'Herbergement en succursale. A son tour, Mgr Soyer rendait aussi une ordonnance, le 7 avril suivant, pour autoriser cette séparation.
Dans la tradition populaire, M. Piveteau a laissé le souvenir d'un prêtre tout plein de dignité sacerdotale ; ses paroissiens avaient pour lui un grand respect, ce qui ne les empêchait pas de l'aimer aussi comme un père. Malheureusement, M. Piveteau n'était guère favorisé au point de vue de la santé et le courage dut suppléer plus d'une fois aux forces languissantes. La dernière année de sa vie, il eut beaucoup de peine à remplir les fonctions de son ministère De mai en décembre 1842, il ne put même pas rédiger les actes des Registres qui sont écrits et signés par une autre main. La rédaction en est faite le plus souvent par M. Allain, qui signe prêtre délégué.
M. Piveteau mourut dans les derniers jours de décembre 1842 et fut inhumé dans le cimetière de la paroisse. L'acte de sa sépulture ne fut point dressé dans les Registres, mais des vieillards se rappelaient encore, il y a quelques années, avoir assisté à la cérémonie funèbre. Le seul monument qu'on mit sur le tombeau de ce digne prêtre fut une vieille pierre tombale qu'on roula au-dessus de ses restes mortels.
Jacques-Jean-Baptiste Lory (12 février 1843-12 mars 1849). Originaire de Challans, M. Lory était issu d'une famille bien connue dans cette petite ville et très estimée encore aujourd'hui91. Il arriva à Saint-André le 12 février 1843, après avoir été vicaire de la Roche-sur-Yon92, puis curé de Pouillé, où il succéda au trop célèbre Guicheteau, et curé de N.-D du Bourg-des-Herbiers de 1832 à 1839. C'était un homme d'un caractère très doux et des témoins se rappellent encore avec quelle bonté excessive il reprenait les enfants du catéchisme qui abusaient souvent de sa mansuétude. Naturellement la douceur du nouveau curé ne tarda pas à lui attacher tous les coeurs.
Quelques mois après son arrivée, M. Lory eut la douleur d'assister à la mort d'un prêtre, jeune encore, et originaire de Saint-André. Ce prêtre se nommait M. Alexis-Jean-Baptiste Fonteneau. Né à la métairie de la Mazure, le 3 septembre 1811, il avait été vicaire de Saint-Hilaire-de-Talmont, puis curé de Treize-Vents de 1837 à 1842. Forcé par la maladie de donner sa démission, il s'était retiré chez sa soeur, Rose Fonteneau, mariée à Guillaume Brenon, au Logis de la Grelière. C'est là qu'il mourut le 29 janvier 1844.
Le 17 avril de cette même année, M. Lory, avec le concours d'un religieux jésuite, érigea à nouveau dans l'église les stations du Chemin de la Croix. Dans sa lettre autorisant cette érection, Mgr Soyer voulut faire une faveur à la paroisse de Saint-André. "J'accorde, écrivait il à M. le curé quarante jours d'indulgence à toutes les personnes qui feront leur prière du matin ou du soir, ou qui réciteront trois Pater et trois Ave, devant la croix que vous désignerez parmi celles, en grand nombre, qui sont élevées sur votre paroisse. Je vous engage à choisir, pour jouir de ce privilège, la croix qui vous paraîtra la plus convenablement placée pour attirer vos fidèles paroissiens"
Ainsi que le remarquait Mgr Soyer, les croix étaient alors nombreuses sur le territoire de Saint-André. Elles ne le sont pas moins encore aujourd'hui. Chaque village a sa croix, et il n'est presque pas de carrefours, dans les chemins, qui ne montrent aux voyageurs le signe sacré.
A moins d'un kilomètre de distance, le bourg de Saint-André est entouré de sept à huit croix et il y en a encore autant sur la route de l'Herbergement à Vieillevigne, qui traverse la paroisse pendant à peine une lieue.
Parmi ces dernières, il y en a une dont il ne reste plus que des débris recouverts d'épines ; mais le propriétaire la traite comme une relique sacrée et il se garde bien d'y toucher quand il coupe son buisson. A cette croix s'attache une coutume de temps immémorial. Chaque fois qu'un cortège funèbre passe en cet endroit, un parent ou un ami du défunt ne manque jamais de planter au pied une minuscule croix de bois faite de deux petites baguettes. Cet usage se remarque également pour beaucoup d'autres croix dans la contrée.
Quelle est la véritable raison de cette pieuse coutume ? Il serait bien difficile de le dire ; mais il ne peut y avoir là qu'un acte inspiré par une bonne et sainte pensée. C'est au moins un touchant souvenir de l'âme qui vient de partir pour l'éternité et qui ne voudrait pas être oubliée de ceux qu'elle a quittés ; c'est comme une prière continuelle que cette âme adresse à Celui qui mourut sur une croix pour la sauver.
De toutes les croix érigées çà et là dans la paroisse de Saint-André-Treize-Voies, les plus remarquables, après le beau calvaire élevé à l'entrée du bourg, sont la croix de la Mazure, celle de la croix Manchevérault, celles de la Petite-Roche, de l'Andoussière, de Belle-Vue, de la Chagnaie, d'Izereau et de la Ronde. Cette dernière, beau monument en granit, remplace très avantageusement une vieille et modeste croix de bois qui montrait encore, il y a cinquante ans, les marques sacrilèges des coups de sabre qu'elle avait reçus des soldats de la Révolution. Il est vraiment fâcheux que cette précieuse relique n'ait pas été soigneusement conservée. Elle aurait bien rappelé ce passé où les habitants de Saint-André étaient si vaillants pour défendre leur foi.
C'est sous M. Lory que nous voyons pour la première fois un évêque à Saint-André. Mgr Baillés y fit sa première visite le 14 septembre 1847 et donna la confirmation à cent soixante douze personnes.
Quelques semaines plus tard, le même évêque revenait à Saint-André pour bénir une seconde cloche. C'est ce que nous apprend le procès-verbal suivant de la cérémonie :
"L'an mil huit cent quarante-sept et le 28 octobre, fête des saints Apôtres Simon et Jude, l'Illustrissime et Révérendissime Père en Jésus-Christ, Mgr Jacques-Marie-Joseph, évêque de Luçon, après avoir célébré, dans l'église de Saint-André-Treize-Voies, les saints mystères, au milieu d'une affluence considérable de fidèles, dont un grand nombre se sont approchés de la Table Sainte, et après avoir exposé, dans une courte allocution, l'objet pour lequel il s'était transporté dans la paroisse, a béni solennellement, suivant les rites et cérémonies du Pontifical romain, une cloche nouvellement fondue par M. Voruz, de Nantes, à l'usage de la susdite église de Saint André-Treize-Voies, et aux frais de la fabrique de la même église, du poids de trois cents kilogrammes. Le parrain a été M. Pierre Guichet, propriétaire, et la marraine Mme Marie Minguet, l'un et l'autre de la dite paroisse de Saint-André, qui ont imposé à la cloche les noms de Marie-Pierre-Jacques-Joseph." Suivent les signatures.
Le fondeur avait gravé cette inscription :
"J'ai été baptisée par Monseign. l'illustris. et révérend. Jacques-Marie Joseph, évêque de Luçon. Je me nomme Marie-Pierre-Jacques-Joseph. J'ai eu pour parrain M. Pierre-François Guichet et pour marraine Mlle Marie-Françoise Minguet. M. L.-A. Guichet, trésorier de la fabrique ; L. Normand, président du bureau ; J. Vincent, secrétaire ; P. Minguet, président du Conseil ; L. Tenaud, secrétaire. M. l'abbé Lory, curé."
"Fonderie de J. Voruz aîné (Nantes), Septembre 1847."
Le 12 mars 1849, le doux et pieux pasteur, M. Jean-Baptiste-Jacques François Lory, rendait son âme à Dieu, muni de tous les secours que la sainte Eglise donne à ses enfants mourants. Il fut inhumé le surlendemain. Un nombreux clergé venu de tous les environs assistait à ses funérailles, avec toute la paroisse qui, par son empressement, sa tenue et ses larmes, montrait bien la reconnaissance qu'elle avait pour le saint prêtre qu'elle venait de perdre, après seulement six ans de ministère au milieu d'elle.

Edouard Goubant ( 2 avril 1849 au 25 février 1857). Ce nouveau curé était né, en 1809, à Saint-Juire-Champgillon et avait occupé pendant quelques années le poste de Saint-Cyr-des-Gâts.
Quelques mois après l'arrivée de M. Goubant, la paroisse de Saint-André fut visitée, pour la troisième fois, le 15 mars 1850, par Sa Grandeur Mgr Baillés, qui administra le sacrement de confirmation à trente-huit enfants. Dans cette visite, l'évêque condamna fortement un passage qui s'était établi dans le cimetière. Un chemin qui longeait le côté nord du cimetière était souvent impraticable, surtout pendant l'hiver, et avait occasionné l'abus dont il s'agissait, les habitants ayant pris l'habitude, depuis de longues années, de passer par le champ des morts. Sur les instances de Monseigneur, le chemin impraticable fut arrangé convenablement et on cessa aussitôt de traverser le cimetière.
A la demande également de Mgr Baillés, la chaire fut transportée de la nef dans le choeur de l'église, pour le plus grand avantage des hommes qui se trouvaient dans la petite tribune, en face de l'autel de la sainte Vierge, et qui pouvaient ainsi mieux entendre la voix du prédicateur.
Enfin, Mgr Baillés revint pour la quatrième fois à Saint-André, le 18 mars 1853, et administra le sacrement de confirmation à soixante-quatre enfants.
M. Goubant ne fut pas longtemps à Saint André sans y rencontrer des difficultés, qui se changèrent bientôt en véritable persécution. A son arrivée, il trouva des abus que l'excessive bonté de son prédécesseur avait plutôt tolérés que combattus il s'appliqua donc à les faire disparaître et il y mit la plus vive ardeur, ce qui lui attira l'inimitié d’un certain nombre. Toutefois, la majeure partie de la population et les familles les plus chrétiennes restèrent toujours sincèrement dévouées à leur pasteur. Il sembla même que le ciel se plut à bénir l'attachement de ces fidèles pour leur curé, car c'est dans ces familles, où le nom de M. Goubant est encore en bénédiction, que les vocations religieuses ont germé en plus grand nombre.
La première réforme entreprise par M. Goubant porta sur la manière dont était réglé le paiement des places de bancs dans l'église. Avant cette époque, les bancs ne s'affermaient point légalement ; ils se payaient très irrégulièrement et parfois même pas du tout. Le nouveau curé commença par faire appliquer les règlements en vigueur. Il y eut des récalcitrants qui osèrent même poursuivre le trésorier de fabrique, mais en définitive la justice appliqua la loi, et la question des places de bancs se régla comme elle devait l'être.
Une autre affaire des plus délicates surgit bientôt et suscita contre M. Goubant une animosité dépassant toute mesure. L'institutrice, Melle Marie Choblet, venait de mourir, laissant la réputation d'une personne vertueuse et dévouée. Aussitôt l'Académie nomma une nouvelle titulaire qui, sans doute, n'offrait pas les mêmes garanties religieuses que l'ancienne, car M. le curé ne crut pas devoir la favoriser et encore moins la recommander. Alors le parti hostile entra en campagne contre le pasteur de la paroisse et il mit dans ses attaques une violence inouïe ; des dénonciations de toutes sortes furent envoyées à l'évêché, à la préfecture, aux tribunaux. On alla même jusqu'à fabriquer un véritable scan-dale. Une nuit, un jeune homme soudoyé par ces malheureux égarés, et chaussé de sabots qu'on avait fait faire en tout semblables à ceux de M. Goubant, vint secouer avec violence la porte de la demeure de l'institutrice. En même temps, des espions veillaient autour de la cure, car on voulait la certitude que le curé y était bien et qu'il ne pourrait pas opposer un alibi. Le lendemain on l'accusa d'être allé, pendant la nuit, attaquer l'institutrice. De telles infamies ne trouvèrent créance ni à l'Evêché, ni à la Préfecture, mais la tempête fut si forte que le respectable curé, tout innocent qu'il était devant Dieu et sa conscience, crut devoir disparaître pendant quelques semaines. Au mois d'octobre 1856, il quitta son troupeau, comme s'il ne devait jamais revenir. Il reparut cependant à la Toussaint, à la grande joie de tous ceux qui ne s'étaient pas consolés de son départ. Mais la persécution ne désarma pas et elle reprit bientôt. Alors M. Goubant prit le parti de quitter définitivement Saint-André et, au mois de février 1857, il se retira dans sa famille, à Saint-Juire-Champgillon.
Pendant que les meilleurs paroissiens de Saint-André étaient désolés de perdre leur zélé pateur, ceux qui l'avaient attaqué si odieusement célébraient leur victoire de la plus triste manière, en tirant jusque dans le cimetière des salves de coups de fusils.
Toutefois, le triomphe de ces derniers fut de courte durée. Bientôt la justice de Dieu sembla s'appesantir sur tous ceux qui avaient pris part à cette injuste persécution. Ils disparurent les uns après les autres dans la honte et le malheur, et aujourd'hui on en chercherait vainement quelques-uns à Saint-André. Les deux principaux instruments du scandale, la pauvre institutrice et le triste jeune homme qui jouait, dans la nuit dont on a parlé plus haut, le rôle du curé, finirent par se marier ensemble: union bien digne et bien assortie. Etant partis du pays, ils habitèrent pendant un certain temps dans la Beauce, mais bientôt la mésintelligence se mit entre eux et ils se séparèrent. Le mari tomba dans une misère profonde et n'eut d'autre ressource que de mendier son pain de porte en porte. Un jour il mourut, dit-on, dans une grange, à Foussais.
M. Goubant eut pour vicaire M. Philippe Perraud qui ne resta à Saint-André que du 1er janvier à la fin de juillet 1856.
Ferdinand-Clément-Athanase Gourraud Il était né à Chavagnes en-Paillers, le 15 novembre 1826, et avait été ordonné prêtre le 22 décembre 1849. Pendant six années, il avait exercé les fonctions de professeur au petit séminaire des Sables et s'y était fait remarquer par un jugement solide et un goût prononcé pour la belle littérature. De 1854 à 1857, il s'était exercé au ministère paroissial dans le poste de vicaire de Noirmoutier.
M. Gourraud arriva à Saint-André le 8 mars 1857. La situation était particulièrement difficile: la paroisse était profondément divisée en deux partis qui se détestaient avec une violence extrême. Par prudence, le jeune curé se mit à écouter les plaintes des uns et des autres, mais sans jamais manifester les sentiments intimes de son âme. D'abord, cette discrétion, ce silence furent mal interprétés et lui valurent plus d'un reproche injuste. M. Gourraud n'en continua pas moins à tout accepter et à se taire toujours, et il fit bien, car peu à peu la tempête s'apaisa et les coeurs ulcérés revinrent à des sentiments plus chrétiens.
Lorsque le calme fut enfin rétabli, le nouveau curé fit donner à sa paroisse les exercices d'une mission qui fut prêchée par les PP. Coumailleau et Rocheteau, missionnaires de Chavagnes-en-Paillers. Cette mission eut lieu en janvier 1860, et on la clôtura par la bénédiction du beau calvaire en granit qui se dresse, à la sortie du bourg, sur la route de Mormaison.
M. Gourraud fut secondé, dans les débuts de son ministère à Saint-André, par un jeune prêtre originaire de Saint-Pierre-du-Chemin. C'était M. l'abbé Casimir Coutanceau, mort depuis, curé de Saint-Sornin, le 23 janvier 1910, et dont le grand'père avait été guillotiné, en 1793, sur une place de Fontenay, avec d'autres Vendéens fidèles à leur foi. Ce nouveau vicaire arriva à Saint-André en 1860 et y resta jusqu'en novembre 1868. D'un caractère enjoué et toujours aimable, il sut bien vite conquérir l'affection de son curé et il l'aida puissamment à pacifier les esprits divisés. Véritable artiste, il sut rehausser la pompe des cérémonies par les décorations du meilleur goût, en même temps qu'il faisait aimer le chant de l'Eglise en publiant ce petit recueil qui a été depuis si répandu dans le diocèse.
Voici les principaux faits qui ont marqué le ministère de M. Gourraud.
Le 7 mai 1857, la paroisse reçut la visite de Mgr Delamare, qui confirma quatre-vingt-quatre enfants.
A son tour, Mgr Colet vint à Saint-André, le 11 mai 1862, et confirma cent dix-neuf enfants.
En 1861, une bonne personne, Mlle Rosalie Luneau, offrit à la commune, pour en faire une école de filles, une maison dont elle était propriétaire au bourg de Saint-André, à la condition expresse d'y placer des religieuses reconnues par l'autorité diocésaine ; elle se proposait, en outre, d'affecter à l'entretien de cette maison une rente de 400 francs qui serait versée après son décès.
L'intention de la donatrice était bonne, mais les municipaux de Saint-André n'étaient pas pour l'enseignement congréganiste, comme on peut en juger :
"Attendu, dit leur délibération, qu'il n'y a pas lieu d'ôter à l'Université l'enseignement primaire pour le donner à des congrégations religieuses ; Attendu que la maison en question est très importante et qu'elle a été bâtie dans des conditions qui laissent à désirer pour sa durée future ; Attendu que la rente de 400 francs ne sera servie à la commune qu'après le décès de la donatrice, Mlle Luneau ; Attendu que dans les conditions où elle est proposée cette donation serait onéreuse à la commune, est d’avis de refuser le projet de donation dont il est cas."
Cependant les partisans de l'école congréganiste ne se tiennent pas pour battus et ils poursuivent leur projet.
Le 26 octobre 1862, le conseil municipal de Saint-André reçoit de M. le Préfet l'ordre de se réunir afin de donner son avis sur la convenance et l'utilité de l'établissement projeté dans cette commune par les soeurs de la communauté de Mormaison pour l'instruction de la jeunesse et des soins à donner aux malades pauvres de la paroisse.
Cette fois encore, le conseil persiste dans son opposition pour les raisons suivantes :
"Considérant que la commune est pourvue d'une bonne école laïque de filles, et que cette école est en pleine prospérité ; Considérant que la tranquillité règne actuellement dans la commune, donne son avis négatif sur la convenance et l'utilité de l'établissement projeté."
Tous les membres présents, à l'exception du sieur Gris, signèrent cette délibération.
Le conseil municipal sur la question d'un vicariat à ériger à Saint-André, se montra plus accommodant. Le 1er février 1862, il donna son plein consentement pour demander cette érection. Il est vrai que le vicariat ne devait rien lui coûter, la fabrique ayant promis de payer le supplément de traitement.
Le 8 octobre 1865, pour la troisième fois, le conseil municipal maintint son opposition dans l'affaire de l'école congréganiste, et répondit à une demande faite par M. le Préfet que la direction de l'école communale de Saint André ne devait pas être changée et qu'il fallait la laisser entre les mains d'une institutrice laïque.
En 1869, M. Gourraud, curé de la paroisse, bénit deux croix, celle des Arcis le 16 mai, et celle des Bernardières le 17 septembre.
La question de l'école reçoit enfin une solution définitive en 1870. Mlle Rosalie Luneau, religieuse de l'ordre de la Sagesse, étant décédée le 21 juillet 1866, la rente de 400 francs dont nous avons parlé plus haut était désormais à la disposition de la commune, dans le cas où celle ci remplirait les conditions stipulées par la donatrice. Cette rente devait être versée par les propriétaires de la métairie de la Boucherie, en Saint-Sulpice-le-Verdon.
Le conseil municipal de Saint-André donne son acceptation le 13 février 1870 :
"Vu l'acte constitutif de la rente et l'avis de la famille Luneau qui accepte les charges à elle imposées ; considérant que la gratuité de l'instruction primaire des filles pauvres de Saint-André-13-Voies se trouve suffisamment garantie et que c'est avantageux pour la commune,
Est d'avis d'accepter, comme de fait il accepte avec reconnaissance, et ce aux conditions exprimées, la rente annuelle et perpétuelle de quatre cents francs constituée par la dite dlle Luneau et payable à partir de son décès."
En même temps le conseil demande la suppression de l'école laïque.
"Le conseil, vu la rente de 400 francs donnée pour l'école congréganiste pour l'instruction des filles pauvres de la commuue, et acceptée par lui ce jour, croit devoir refuser le traitement de l'institutrice laïque pour 1871, attendu que l'école de cette dernière ne peut coexister et devient même très onéreuse pour une commune qui n'a aucune ressource, demande la suppression de l'école au 1er janvier 1871."
Une autre délibération du conseil municipal, à la date du 3 décembre 1871, s'occupe encore de cette question d'école. Le conseil renouvelle son acceptation de la rente de 400 francs, à la condition que tous les frais, enregistrement et autres, soient à la charge des religieuses. Le maire fait ensuite connaître que la Supérieure générale des Religieuses de Mormaison a demandé, le 16 octobre 1870, que dame Sophie Bazin (en religion Sainte-Marie Sainte-Anne) qui dirigeait l'école libre de Saint André, soit admise comme institutrice communale. Le conseil donne son consentement et ratifie le traité passé entre la Supérieure générale et le maire de Saint-André. D'après ce traité, les religieuses prêteront à la commune la maison qui leur sert d'école, ainsi que le mobilier scolaire qui leur appartient, sans réclamer d'autre indemnité à la commune qu'une somme annuelle de trente francs qui leur sera versée, tant qu'elles rempliront les fonctions d'institutrices communales, plus bien entendu la rente de la famille Luneau.
En même temps, le conseil municipal, considérant que l'école laïque de filles est fermée depuis le mois d'octobre 1870, à peu près faute d'élèves, prie M. le Préfet d'approuver la délibération le plus tôt possible, afin qu'on puisse dresser sans retard la liste des élèves à admettre gratuitement dans l'école des congréganistes auxquelles le conseil et la population désirent que l'instruction des petites filles soit confiée.
Enfin cette délibération fait connaître que l'institutrice laïque est partie depuis le mois d'octobre 1870, et que son habitation a servi de corps de garde pour la garde nationale.
En 1872, il y a toujours refus de la part du conseil municipal qui ne veut pas payer les frais d'enregistrement pour la rente Luneau. Le 17 novembre, il donne enfin son consentement, mais â la condition que tous les arrérages dus précédemment seront versés à la caisse municipale.
Pendant que cette affaire d'école approchait de sa solution définitive, la paroisse recevait la visite de Mgr Colet, le 25 juin 1871. Pour la première fois, on voit se poser une question bien urgente, celle de la reconstruction de l'église. Depuis un certain temps déjà, la fabrique avait commencé, dans ce but, la réalisation de quelques économies et elle possédait une somme de 9.000 francs. Sa Grandeur bénit le projet et exprime des voeux pour qu'on puisse l'exécuter dans un avenir prochain.
Avant de raconter l'histoire de la reconstruction de l'église, il nous faut faire connaître une oeuvre faite en faveur des curés de Saint André, et qui vient de disparaître dans les injustes spoliations de ces dernières années. Les pièces qui l'établirent méritent d'être citées en entier pour que la postérité conserve la mémoire de cette homme généreux, ancien trésorier de fabrique, qui s'appelait M. Jean-Cyprien Oiry.
Voici, avec son orthographe, le testament dans lequel il léguait ses biens à la mense curiale de Saint-André :
"A nom de la très sainte Trinité
Père, Fils et Saint-Esprit.
Je déclare que ceci est mon testament et je veux qu'il soit fidellement exécuté après ma mort.
Je donne tous mes biens meubles et immeubles à la cure succursale de Saint André treize voies afin que la propriété et jouissance en soit attribué à M. le Curé du dit Saint André treize voies et à ses successeurs a perpétuité à charge de remplir les clauses et conditions suivantes.
Je donne à Victoire Renaudin, ma domestique, tout le mobilier de la cuisine et celui de la boulangerie, tout le bois de chauffage, bouré et mani qui se trouvera à mon décès, de plus la vache et son veau et porc, je lui donne la jouissance jusqu'à sa mort de tout le pourprie que je jouis excepter le pressoir, la vigne, le celier, le corps de la maison et la moitié du jardin, elle aura le droit de mettre ses grains dans le grenier de la maison, M. le curé lui fournira tous les ans jusqu'à sa mort quatre barique du vin du fief du Gré, le métayer lui fera ses terres à son besoin charois et labours et lui donnera paille, buaille et genet comme est porté dans la ferme, elle profitera des bois et fournilles de tout ce que je lui donne en jouissance et de plus une corde de bois tous les ans.
A sa mort, M. le Curé entrera en jouissance de tout. Je charge M. le Curé des frais de sépulture,levée de corps à ma demeure et deux services, un de huitaine et l'autre anniversaire en première classe et garniture de cierges neufs et quatre trentins de messes chantées.
Je veux être enterré à côté de ma femme au lieu marqué dans le cimetière ; les frais de décellement et recellement, colonne avec inscription pareille à celle de ma femme et de plus l'entretien perpétuel des deux tombes seront au charge de M. le curé, de plus l'entretien de la croix de la Petite-Roche ; à cet effet l'argent que je laisse à ma mort sera mis à payer tous les frais dont je viens de parler.
Je donne aux pauvres toutes mes hardes et chemises que ma domestique distribura.
M. le curé servira à Alexandre Cyprien Thibaud, mon filleul, une rente annuelle de cent francs sa vie durante, à Adelaïde Brenon femme a Baritaud une rente égallement annuelle de cinquante francs,à Louise Thibaudeau filleule de ma défunte femme une rente annuelle de cinquante francs, toutes ses rentes s'éteindront à la mort des légataires. M. le curé servira aux religieuses de Mormaison une rente annuelle et perpétuelle de deux cent francs exempte de tout frais ; il leur laissera de plus la moitié du mobilier dans le salon et petite chambre, à la charge par les religieuses d'instruire six petites fille pauvre de Saint André treize voies au choix de M. le curé ; je prie les bonnes soeurs de ne pas nous oublier dans leur prières et communion le repos de nos âmes. Je charge M. le curé de chanter ou de faire chanter dans l'église de Saint André treize voies deux messes chaque mois a perpétuité pour le repos de mon âme et de celle de ma défunte femme et de mes pères et mères.
Ses rentes perpétuelles ne pourront être amorties.
Je révoque et annulle tout testament fait antérieurement aux personnes autres et aux présentes dispositions si mes volontés étaient contrariés par ma nièce Emelie Malecot femme Thibaud son mari serait par le seul fait déchu de tout droit à la rente annuelle de cent francs qui lui est fait par le présent testament et cette rente ferait retour à M. le curé de Saint André treize voies et à ses successeurs.
Tous les frais de mutation et enregistrement seront à la charge de M. le curé de Saint André treize Voies.
Fait à la petite Roche en Saint André treize voies le huit septembre mil huit cent soixante dix.
Fait écrit a son antier datté et signé de ma main.
Signé : C. Oiry."
Codicille du 1er novembre 1874
Je ratifie et confirme toutes et chacune des clauses de mon testament en date du huit septembre 1870 à l'exception de l'article concernant les religieuses, cet article est remplacé par le suivant.
"M. le curé servira aux religieuses qui feront avec l'approbation de monseigneur l'Evêque de luçon l'école à Saint André treize voies une rente annuelle et perpétuelle de 200 francs exempte de tous frais ; il leur laissera de plus la moitié du mobilier du salon et de la petite chambre à charge par les religieuses d'instruire gratuitement six petites filles pauvres de Saint André treize voies.
Fait à la petite roche en Saint André treize voies le 1er novembre 1874.
Signé : C. Oiry."
Ce testament olographe de M. Oiry fut approuvé par décret présidentiel le 19 juin 1877. Voici les divers articles de ce décret.
Le Président de la République...
Le Conseil d'Etat entendu,
Décrète
Article 1er
"Le desservant de la succursale de Saint-André-treize-voies, Vendée, est autorisé à accepter aux clauses et conditions énoncées et sous bénéfice d'inventaire le legs universel d'une valeur d'environ 53.000 fr. fait aux titulaires successifs de cette succursale par le sieur Jean-Cyprien Oiry, suivant les testament et codicille des 8 septembre 1870 et 1er novembre 1874, à la charge notamment d'entretenir les tombes du testateur et de sa femme, de chanter ou de faire chanter deux messes par mois, de servir aux religieuses qui feront, avec l'approbation de l'autorité diocésaine, l'école à Saint-André-treize voies, une rente annuelle et perpétuelle de deux cents francs et laisser à ces Religieuses la moitié du mobilier de son salon et de sa petite chambre à la charge par elles d'instruire gratuitement six petites filles pauvres de Saint-André treize-Voies.
Les sommes provenant de ce legs universel seront placées en rente sur l'État au nom des desservants successifs de Saint-André treize-Voies avec mention sur l'inscription de la destination des arrérages aux charges imposées par le sieur Oiry. Les soeurs préposées à l'école de Saint-André-treize-Voies devront appartenir à une congrégation vouée à l'enseignement et légalement reconnue. L'enseignement donné dans l'école devra comprendre toutes les matières déclarées obligatoires par les lois.
Article 2
Le trésorier de la fabrique de l'église succursale de Saint-André-treize Voies (Vendée) est autorisé à accepter le bénéfice résultant en faveur de cet établissement du legs universel fait à la succursale de Saint-André-treize-Voies par le sieur Jean Cyprien Oiry suivant les testament et codicille olographes des 8 septembre 1870 et 1er novembre 1874, à la charge notamment de chanter ou faire chanter deux messes par mois à perpétuité.
Article 3
Le maire de Saint-André-treize-Voies (Vendée), au nom de cette commune et des pauvres, est autorisé à accepter aux clauses et conditions énoncées le bénéfice résultant des dispositions par lesquelles le sieur Oiry suivant les testament et codicille des 8 septembre 1870 et 1er novembre 1874 et légués
1° A la succursale de Saint-André-treize-Voies tous les biens meubles et immeubles à la charge entre autres de servir annuellement et à perpétuité aux religieuses chargées de la tenue de l'école une rente de 200 francs pour assurer l'instruction de six petites filles pauvres de la localité.
2° Les hardes aux pauvres de la commune.
Article 4
Est rapporté le décret du 14 mai 1877 qui a statué sur les dispositions testamentaires du sieur Oiry.
Article 5
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes et le Ministre de l'Intérieur sont chargés, chacun en ce qui les concerne de l'exécution du présent décret."
Fait à Versailles, le 17 juin 1877.
Signé : Mal de Mac-Mahon.
Par le Président de la République,
Le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Signé : J. Brunet.
Par ampliation :
Le Conseiller d'Etat, chef de la 1re division de l'administration des cultes,
Signé : Ad. Tardif."
Comme on le voit, la donation Oiry était entourée des garanties les plus certaines, elle avait toutes les approbations désirables et il semblait que l'oeuvre du généreux bienfaiteur pouvait braver l'épreuve du temps. Il n'en a rien été. Une spoliation prétendue légale a déjà tout enlevé aux bénéficiaires qui ne se servaient de ces largesses que pour le bien de la paroisse.
Nous arrivons maintenant à la construction de la nouvelle église. Comme partout ailleurs, Dieu seul saura tous les soucis que cette entreprise causa au zélé curé de Saint-André ; on peut dire qu'il mourut à la tâche.
Le 2 janvier 1876, une souscription fut ouverte dans la paroisse ; au 1er octobre elle atteignait la somme de 29.845 francs.
Pendant qu'elle se poursuivait, le conseil municipal délibérait, le 21 février, sur le projet présenté par M. Perrin, architecte à Nantes, et il était d'avis :
1° Qu'il fallait donner suite à la demande de construction, l'église actuelle étant insuffisante, mais en présence de l'état de pénurie de la commune, le conseil ne pouvait pour le moment voter aucune somme, voulant auparavant en référer à la décision des contribuables les plus imposés.
2° Le conseil approuvait le plan présenté par M. Perrin, architecte.
3° Il autorisait le conseil de fabrique à prendre dans l'enclos du presbytère le terrain nécessaire.
4° Il concédait au sud de l'église actuelle une parcelle de terrain communal également nécessaire à l'édifice projeté.
5° Il abandonnait à la fabrique tous les matériaux provenant de la démolition.
Le 15 juillet suivant, le conseil municipal et les plus imposés de la commune décidaient que l'impôt extraordinaire de 0 fr. 20 affecté à la construction des routes de Saint-André à Rocheservière et du Moulin de la Chevrottière, expirant à la fin de l'année 1877, serait continué pendant douze ans, à partir du 1er janvier 1878, savoir : 0 fr. 03 pour insuffisance de revenus, et 0 fr. 15 pour la reconstruction de l'église.
L'assemblée décidait encore que M. le curé ne pourrait prétendre qu'au produit annuel de l'impôt de 0 fr. 15 pendant les douze années, et que les ressources de la fabrique et le montant de la souscription devraient suffire pour l'église, la commune ne pouvant s'imposer d'autres sacrifices Enfin un secours serait demandé à l'Etat pour venir en aide à la construction projetée.
D'après le calcul du Conseil municipal, les centimes devaient produire environ une somme de 9.000 francs, soit, chaque année, 750 francs.
L'adjudication des travaux pour la construction du choeur, du transept et de la première travée, avait eu lieu le 8 mars précédent, et M. Martineau, entrepreneur de Nantes, avait été déclaré adjudicataire. Au mois de juin suivant, les travaux étaient commencés et, le 19 août, ils étaient assez avancés pour permettre la cérémonie de la bénédiction de la première pierre. Ce fut au milieu d'une foule considérable que M. Gabriel Gouraud, vicaire général de Luçon, vint réciter les prières liturgiques sur le monument qu'on allait élever.
Les habitants de Saint-André avaient déjà pris à coeur la nouvelle entreprise. Bien que simples cultivateurs et vivant tous de leurs labeurs, ils avaient cependant donné une somme considérable pour subvenir aux frais de construction ; mais ils ne bornèrent pas là leur générosité, et ils furent admirables de dévouement pour le transport des matériaux nécessaires à l'édifice. A vrai dire, leur bonne volonté fut bien activée par M. l'abbé Jean Poupeau, alors vicaire de la paroisse, qui savait toujours les décider à tous les sacrifices. D'après l'estimation de l'architecte, ces charrois de toutes sortes, et toujours gratuits, pouvaient être évalués à une somme de 9.000 francs.
Le 25 mars 1879, la population de Saint-André reçut une première récompense de sa générosité. La partie qu'on avait entreprise dans la construction de la nouvelle église était terminée ; elle pouvait servir aux exercices du culte ; les cérémonies y furent inaugurées par !a bénédiction du monument et les fidèles se pressèrent joyeux dans le nouveau sanctuaire.
Deux mois plus tard, le 18 mai, la paroisse de Saint-André avait l'honneur de recevoir, dans cette belle église, la première visite de Mgr Catteau qui venait donner le sacrement de confirmation à soixante-douze enfants. Voici en quels termes Sa Grandeur décrivait l'église de Saint-André :
"Nous félicitons M. le curé (M. Ferdinand Gourraud) du zèle qu'il a déployé pour élever, à la gloire de Dieu, un temple qui soit digne de ses paroissiens. C'est un magnifique édifice gothique dont le plan a été donné par M. Perrin. Déjà le choeur, le transept et la première travée sont entièrement achevés. Les travaux exécutés jusqu'à ce jour ont coûté environ 90.000 francs, non compris les vitraux pour lesquels une somme de 12.000 francs a été dépensée."
Cette dernière somme relatée au procès-verbal avait été fournie par une souscription ; une véritable émulation s'était établie entre quelques familles dont plusieurs avaient versé le prix d'un vitrail entier, qui s'élevait à 1.000 francs. Ce fut M. Elie, peintre verrier de Nantes, qui exécuta le travail de tous les vitraux de sanctuaire et du transept. Plus tard, en 1888, M. Gérard, également de Nantes, plaça les verrières de saint Pierre et du bienheureux Montfort.
L'architecte, M. Perrin, étant mort en 1887, fut remplacé par les MM. Le Diberder, frères, qui prirent la succession des travaux de l'église. Sous leur direction on adjugea, le 28 mars, à M. Eugène Gautier, entrepreneur, à Clisson, une seconde partie de l'église. Cette dernière construction fut menée rapidement et, au mois de février 1889, les bancs étaient placés et mis en adjudication.
L'édifice actuellement construit se compose du sanctuaire, du transept et de quatre travées. Il n'y a qu'une seule nef, large et bien éclairée.
En entrant, on est tout particulièrement frappé par ces élégantes colonnettes du transept qui montent en faisceaux jusqu'à la retombée des arcs. Sept fenêtres donnent entrée à la lumière dans le choeur ; elles sont terminées par un quatre-feuilles au-dessus d'un trèfle. Entre chacune de ces fenêtres s'élève, jusqu'à mi-hauteur, une colonnette sur le chapiteau de laquelle repose un des arcs qui supportent les voûtes ; il en est de même dans la nef. Dans le transept, on remarque les petits autels qui se trouvent dans des enfoncements semi circulaires et ajourés de trois fenêtres ogivales de même forme que les autres. Deux belles verrières avec grandes rosaces éclairent le transept. Enfin les clés de voûtes sont ornés d'armes ou de feuillages.
Telle qu'elle est, l'église de Saint-André ne demande plus, pour être achevée, qu'une façade et une flèche ; bien des années, sans doute, se passeront avant que cette espérance soit réalisée.
Reprenons maintenant le récit des divers événements sous le ministère de M. Gourraud.
Le 10 juin 1878, M. le curé bénit la croix du village de Pomméragu.
Le 2 mai 1883 deuxième visite de Mgr Catteau qui donne le sacrement de confirmation à soixante-et-onze enfants.
Le 12 mai 1887, la confirmation est administrée dans l'église de l'Herbergement et Monseigneur ne vient pas à Saint-André.
Le 30 décembre 1889, les PP. Dexmier et Rochereau, missionnaires de Chavagnes, commencent les exercices d'une mission qui se termine le 27 décembre.
Au cours de ces pieux exercices, on érigea dans la nouvelle église les stations d'un chemin de croix, genre bas-reliefs. Les familles les plus généreuses de la paroisse payèrent chacune leur station dont le prix était de 130 francs. Le jour de la clôture, on plaça sur une colonne, à Bellevue, une statue de la sainte Vierge, sous le vocable de Notre-Dame de la Persévérance.
Le 5 mai 1891, troisième visite de Mgr Catteau et confirmation de soixante-six enfants. Sa Grandeur constate que l'école des religieuses réunit tous les enfants, sauf trois ou quatre.
Le 15 mai 1891, au village de la Ronde, érection d'un calvaire, en granit des Lucs, et don des frères Jacques et Julien Gobin.
Le samedi, 14 avril 1894, une triste nouvelle jetait la désolation dans toute la paroisse, qui apprenait la mort du digne prêtre qui la gouvernait depuis trente-sept ans. Voici les lignes touchantes que lui consacrait un ami dans la Semaine Catholique du 2 avril :
"Lundi dernier, au moment d’aller conduire au cimetière le cercueil de M. le curé de Saint-André-Treize-Voies, M. le Doyen de Rocheservière caractérisait le regretté pasteur et son oeuvre à peu près en ces termes :
le diocèse perd en M. Ferdinand Gourraud un prêtre distingué et grandement apprécié. Nous, ses confrères, nous perdons un conseiller précieux, un de ces amis dont l'Écriture a dit : "Trouver un ami, c'est trouver un trésor".
Et les quarante et quelques prêtres, rangés autour de la dépouille mortelle, souscrivaient en leurs coeurs à ce témoignage si bien exprimé.
"Vous, paroissiens de Saint-André, vous perdez un curé vertueux et dévoué. Pour vous consacrer plus de trente-six ans de sa vie, il lui a fallu triompher des sollicitations de l'autorité diocésaine qui le destinait aux postes les plus honorifiques. Il avait voué à sa chère paroisse ses forces, ses travaux et sa belle intelligence. En vous quittant, il vous laisse le souvenir de ses vertus et cette magnifique église, haut témoignage de sa piété et de son bon goût."
Et les sanglots de l'assistance faisaient écho à la voix de l'orateur.
Ces regrets et ces éloges ont été mérités par notre estimable confrère, et dans la carrière de l'enseignement et dans celle du ministère.
Professeur au séminaire des Sables, il apporta à ces fonctions importantes une application qui ne s'est jamais démentie. Son but était de travailler au service de la sainte Eglise en lui formant des sujets utiles. Le jeune âge ne comprend pas toujours ni le sérieux de la vie, ni l'importance des études: les élèves de M. Gourraud apprenaient à le connaître par l'exemple de leur maître en même temps que par ses leçons.
Ils avaient un guide sûr, au jugement solide, au goût prononcé pour la belle littérature. L'impétuosité de la jeunesse trouvait un frein dans une fermeté qui s'imposait. Le mérite suffisamment connu du jeune maître le dispensait de rechercher ces moelleuses précautions auxquelles on a besoin de recourir quelquefois pour se faire accepter. Il était de ceux qui pensent plus qu'ils ne parlent ; mais quand il ouvrait la bouche, ses paroles méritaient d'être pesées. Les rares survivants du corps enseignant, dirigés par M. Gabriel Gourraud, savaient que notre éminent supérieur avait en très grande estime son jeune auxiliaire, et tous reconnaissaient que cette estime était bien méritée.
Un jour, le représentant de l'autorité diocésaine vint réclamer le jeune professeur pour le ministère, lui disant qu'il y ferait du bien. Cette prophétie s'est parfaitement accomplie.
M. Gourraud alla d'abord faire un court vicariat à Noirmoutier, où il eut pour confrère M. Alexis Guitton, d'honorable mémoire.
Mais c'est bien la cure de Saint André-Treize-Voies que la Providence destinait au jeune prêtre. Il y arriva en 1857. Là, son courage, sa patience, sa délicatesse de conscience, son esprit méditatif se mettent en présence de la responsabilité d'un pasteur et des besoins de son troupeau. Faut-il travailler ? Il est prêt à le faire jour et nuit. Faut-il temporiser et attendre l'heure de Dieu ? Il imposera silence à son ardeur. Faut-il attaquer une position retranchée, à travers des routes épineuses ? Il a bien à sa disposition une plume incisive, une parole sûre d'elle-même et défiant toute critique. Mais non, l'épée restera au fourreau. La vertu seule, la prière qui va prendre son point d'appui dans le ciel, emporteront la place. Une grande victoire, sans morts ni blessés, le rendra maître de tous les coeurs. On l'a bien vu par le deuil aussi sincère qu'unanime que sa mort a répandu dans cette paraisse.
Ceux qui sont en position de connaître Saint-André ont remarqué que l'éducation de la jeunesse y est excellente, et que le nom du Seigneur y est religieusement respecté. L'homme de Dieu avait le don de prêcher contre le blasphème, de manière à communiquer à ses auditeurs l'horreur qu'il en ressentait lui même.
Et quel autre beau fruit de son ministère nous voyons en cette admirable église qu'il a bâtie ! Pour élever ce monument à la gloire du Seigneur, pour y faire concourir toutes les volontés, combien de démarches, combien de sacrifices, combien d'exhortations, combien d'actes d'abnégation et de patience ont été nécessaires. En considérant cet édifice, je me demandais si le pasteur n'avait point dépensé, en ciment de charité, pour en rassembler les éléments, autant que les ouvriers ont mis du leur pour unir toutes ces pierres. Un moment, le cher confrère eut l'espérance de couronner lui-même son oeuvre par la construction de la façade et de la tour. Mais la mort l'a gagné de vitesse. Elle le trouva à son poste à l'heure où elle voulut lui décocher ses derniers traits. Le dimanche du Bon Pasteur, l'intrépide pasteur montait encore à l'autel ; mais il fut bientôt obligé d'en descendre, n'ayant offert que le sacrifice de lui-même. Le même jour, il monta encore en chaire, et ses auditeurs craignaient à chaque instant de le voir tomber de faiblesse. Fidèle jusqu'à la fin à sa pratique exemplaire, il avait écrit même cette dernière instruction, dont on a retrouvé le texte dans ses papiers ; il semblait pourtant qu'avec son élocution facile et correcte, avec le riche fonds de connaissances qu'il avait acquises, il eût pu, autant que tout autre, s'affranchir de ce travail.
Ce bon prêtre, ce saint prêtre, comme on entendait dire dans tous les groupes, apportait les mêmes soins pour remplir le devoir de la prière. Ses familiers ont remarqué que s'il allait dire son bréviaire à la suite d'une conversation ou d'une étude, avant de commencer ce saint exercice, il se promenait quelque temps en silence, ayant l'air, en un geste discret, de secouer la poussière de ses habits, mais en réalité pour secouer de son esprit toute pensée étrangère.
De ce bon prêtre qui n'est plus, les exemples, les oeuvres se conserveront longtemps, même sur cette terre, où le passage d'un homme est bien vite effacé. Mais surtout sa mémoire vivra auprès de vous, Seigneur : in memoria æterna exit justus.
"J. Raballand, ptre."
Louis Loizeau. Le successeur de M. Gourraud, curé actuel de Saint-André, est né à Boufféré en 1861. Ordonné prêtre le 19 décembre 1884, il a été successivement vicaire de Saint Hilaire-de-Talmont de 1885 à 1892, puis de Soullans jusqu'au mois de juin 1893. Après avoir été curé de l'Epine pendant près d'une année, il fut choisi pour remplacer M. Gourraud et arriva à Saint-André, le vendredi 1er juin, fête du Sacré-Coeur. Il fut installé le dimanche suivant par M. Legast, curé-doyen de Rocheservière. Il fut reçu avec d'autant plus d'enthousiasme que la paroisse, privée de pasteur depuis six semaines, attendait avec impatience un prêtre pour la diriger.
Voici les derniers faits de l'histoire religieuse de Saint-André.
1895. Le 29 avril, Mgr Catteau fait sa quatrième visite pastorale et confirme quatre-vingt-dix enfants. A cette occasion, M. le Curé souhaite la bienvenue à Sa Grandeur. L'église est richement ornée pour la circonstance, et Sa Grandeur admire la beauté du nouveau sanctuaire, mais constate avec tristesse qu'une lourde dette de 48.900 francs pèse sur la fabrique.
Du 10 au 25 novembre, une retraite spéciale pour les hommes est prêchée par les RR. PP. Jean Baptiste et Henri David. A la suite de cette retraite, on fonde une confrérie du Saint Sacrement ; trente-cinq hommes s'y font inscrire, il y en a aujourd'hui soixante-douze.
1897. La confrérie des hommes du Saint-Sacrement est canoniquement érigée par une ordonnance de Mgr Catteau, en date du 20 février, et la lettre épiscopale est lue en chaire, le 21mars suivant, par M. l'abbé Mercier, directeur diocésain des oeuvres eucharistiques.
Ce même jour, on lance le projet d'un nouveau maître-autel en marbre. La souscription, dès le mois suivant, atteint le chiffre de 17.000 francs. Dans cette somme on consacre 10.000 francs pour le maître-autel, 4.000 francs pour la Sainte-Table, et 3.000 francs pour l'autel du Sacré-Coeur. L'exécution de ces travaux est confiée à M. André, sculpteur d'Angers.
Pendant le mois de mai, deux croix de granit, sorties des carrières du Rouet, en Chavagnes-en-Paillers, sont érigées sur le territoire de la paroisse. L'une est placée, le 2 mai, au village de la Croix, et payée par la famille Bordet. L'autre est offerte par Mlle Marie-Anne Gobin ; elle est bénite, le 30 mai, à la suite d'une allocution donnée par M. l'abbé Pilard, curé de l'Herbergement.
1898. Le dimanche 5 juin, en même temps que la première communion, une belle cérémonie se passe dans l'église de Saint-André. M. l'abbé Bouchet, vicaire général, bénit solennellement le nouveau maître-autel. Une plume exercée donnait sur cet autel la description suivante dans la Semaine Catholique du 18 juin 1898 :
"Un chef-d'oeuvre ! Il en a certainement les grands airs, le nouvel autel de Saint-André, avec son exposition, élancée, ses deux anges droits et recueillis, son retable harmonieux, son tabernacle au fronton fleuri, aux colonnettes délicates, à la porte dorée.
Comment ne pas l'admirer ? J'allais dire comment ne pas l'aimer ? Six colonnettes de marbre brun portent la table ; un bas-relief, le sacrifice d'Abraham, et deux autres statues, Abel offrant au Seigneur son plus bel agneau, et Melchisédech bénissant une coupe, ornent le devant de l'autel dans l'espace compris entre les colonnes brunes.
Le tabernacle, riche des plus belles veines du marbre, repose entre les deux panneaux du rétable, ou plus exactement du contre-rétable.
Sur l'un des panneaux, le ciseau de l'artiste a sculpté la belle scène de l'évangile où le Disciple bien-aimé est représenté appuyant la tête sur le coeur du Maître divin ; sur l'autre, on voit le Sauveur assis au puits de Jacob, montrant le ciel à la Samaritaine et lui disant — la parole semble sortir des lèvres divines — : "Si scires donum Dei ; si tu connaissais le don de Dieu." A droite et à gauche, un ange regarde, écoute et adore.
Enfin, sur le tabernacle repose une exposition très finement dessinée et travaillée. Quatre colonnettes appuyées aux angles du tabernacle supportent un dôme léger surmonté d'un clocheton gothique dominé par la croix. Hormis les deux anges, tout est en marbre. L'ensemble exprime la grâce plutôt que la force, l'élégance plutôt que la majesté, l'harmonie plutôt que l'effet brusque et saisissant que produirait la trop vive exposition des reliefs et des creux. Point de ces teintes criardes qui blessent les yeux, point de ces teintes sombres qui les étonnent et les attristent ; mais un gris clair dans les parties importantes, mais un brun chaud dans les colonnettes, mais un or ferme dans la petite voûte de l'exposition et sur la porte du tabernacle Tout charme l'oeil et le repose. Le regard monte, comme par degrés et sans effort, des trois marches de chêne qui supportent l'autel à l'autel lui-même, puis au retable et au tabernacle, aux deux anges, puis à l'exposition, enfin à la flèche gothique où la pyramide harmonieuse trouve son sornmet dans la petite croix blanche qui règne sur le tout ..
Les habitants de cette chrétienne paroisse auront certes le droit de dire "notre autel". Tous ont voulu contribuer à doter leur église de ce riche présent ; bien peu peuvent donner de leur superflu, beaucoup ont su donner de leur nécessaire, charité d'autant plus belle qu'elle n'est connue que de Dieu et de ses anges. Je sais pourtant des noms que toutes les bouches prononcent à Saint-André... et ailleurs, quand on parle du nouvel autel ; mais ces noms sont écrits en trop belle page dans le livre du ciel pour qu'on songe à les écrire dans les livres de la terre. Passons! absents ou présents, les habitants de Saint-André ont voulu tous contribuer à cet ouvrage, et M. le Curé m'avertit que les prêtres enfants de la paroisse brillent au rang d'honneur sur la liste de souscription.
Pouvait-il en être autrement ?
A.-M. A..., ptre."
Au mois de novembre de la même année 1898, une mission est prêchée à Saint-André par les RR. PP. Tailleur et Denis, Rédemptoristes des Sables. Voici un extrait du compte-rendu donné par la Semaine Catholique, le 10 décembre suivant :
"A noter, dans cette belle mission de Saint-André, la supplique continuelle aux pieds de Notre-Darne du Perpétuel Secours, solennellement établie patronne de la mission. A toute heure du jour, pendant plus de trois semaines, il y avait à prier devant cette image bénie, exposée sur un trône de fleurs et de lumières, un nombre de fidèles qui variait de dix à trente. Aussi la Sainte Vierge ainsi suppliée a-t-elle abondamment béni le zèle des missionnaires. Un grand renouvellement de ferveur s'est accompli dans cette paroisse fidèle à sa foi ; les meilleures dispositions de fidélité et de générosité au service de Dieu se sont solidement établies en tous.
Ce qui témoigne du succès de la mission, c'est la nombreuse, très nombreuse assistance qui se trouvait chaque matin à l'église pour la messe et l'instruction. Deux ou trois cents hommes et femmes, dès les premiers jours, n'hésitèrent pas à s'arracher à leurs occupations pour venir prier et entendre la parole de Dieu.
Bien consolant fut le spectacle de la communion générale des femmes, fixée à la fête de la Présentation de Marie ; la piété vraie resplendissait sur leur visage ; on les voyait toutes sous l'impression vive de la mission. Non moins beau et consolant le spectacle de la communion générale des hommes, le premier dimanche de l'Avent ; il rayonnait dans leur regard je ne sais quoi de franchement chrétien, de profondément religieux, qui reflétait l'intérieur de leurs âmes.
Le jour de la clôture, le 30 novembre, demeurera un jour vraiment remarquable dans l'histoire de la paroisse. Favorisé par un temps extraordinairement beau, ce jour se passa dans des fêtes inoubliables.
C'était le jour de la fête paroissiale et de l'Adoration perpétuelle : tout l'éclat possible fut donné aux cérémonies. Plus de vingt prêtres étaient là. Dans la soirée, splendide procession du Saint-Sacrement dans le bourg. Avec combien de religion et d'amour fut escorté Jésus qui, le matin, était descendu dans presque tous les coeurs !"
On n'a pas érigé de monument public pour perpétuer le souvenir de cette mission ; on a seulement, à cette occasion, placé dans l'église les deux beaux tableaux qui représentent, l'un, Notre-Dame du Perpétuel Secours, l'autre, la Sainte-Famille.
1899. Le 6 mai, visite de Mgr Catteau et confirmation de quatre-vingt-trois enfants.
1903. Le 22 février, M. l'abbé Thomas, vicaire à Saint Donatien, de Nantes, vient faire à Saint-André une conférence sur les avantages des Caisses rurales. Après avoir entendu ses explications, un grand nombre de cultivateurs donnent leur adhésion à l'oeuvre qu'on leur propose et que l'on fonde séance tenante. Depuis, cette oeuvre n'a cessé de prospérer ; elle a aujourd'hui un roulement de plus de 100.000 francs et elle rend de grands services aux prêteurs et aux emprunteurs.
Quelques semaines plus tard, sur les conseils de M le Curé, on fonda également une assurance Mutuelle-Bétail qui porte environ, chaque année, sur 300.000 francs d'animaux.
Le 23 mars, visite de Mgr Catteau et confirmation de quatre-vingt-dix enfants.
Le 8 juillet, cent cinquante-quatre écoles du diocèse dirigées par des religieuses reçoivent l'ordre de fermer leurs portes. La congrégation de Mormaison est tout particulièrement éprouvée, quatre vingt-six de ses établissements scolaires sont refusés en Vendée, et Saint-André est compris dans la liste funèbre.
1905. Le 9 avril, l'orateur si connu sous le nom de "Meunier vendéen", M. Louis Arnaud, de la Genétouze, fait une conférence très applaudie à un grand nombre d'hommes et de jeunes gens. A la suite de cette réunion, on établit un groupe de Jeunesse Catholique et on met à sa tête M. A. Jaunet, président plein de zèle, qui, à l'heure actuelle, a fondé de divers côtés une douzaine de caisses rurales.
Au mois d'octobre, M. le Curé commence des démarches auprès de. M. le Préfet pour arriver à une liquidation des dettes provenant de la construction de l'église ; un certain nombre de particuliers ont prêté, mais sans autorisation légale, des sommes qui atteignent un chiffre considérable ; ces prêteurs vont certainement perdre leur argent, si leur situation n'est pas prise en considération avant que la loi de Séparation soit mise en vigueur. En conséquence, M. le Curé demande à M. le Préfet de s'employer auprès de M. le Ministre pour obtenir l'autorisation de vendre la mense curiale dont le produit servira à indemniser les créanciers. L'autorité religieuse diocésaine appuie ce projet et, quelques semaines plus tard, le conseil municipal y donne aussi tout son assentiment.
Le 9 février 1906, M. le Préfet fait savoir que le Ministre des Cultes refuse la vente de la mense succursaliste pour payer les dettes de la fabrique, parce que ces dettes n'ont pas de titre exécutoire.
M. le Curé de Saint-André entreprend alors de nouvelles démarches pour obtenir la pièce qui fait défaut, et il pense réussir, car deux jugements de M. le Préfet de la Vendée, en date du 6 avril et du 9 septembre 1909, viennent donner aux dettes de la fabrique le titre exécutoire réclamé par M. le Ministre.
Cependant, en mai 1910, sur avis du Préfet de la Vendée, M. Briand, président du ministère, refuse au conseil municipal de Saint-André la vente de la Petite-Roche pour payer les dettes reconnues de l'ancienne fabrique.
Enfin, en septembre 1910, la mense curiale de Saint-André-Treize-Voies est attribuée, par décret ministériel, au bureau de bienfaisance de cette commune.
Reprenons maintenant le détail des derniers faits à partir de 1905.
Au mois de mai, les institutrices libres de Saint-André sont poursuivies pour prétendue infraction à la loi sur les associations. Elles comparaissent en correctionnelle devant le tribunal de la Roche-sur-Yon. Mais leur bon droit est reconnu et elles sont acquittées.
1906. C'est l'année où les inventaires bouleversent si profondément la France catholique. A Saint-André, comme ailleurs, les âmes sont vivement émues, mais les odieuses tracasseries ravivent fortement les sentiments chrétiens.
Le mardi 13 mars, M. le percepteur de Rocheservière, accompagné et conduit par six gendarmes, se présente à la porte de l'église, demandant à faire son oeuvre. Ce Monsieur avait déjà manqué une première visite, car ayant convoqué le conseil fabrique, le 2 mars précédent, lui seul avait fait défaut au rendez-vous. Le retard lui cause une désagréable surprise, celle de se trouver en présence de la moitié des hommes de la paroisse et du conseil municipal au complet qui entoure M. le Curé. On l'arrête devant la porte de l'église, et M. le Curé, au nom du conseil de fabrique, lui lit la protestation suivante signée par tous les membres :
"Monsieur, Dans cette église inachevée vous voulez pénétrer pour faire l'inventaire. Qu'y cherchez-vous ? Environ 50.000 francs de dettes pèsent tant sur la mense que sur la fabrique.
Quels sont vos droits ? L'Etat n'a pas versé un centime pour sa construction.
Au contraire, chaque pierre du monument, chaque objet qu'il contient proclame bien haut le travail, la générosité, comme la foi de mes chers paroissiens.
Donc, en leur nom, au nom de tous mes fidèles conseillers de fabrique, en mon nom de pasteur des âmes, je proteste avec énergie contre l'inventaire et contre l'injuste spoliation qu'il prépare, et je réserve tous les droits de l'église comme ceux des bienfaiteurs sur les objets offerts: chemin de croix, autel en marbre, etc., etc.
D'ailleurs, Notre Saint-Père le Pape Pie X a parlé : "Nous réprouvons et nous condamnons, dit-il, la loi de Séparation, comme profondément injurieuse vis-à-vis de Dieu, comme contraire à la liberté et à la propriété de l'Eglise."
Donc tous ici, fidèles catholiques, sans vouloir le moindre mal à la personne des exécuteurs, nous réprouvons et nous condamnons l'inventaire, premier acte de la loi de persécution religieuse."
Louis Loizeau, prêtre ; A. Douillard, E. Brenon, P.Gaborieau, F. Favreau, R.Gris.
Après cette fière protestation, on refuse absolument de laisser pénétrer dans l'église. Devant cette impossibilité d'accomplir sa besogne, le percepteur se retire avec les gendarmes et reprend le chemin de Rocheservière.
A partir de ce jour, les paroissiens de Saint-André gardent leur église et ne l'abandonnent ni jour ni nuit. Pendant cinq semaines ils sont toujours à leur poste, mais personne ne se présente et on peut croire que le projet d'inventaire est complètement oublié.
Enfin, huit mois après, le 21 novembre, en l'absence des prêtres de la paroisse, à six heures et demie du matin, pendant qu'un religieux capucin célèbre la sainte messe, l'église est envahie soudain par vingt-cinq gendarmes et, au milieu des ténèbres, le percepteur arrive, escorté par une compagnie du 93e de ligne de la Roche-sur-Yon. L'agent du gouvernement accomplit à la hâte sa besogne et s'en retourne avec le même empressement.
Le 24 novembre 1906, le P. Stanislas, capucin, établit à Saint-André une association du Tiers-Ordre de la Pénitence.
1907. Le 17 avril, visite de Mgr Catteau et confirmation de quatre-vingt-douze enfants.
Le 30 juin, après une conférence faite par M. Jaunet, président de la Jeunesse catholique, on fonde, à Saint-André, une société d'assurances mutuelles agricoles contre l'incendie. Cette société est aujourd'hui très prospère et assure un capital de 276.300 francs.
1908. Le 27 septembre, congrès cantonal de la Jeunesse catholique du canton de Rocheservière. Dans la matinée, réunion dans l'école libre de Saint-André pour discuter les rapports présentés par les chefs de groupes, assistance à la grand'messe et sermon de M. l'abbé Monnier, professeur à l'Institution Richelieu. Dans la soirée, réunion générale dans laquelle on compte plus de huit cents personnes: MM. Pierre Boyer et Louis Arnaud y font entendre de vibrants discours.
1909. Depuis six mois, l'une des deux cloches avait perdu sa sonorité : elle était fêlée. Une souscription est aussitôt ouverte et deux cent quatre familles s'inscrivent pour payer la nouvelle cloche qui est commandée à M. Bollée, du Mans. Le 18 mai, cette dernière arrive toute neuve ; elle pèse six cent cinquante-six kilos et donne le fa dièze.
Deux jours après, fête de l'Ascension, M. l'abbé Mercier, vicaire général, délégué par Monseigneur l'Evêque, procède à la cérémonie du baptême, avec toute la pompe usitée en cette circonstance.
Sur le bronze on avait gravé l'inscription suivante :
"J’ai été nommée Jeanne d'Arc par M. Armand Tenailleau, mon parrain, et Mlle Marie-Antoinette Tenailleau, ma marraine. Je remercie deux cent quatre familles. Ma mission est d'appeler à Dieu, selon le voeu de M. Retailleau, maire de cette commune, et de M. Loizeau, curé de cette paroisse." 1910. Mission prêchée par les RR. PP. Tenaud et Girardeau, missionnaires diocésains, du 6 au 27 novembre. Malgré l'eau et les tempêtes, elle est très bien suivie. Elle se termine par deux faits nouveaux dans l'histoire paroissiale :
1° Quarante-neuf jeunes filles donnent leurs noms pour fonder une congrégation d'enfants de Marie.
2° En souvenir de cette mission, une croix est plantée à un kilomètre environ de Saint-André, sur la route de Saint-Sulpice, au coin du bois du Pay. Les propriétaires de la ferme avaient donné l'arbre et reçoivent le monument sur leur terrain ; les paroissiens de Saint-André avaient offert le christ.
1911. Le 23 avril, congrès eucharistique paroissial, réunions spéciales pour les enfants, les femmes et les hommes. Dans ces réunions, on traite des différentes manières de mieux honorer le Saint Sacrement et on aborde des questions très pratiques.
Liste générale des vicaires de Saint-André-Treize-Voies.
Philippe Perraud, du 1er janvier à la fin de juillet 1856.
Casimir Coutanceau, du 1er janvier 1860 au mois de novembre 1868.
Auguste Fonteneau, du 1er janvier 1869 au mois de décembre 1872.
Athanase Gaudineau, du 1er janvier 1873 au mois d'octobre 1874.
Jean Poupeau, du 1er janvier 1875 au mois de septembre 1879.
Calixte Fillon, du 1er octobre 1879 au 31 décembre 1882.
Alphonse Alléguède, du 1er janvier 1883 au mois d'octobre 1886.
Arsène Elbert, du 1er janvier 1887 au mois d'août 1888.
Armand Branchereau, du 1er janvier 1889 au mois de décembre 1889.
Jean Bonnet, du 1er janvier 1890 au mois de décembre 1894.
Jean Gourraud, du 1er janvier 1896 au mois de décembre 1897.
Edmond Dinant, du 1er janvier 1898 au mois de décembre 1900.
Aimé Papon, du 1er janvier 1901 au mois de décembre 1902.
Léon Prunier, de janvier 1903 à mars 1906.
Victor Rodier, vicaire actuel depuis juin 1905.
Prêtres originaires de la paroisse.
Guy-Louis-Pierre de Fontaines, chanoine et prévôt du chapitre de Luçon, mort curé de Saint Michel-Mont-Mercure, le 29 septembre 1818. Il était propriétaire des terres nobles de la Pilletière et du Sensis. (Voir plus haut.)
Jacques Choblet, né en 1797, ancien curé de Chaillé-les-Ormeaux, où il mourut en 1847. Ses restes furent transférés de Chaillé à Saint-André, en 1852. Quand on ouvrit son cercueil, on trouva intacts, dit-on, sa soutane et son surplis.
Alexis-Jean-Baptiste Fonteneau, ancien curé de Treize-Vents, mort, retiré à Saint-André, en 1844.
Auguste Rayneau, né en 1841, aujourd'hui curé de Bretignolles.
Frédéric Musset, né en 1839, mort curé de Saint-Maurice-le-Girard, en 1905
Jean Brenon, né en 1847, mort curé de Saint-Hilaire-de-Voust, en 1906.
Louis Bachelier, né en 1853, aumônier de religieuses aux Brouzils.
Henri Prioux, né en 1863, curé de Venansault.
Armand Brenon, né en 1872, curé de Chaix.
Athanase Favreau, né en 1876, vicaire à la Chapelle-Palluau.
Armand Sauvaget, né en 1880, vicaire à l'Ile d'Yeu.
Aristide Brenon, né en 1880, curé de Mézy (Seine et-Oise).
Alfred Mollé, né en 1882, missionnaire au Canada.
Gabriel Richard, né en 1883, missionnaire en Chine.

Léopold Prioux, né en 1884, missionnaire dans l'Annam.

A suivre.......Histoire civile et administrative