§
I. Patronnage
La
paroisse de Saint-André-Treize-Voies faisait partie, avant
la Révolution, du doyenné de Clisson, de l'archidiaconé
et de l'évêché de Nantes. L'église paroissiale
était placée tout naturellement sous le vocable de saint
André, et le bénéfice, qui portait le nom de
prieuré,
relevait
primitivement de l'abbaye de Nieul-sur-l'Autise, de l'ordre des Augustins,
et non pas des Bénédictins, comme l'a publié
Ogée dans son Dictionnaire,
erreur
rectifiée d'ailleurs depuis longtemps. L'abbé Grégoire
dans son État
du diocèse de Nantes en 1790 lui
donne le nom de prieuré de Saint-Haiennent, ordre de Saint
Augustin.
Les
Chanoines de Saint-Augustin avaient le privilège de présenter
à l'évêque pour le titulaire de la cure un des
membres de leur ordre, qui prenait pour cette raison le nom de prieur.
C'est pour cela aussi que son bénéfice s'appelait prieuré.
Suivant
Grégoire et Ogée, les moines abandonnèrent ce
bénéfice pendant les guerres de la Ligue, ce qui est
fort possible. Cependant l'abbaye de Nieul conserva le droit de patronage
jusqu'à sa sécularisation, au XVIIIe
siècle.
Le
roi, sous la dépendance duquel se trouva alors le prieuré,
en annexa les biens au chapitre de la cathédrale de la Rochelle,
et c'est sous ce patronage que nous trouvons Saint-André-Treize-Voies
au moment de la Révolution.
Il
ne faut pas croire cependant que l'évêque de Nantes,
qui avait cette paroisse dans son diocèse, n'ait conservé
aucun droit sur elle. Il avait la collation du bénéfice,
c'est-à-dire le droit de nommer lui-même le bénéficiaire
et de percevoir sur le prieuré certaines taxes qui étaient
comprises dans les recettes du diocèse de Nantes.
Ajoutons
enfin que le seigneur de Vieillevigne, en tant que seigneur de Saint-André,
recevait les honneurs et avait le droit de prééminence
dans l'église.
Depuis
le Concordat, le nom de prieuré a disparu. La paroisse fait
partie du diocèse de Luçon, et l'évêque
a seul qualité pour en nommer le curé-desservant.
§
II. L'ancienne
église
Nous
y ajouterons seulement ce passage extrait de l'Etat
général des ci-devant églises situées
dans l'arrondissement du bureau de l'enregistrement et des domaines
de Montaigu, dressé le 20 vendémiaire an V (11 octobre
1796), d'après lequel l'église de Saint-André
est "petite,
brûlée, abandonnée, et qu'il ne reste qu'à
en vendre les matériaux et le terrain" (Echos
du Bocage vendéen, 1890.)
C'est
également la description qui en est faite dans le titre d'estimation
de cette église pendant la Révolution, aux dossiers
des biens nationaux conservés aux Archives de la Vendée.
L'ancienne
église de Saint-André-Treize-Voies occupait exactement
la même place que la nouvelle, sauf que celle ci, plus longue
et plus large, s'avance d'une dizaine de mètres en plus dans
le jardin de la cure, et d'un ou deux mètres sur la place,
du côté sud.
Peu
élevée et bâtie, comme le bourg, dans une petite
vallée, on ne la voyait même pas à quelques centaines
de mètres ; on la devinait plutôt à sa flèche
qui pointait à travers les grands arbres. Quand le voyageur
arrivait au milieu du bourg, s'il tournait le dos à l'entrée
du cimetière, il avait devant lui une place irrégulière
allant toujours en s'élargissant, et, au fond de cette place,
la vieille église.
Bâtie
à une seule nef et en forme de croix latine, cette église
n'avait aucun ornement d'architecture. Les vitraux et les deux arcades
formant la croix étaient cependant de style ogival. Sa construction,
plus que simple, indiquait assez clairement le peu de ressources que
les bâtisseurs avaient à leur disposition. Pour la date,
il aurait été bien difficile de la fixer, en dehors
de quelques données certaines, mais elle semblait relativement
assez récente.
La
façade, comme tout le monument, n'avait rien de remarquable:
c'était un simple mur droit, avec un cadran au milieu, et,
au-dessous, la porte principale, n'ayant pour tout encadrement qu'un
palâtre ordinaire et une moulure peu profonde, badigeonné
à la chaux. Cette porte était protégée
par l'inévitable ballet qu'on retrouvait jadis devant presque
toutes les églises. Ce fameux ballet est encore très
populaire à Saint-André-Treize-Voies ; il y portait
un nom à peu près inconnu ailleurs, le nom de la Guernelaïe,
ou,
pour d'autres, la Guennelaïe.
Voulez-vous
prononcer ce nom comme les habitants du pays ? Donnez à la
première syllabe le nom d'un e
muet,
et faites bien sentir l'r ou les deux n,
et,
pour la dernière syllabe ouvrez et fermez vivement la bouche,
ne faisant entendre l'i que le moins possible.
La
Guernelaïe sans doute masquait bien la façade, mais elle
avait pourtant de nombreux avantages. On y faisait les levées
de corps à l'abri de la pluie et des vents ; on y remisait
les boiseries des pompes funèbres ; le dimanche, les femmes,
avant d'entrer à l'église, y fermaient leur parapluie,
refaisaient un peu leur toilette, enlevaient le mouchoir blanc qui
avait protégé leur longue et belle coiffe contre les
injures de la brume, rabattaient leur jupon relevé par une
épingle, et en secouaient la poussière ou la casse
(boue)
de la route. Les petits marchands y faisaient parfois leur déballage,
et les petits garçons de l'école voisine y trouvaient
un préau commode pour jouer aux marbres, à la manette
ou à la vise. Le devant de la Guernelaïe était
partagé en trois parties par deux piliers en chêne. Le
milieu seul était ouvert et donnait passage à la foule.
Les deux côtés étaient fermés par un mur
s'élevant à mi-hauteur et recouvert de granit. Le côté
nord servait de comptoir aux marguilliers qui y vendaient, le dimanche
et les fêtes, les denrées offertes à l'église.
Pauvre vieille Guernelaïe, tu vivras encore longtemps dans la
mémoire et même les regrets des habitants de Saint-André
!
Outre
la grande porte ouvrant sous la Guernelaïe, l'église avait
deux portes plus petites du côté du midi, l'une donnant
accès dans la nef, et l'autre dans le bras droit de la croix
qui formait la chapelle de la Sainte-Vierge. Enfin, et du même
côté du midi, à l'extérieur, on voyait
deux escaliers en pierre montant aux deux tribunes, dont l'une était
au bas de l'église et l'autre dans la chapelle de la Sainte-Vierge.
Entre ces deux escaliers se trouvait un contrefort en simples moellons
et joignant la petite porte latérale Au haut de ce contrefort
était installé un cadran solaire qui fut sans doute
pendant longtemps le seul à indiquer l'heure des offices ;
encore fallait-il tout naturellement le concours du soleil ; si le
soleil boudait, le sacristain sonnait au petit bonheur ou allait demander
l'heure à quelque pendule voisine.
Le
côté sud de l'église était seul accessible
au public. Le côté nord était fermé par
le mur de la cour de la cure, lequel semblait être le prolongement
du mur de l'église. De ce côté se trouvait la
sacristie, dans l'angle même formé par le bras de la
croix et son sommet. On y arrivait par le jardin de la cure et par
un petit escalier de trois ou quatre degrés. Un contrefort
étayait le mur nord, et deux autres les deux angles extérieurs
du chevet de l'église. Enfin, comme beaucoup d'autres, la vieille
église était couverte en tuiles. Cependant, le mur du
bout de la chapelle de la Sainte-Vierge formait un pignon très
élancé et s'élevant bien au-dessus de la toiture,
ce qui donnerait à supposer que l'église était
pri-mitivement couverte en ardoises, comme l'est encore la vieille
cure. Dans les guerres de religion et en 1794, l'église avait
été brûlée, et, les ressources faisant
défaut, on l'aurait ensuite restaurée avec une charpente
plus simple et recouverte en tuiles74.
74
Il
convient d'ajouter que "les mazures et emplacement de l'église
de Saint-André 13 Voix ont été vendus le 24 frimaire
an V (décembre 1796) au citoyen Duroussy, de Rocheservière,
pour la somme de 300 francs." Arch.
de la Vendée ; Q.
Tel
était à l'extérieur, l'antique église
paroissiale de Saint-André-Treize-Voies. Mais ce tableau ne
serait qu'imparfait si l'on n'y faisait pas figurer son plus bel ornement,
le clocher et la flèche. Ce clocher et sa flèche ne
furent relevés qu'après la Révolution, et même
quelques années après que la paroisse eût été
constituée, probablement de 1810 à 1815. Les architectes
et entrepreneurs furent deux charpentiers du pays, qui se montrèrent
dans ce travail aussi hardis qu'habiles. Le clocher, tout en bois,
comme sa flèche, s'élevait au-dessus de la porte principale.
Carré à sa base il avait à ses quatres côtés
une ouverture plongeante, qui laissait passage libre au son argentin
des deux cloches ; et au-dessus la flèche octogonale très
élancée semblait menacer les nuages.
Clocher
et flèche étaient tous deux couverts en ardoises. Comme
toujours, la flèche à son sommet arborait la croix,
et au-dessus de la croix tournait le coq traditionnel. Mais le vieux
coq de Saint-André a une histoire particulière qui,
ce me semble, mérite d'être racontée.
Un
beau jour, le digne curé de la paroisse, M. Piveteau, mort
en 1842, trouvait à la barrière du cimetière,
à cinquante mètres environ de l'église, un paroissien
revenant de la chasse. En causant avec son pasteur, le jeune Nemrod
lui dit tout à coup : "J'ai envie, Monsieur le Curé,
de percer votre coq d'une balle. — Le feras-tu bien ? —
Parions que je le fais." Aussitôt dit, aussitôt fait.
Mais la balle avait manqué son but. "A mon tour",
dit le Curé. Puis il épaule, vise un instant et tire.
Le coq était percé de part en part. Au printemps suivant
et longtemps après, chaque année, deux petites mésanges
choisissaient le ventre du coq pour y faire leur nid et y élever
leur nombreuse progéniture. Je les ai vues maintes et maintes
fois portant le foin et la plume pour leur nid, ou la béchée
pour leurs petits. Elles se reposaient un instant sur les bras de
la croix, et ensuite disparaissaient dans leur gîte aérien.
Nous tâchions bien de leur lancer des pierres, mais c'était
en vain. Hélas ! pour les petits la sortie du nid était
plus périlleuse ! Tout allait bien quand ils arrivaient à
tomber sur l'église ou qu'ils pouvaient atteindre les arbres
au bord opposé de la douve voisine ; mais parfois ils tombaient
dans l'eau et s'y noyaient, ou bien sur la place, et alors leur mort
était plus prompte et plus barbare. Une bande de gamins se
ruait à l'envi sur les pauvres oisillons et souvent les écrasait
avant même de les prendre. Cet âge est sans pitié
! A l'intérieur, la vieille église de Saint-André
était aussi simple et aussi pauvre qu'à l'extérieur.
En entrant par la porte principale, on se trouvait presque dans les
ténèbres, sous une tribune trop basse. A gauche, un
bénitier en granit, et dans ce bénitier un grand vase
de terre cuite contenant l'eau bénite. A gauche également,
se trouvaient les fonts baptismaux renfermés dans une clôture
en bois. On remarquait surtout en entrant quatre gros piliers en chêne
qui semblaient soutenir la tribune, mais qui, en réalité,
étaient les colonnes du clocher. Quand on voulut construire
ce clocher et sa flèche, on chercha dans le pays les chênes
les plus beaux et les plus élevés. Les trois premiers
se trouvèrent facilement, mais il en fallait un quatrième,
et on ne le trouvait point. Enfin, dans une réunion du Conseil
de fabrique, l'un des membres dit avoir découvert ce qu'il
fallait. "Le père Jean Chaigne, de la Ronde, dit-il, a
dans un de ses champs des Bernardières ce que nous cherchons,
et je me fais fort de l'obtenir. J'irai moi-même trouver le
propriétaire, et pendant que je causerai avec luis
deux
d'entre vous se rendront dans le champ, au pied de l'arbre désiré."
Arrivé à la maison, le fabricien énonce le motif
de
sa visite et déclare sans se gêner qu'il lui faut le
chêne absolument. "Mais, dit le propriétaire, il
faut au moins le voir avant de rien décider." On s'en
va donc, et quand on arrive à l'arbre, les deux compères
avaient si bien travaillé qu'il était à moitié
coupé. Le maitre fait un instant semblant de se fâcher,
mais lui-même se met bientôt à aider pour finir
le besogne, puis il emmène les travailleurs boire un coup à
sa barrique, et ce fut une affaire conclue. Quel heureux temps ! quelle
belle et charmante simplicité dans ces braves gens de Saint-André
!
L'église,
à l'intérieur, pouvait avoir six mètres environ
de largeur et vingt-deux à peu près de longueur, dont
douze pour le bas de la croix, six pour le transept et quatre pour
le choeur. Les bras de la croix pouvaient également avoir six
mètres de profondeur et autant de largeur: mais celui de droite,
formant la chapelle de la Sainte-Vierge, était plus large d'un
ou deux mètres et contenait la petite tribune, en face de l'autel.
Comme on l'a dit, la grande tribune se trouvait au-dessus de la porte
principale, et l'on y arrivait par un escalier extérieur. Cette
tribune était éclairée par une simple croisée
ordinaire, ouverte dans le mur nord, en face de la porte. Au fond
se trouvait l'échelle permettant de monter au clocher pour
les sonneries des grandes circonstances, pour les carillons des baptêmes
ou des mariages. Ordinairement on sonnait de la tribune même,
Dans cette tribune était encore une sorte de grande armoire
vitrée, renfermant l'horloge communale. Les mouvements et le
tic-tac de cette horloge pouvaient ainsi se distinguer très
facilement et, sans doute, ils devaient donner plus d'une distraction
aux hommes pendant les saints offices.
En
montant du bas de l'église vers le choeur, on avait à
droite deux petits vitraux et entre eux la porte latérale ;
à gauche, on avait un seul vitrail et une ancienne petite porte
fermée à l'extérieur par une maçonnerie,
mais conservant à l'intérieur toute sa boiserie. Cette
porte s'ouvrait jadis dans la cour de la cure. A la Révolution,
la cure fut vendue, et lorsqu'on rétablit le culte la porte
fut bouchée et resta toujours fermée depuis, même
après que l'ancienne cure eut repris sa destination primitive,
par suite d'un échange avec la famille Sauvaget, des Landes.
Longtemps
la chaire fut au-dessous du transept, du côté de l'Evangile.
Mais vers 1850, M. Goubant, curé de la paroisse, pour augmenter
le nombre des places de bancs, la fit transporter dans le sanctuaire
du côté de l'Epître. Une rangée de bancs
s'alignait des deux côtés le long des murs, et une chaise
mobile était placée à l'entrée de chaque
banc. Dans le transept, à droite et à gauche, trois
grands bancs recevaient les petits enfants. Des bancs et des chaises
loués remplissaient aussi les deux chapelles ; il y en avait
même dans l'espace renfermé par la sainte table, qui
allait d'un bout à l'autre des bras de la croix.
Le
pavé de l'église était formé de grosses
pierres de granit mal jointes. La voûte était un pauvre
tillage en sapin, tout droit et cintré un peu seulement auprès
des murs.
Le
transept était formé par deux grandes arcades ogivales,
en pierres de taille, sans doute, et aux angles évidés
; mais malheureusement une épaisse couche de chaux les recouvrait
de même que les murs. Ces deux arcades formaient les chapelles
de la Sainte-Vierge et de Saint-Nicolas, toutes deux éclairées
au fond par un grand vitrail de style gothique. Le sanctuaire était
séparé de l'église par une sainte table en fer
forgé, assez longue pour renfermer avec une partie du transept
les deux chapelles et les trois autels. Devant chaque petit autel,
la sainte table se recourbait subitement de trente centimètres
environ, pour lui laisser une place plus grande.
Le
petit autel de droite était dédié à la
sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame du Saint-Rosaire. L'autel
était adossé à un rétable de style grec,
en bois, avec deux colonnettes plates et cannelées également
en bois ; le tout peint en couleurs variées. Derrière
l'autel se dressait un grand tableau peint sur toile et représentant
la sainte Vierge tenant l'enfant Jésus sur ses genoux et donnant
le Rosaire à saint Dominique agenouillé devant Elle.
A côté de saint Dominique on voyait un chien tenant dans
sa gueule une torche allumée. Le bréviaire romain, dans
la légende de saint Dominique, nous donne l'explication de
ce tableau. Il y est dit que la mère du saint, avant même
sa naissance, crut voir en songe qu'elle portait un petit chien tenant
dans sa gueule une torche avec laquelle, après sa naissance,
il semblait vouloir embraser le monde. Sans doute Dieu, par ce songe,
donnait un présage des lumières et de la ferveur que
saint Dominique et son ordre des Frères-Prêcheurs devaient
plus tard répandre, dans toute la terre, par le saint Rosaire
et leurs prédications.
Dans
la chapelle de gauche, le petit autel était dédié
à saint Nicolas. Cet autel et son rétable, par le style
et la forme, ressemblaient en tout à l'autel et au rétable
de la sainte Vierge. Le tableau peint sur toile représentait
naturellement le saint évêque de Myre et, comme en certains
endroits, trois petits enfants dans un baquet. Près de l'autel
de saint Nicolas, et au-dessous du vitrail, se trouvait un vieux confessionnal
peint en rouge pâle: c'était celui du curé. Le
confessionnal du vicaire se trouvait dans la chapelle de la sainte
Vierge, en face de l'autel et sous la petite tribune.
Enfin
le sanctuaire était formé par ce que l'on peut appeler
le haut de la croix latine. En y ajoutant l'espace pris sur le transept
par la sainte table, le sanctuaire pouvait avoir six mètres
de profondeur sur autant de large, Un seul petit vitrail l'éclairait
du côté de l'Epître. Le pavé était
fait de carreaux blancs et bleus. Du côté de l'Evangile
étaient, en guise de stalles, deux bancs fort simples et peints
en jaune, séparés l'un de l'autre par la porte de la
sacristie. Du côté de l'Epître se trouvaient un
banc semblable et, au-dessus, la chaire, si peu élevée
que les chantres pouvaient à peine se tenir debout. L'escalier
de la chaire n'était séparé du bout de l'autel
que par la crédence aux burettes ; si bien que le prêtre,
du marchepied de l'autel, aurait pu pour ainsi dire atteindre la première
marche de cet escalier. Le marchepied de l'autel n'avait que deux
degrés, et, entre lui et l'escalier de la chaire, il y avait
juste la place pour les sièges du célébrant et
de ses clercs.
L'autel,
en forme de tombeau, était, ainsi que le tabernacle, en bois
peint ; sur le tabernacle et supportant le crucifix, était
couché le livre aux sept sceaux de l'Apocalypse. Derrière
l'autel, tout à travers et presque jusqu'en haut du mur, se
dressait un vieux rétable en bois peint de couleurs variées
et de style grec, comme les deux retables des petites chapelles. Ce
rétable avait deux colonnes rondes de chaque côté
de l'autel, et, entre ces deux colonnes, un peu au-dessus des crédences,
deux statues aussi en bois, l'une de saint Pierre et l'autre de saint
Paul. Tout en haut du rétable, on voyait encore deux statues,
saint André et saint Joseph. Chacune de ces quatre statues
avait sa niche encadrée de deux petites colonnes, toujours
en bois. Au milieu du rétable, et un peu au-dessus de l'autel,
on remarquait un grand tableau peint sur toile et représentant
la Résurrection, Notre-Seigneur debout avec sa croix rayonnante,
et, à côté, le tombeau ouvert. Enfin, au-dessus
du retable paraissait le haut d'un vitrail d'un mètre à
peine. On voyait par dehors de l'église que le bas de ce vitrail
avait été remplacé par une maçonnerie
moins épaisse que le mur. On l'avait bouché sans doute
pour construire le retable, qui l'aurait par le fait rendu invisible
et inutile.
Telle
est la description historique de l'ancienne église de Saint-André-Treize-Voies.
Ce n'était point un monument d'architecture. Elle était
à peine convenable, et surtout bien insuffisante pour cette
population si chrétienne. On s'y trouvait bien gêné,
particulièrement dans les grandes solennités.
L'église
neuve, grande et belle, dans toute la fraîcheur de sa jeunesse,
remédie fort heureusement à tous les défautsde
son aînée. Mais hélas ! le manque de ressources
a fait suspendre les travaux, et la persécution religieuse,
sans doute d'ici longtemps, ne permettra point de les reprendre. L'église
demeure donc sans façade, sans clocher et sans flèche
; et les deux cloches, emprisonnées dans une demeure provisoire,
semblent demander, par leur son plaintif, la liberté de monter
dans un clocher nouveau.
§
III. Chapelles
et chapellenies
1°.
Chapelle de Saint-Nicolas.
Cette
chapelle, qui se trouvait placée dans l'église paroissiale
à gauche du choeur, avait été fondée,
dans le premier tiers du XVe
siècle,
par Jeanne Le Breton, fille du seigneur de la Crépillière
et soeur de Marguerite Le Breton, femme de Nicolas de la Roche, seigneur
de la Roche-Saint-André.
Il
en est question aux archives de la maison de la Roche-Saint-André,
le 24 mars 1501, puis le 29 décembre 1503. A cette date, le
prieur et les paroissiens de Saint-André-Treize-Voies accordent
à Jehan de la Roche et à ses successeurs le droit de
banc et l'augmentation de la
chapelle de Saint-Nicolas en
l'église "en considération des services que ledit
Jehan de la Roche et ses prédécesseurs avoient rendu
à lad. église et aux habitans".
Le
6 mars 1530, René de la Lande de Machecoul, seigneur de Vieillevigne,
donne à Nicolas de la Roche, fils de Jehan, le droit d'édifier
une chapelle dite de Saint-Nicolas, dans l'église de Saint-André,
et d'y faire "entretenir perpétuellement ses armes et
escuzons".
Cette
chapelle, qui était depuis le XVe
siècle
l'enfeu des seigneurs de la Roche, resta jusqu'à la Révolution
sous leur patronage et fut desservie par un chapelain.
2°
Chapelle de la
Chevrottière. Celle-ci
attenait au château même dudit lieu ; on en connait l'endroit
précis et on y remarque encore l'ancien bénitier. Elle
servait fréquemment de chapelle de secours aux XVIIe
et
XVIIIe
siècles,
et souvent on y célébrait des mariages, ainsi que le
prouvent les anciens registres de la paroisse.
3°
Chapelle de Notre-Dame
de la Pitié de l'Epinay. De
même que celle de la Chevrottière, la chapelle de l'Epinay
se trouvait auprès du château du même nom, à
gauche de la cour d'honneur en entrant. Fondée en 1657 par
Jeanne Charbonneau, dame de l'Epinay, veuve de Jean Le Maignan, écuyer,
seigneur de l'Ecorce, dont elle eut postérité, et alors
femme de Philippe Regnault, écuyer, seigneur de la Guilbertière,
elle fut placée sous le vocable de Notre-Dame de la Pitié.
Sa fondatrice donnait au bénéficiaire 50 livres de rente
à prendre sur le village et tènement du Moulin, en Vieillevigne,
à la charge de dire deux messes par semaine, l'une le dimanche,
l'autre de préférence au jour de fête, s'il se
trouvait un prêtre libre (1682). On réduisit plus tard
l'obligation à une messe.
Les
héritiers de Jeanne Charbonneau conservèrent intacte
la chapelle primitive pendant près de cent ans. Une de ses
arrière petites-filles, Catherine Le Maignan, dame de l'Ecorce
et de l'Epinay, femme de René Le Maignan du Marchais, désireuse
d'embellir le sanctuaire qui menaçait ruine, procéda
à une restauration complète qui nécessita une
nouvelle bénédiction faite en grande pompe, ainsi que
le prouve l'acte suivant :
"Le
11e
d'octobre
1746, j'ai soussigné prieur de Saint André de 13 Voix,
avec le bon plaisir de Monsieur l'abbé de Laubrière,
doyen de la cathédrale de Nantes et nommé vicaire général
par le chapitre, le siège épiscopal alors vacant, par
la mort de feu Messire Christophe Louis Turpin de Crissé de
Sanzai, et rempli par la nomination de M. l'abbé de la Muzanchère
de Mauclerc, y devant doyen et grand vicaire de l'évesché
de Luçon, et à present à Paris, après
avoir vu la chappelle de l’Epinaye située en ma paroisse
fondée d'une messe par semaine appartenant à haute et
puissante dame Marie Catherine Le Maignan épouse de haut et
puissant seigneur René-Louis Le Maignan, seigneur de Lescorce
et autres lieux et cise dans ses terres, dont les murs etoient tombez
et tout ce qui est necessaire pour la dessence du Saint Sacrifice
en fors bon état, béni la ditte chapelle avec toute
la cérémonie requise, et ce en présence de haute
et puissante dame Suzanne Macé, veuve de Messire Antoine Daçon
chevalier seigneur du Cauvineau, et damoiselle Scanne Paillère,
et Catherine de Rapidy, veuve de Messire André-Gabriel Le Maignan,
chevalier, seigneur de l'Ecorce, de Messieurs Alexis-François
et François-Alexis Le Maignan, de Messire Isaac-Josué-Louis
Le Maignan, de Messire Jean-Baptiste Sorin, prêtre, de Messire
Charles de Miel, prêtre, vicaire de Saint-André, de Messire
Louis-René Le Maignien, seigneur de l'Ecorce, qui ont signé..."
En
1748, Catherine Le Maignan, qui était également patronne
de la chapelle de Sainte-Marguerite du château de l'Ecorce en
Vieillevigne, tenta de réunir les chapellenies de l'Ecorce
et de l'Epinay en un seul bénéfice ; elle obtint une
autorisation favorable de M. de Régnon, vicaire général,
mais ne put avoir celle des curés de Vieillevigne et de Saint-André
et l'affaire en resta là.
Elle
renouvela sa tentative en 1777, mais cette fois avec succès
: les deux bénéfices furent réunis en un seul,
grevé d'une seule messe par semaine, le dimanche, et d'une
autre messe à la fête de Notre-Dame de la Pitié.
On dut auparavant procéder à une enquête sur l'opportunité
de cette union ; mais si le recteur de Vieillevigne ne fit aucune
difficulté, M. Le Quimener, curé de Saint-André,
y mit moins de bonne grâce et ne souscrivit à l'enquête
qu'après avoir fait remarquer "qu'il manquoit souvent
de messes et que son vicaire était obligé de quêter
pour vivre".
C'est
dans cet état que se trouvait la chapelle de l'Epinay, (qualifiée
"très belle" par l'abbé Grégoire),
au moment de la Révolution. Détruite pendant la guerre
par les colonnes infernales, elle n'a pas été rétablie
et ne sert plus actuellement que d'écurie aux fermiers. Le
bénéfice qui s'y trouvait attaché fut vendu nationalement,
le 1er
janvier
1793, pour la somme de 1.475 livres payées en assignats. (Arch.
de la Vendée, Q
: reg. du Bureau de Montaigu.)
3°
Chapelle des Gaufreteau.
Il
en est fait mention par M. Grégoire, mais nous n'avons pu trouver
aucun document.
4°
A ces chapellenies nous pouvons ajouter la Confrérie
du Saint-Rosaire, qui
avait son autel et sa chapelle (celle de la Sainte-Vierge) dans l'église
paroissiale. Il en est question assez longuement dans le procès-verbal
de visite de 1682, que nous reproduirons plus loin en donnant l'état
nominatif des curés.
§
IV. Le Presbytère
et ses revenus
L'étranger,
le voyageur qui traverse le petit bourg de Saint-André est
tout de suite frappé de surprise à la vue d'un grand
portail cintré en pierres de taille, surmonté d'un écusson,
qui donne accès dans une cour et dans un jardin, au milieu
duquel on aperçoit une maison de construction ancienne, qui
se distingue par une haute toiture et des fenêtres à
meneaux et croisillons, en même temps que l'on voit un reste
de douve à quelques mètres plus loin. Il vient aussitôt
à l'esprit que l'on est en face d'une vieille gentilhommière,
et l'on ne se trompe qu'à demi.
Cette
curieuse habitation a été et est encore aujourd'hui
la cure, ou plus exactement le prieuré
; mais
ce prieuré-curial était bien en même temps un
manoir, car il avait été construit par un prêtre
gentilhomme.
Les
guerres de religion, qui avaient mis à feu et à sang
toute la contrée, n'avaient pas épargné le presbytère,
et quand, avec le commencement du XVIIe
siècle,
Saint-André eut pour pasteur Messire Jacques Louer, fils d'un
gentilhomme aisé de cette paroisse, celui-ci n'hésita
pas à faire édifier à ses frais une demeure plus
confortable, qu'il laissa après sa mort à ses successeurs.
L'origine
n'en est pas douteuse. Le constructeur propriétaire y a apposé
son nom en mettant ce blason au gironné
de douze pièces, que
l'on aperçoit au sommet du portique. Il y a fait encore grossièrement
graver des emblèmes qui marquent à la fois sa qualité
de noble et de prêtre. Sur la façade sud ouest, le sculpteur
a dessiné d'un côté d'une fenêtre une tête
d'homme, de l'autre un aigle ; l'autre fenêtre est encadrée
d'une part d'un lion, de l'autre d'un chevalier tenant son épée
et d'un cheval ; sur la façade nord-est, on distingue très
nettement un calice, etc.
L'intérieur
n'offre rien de remarquable et a été depuis maintes
fois modifié ; signalons cependant la cuisine actuelle qui
aurait été, dit-on, l'ancien pressoir du prieuré.
Un
titre d'un réel intérêt pour l'histoire de cette
paroisse fera connaître l'importance du prieuré et de
ses dépendances. C'est l'aveu et dénombrement qu'en
fait Messire J. Le Quimener, prieur-recteur de ce lieu, au seigneur
de Vieillevigne et de Saint-André, dont il déclare pour
ces dits biens lui devoir "foy, hommage-lige et rachat",
par acte passé, le 29 novembre 1763, devant Girard, notaire
de la châtellenie de Vieillevigne 75.
75
Bib.
de Nantes, Coll.
Dugast-Matifeux, 191.
Le
recteur déclare :
"1°
La lieu presbiterial de Saint André de trez Voix, consistant
en logements, couverts en ardoises et thuiles, étable, grange,
four, écurie, pressoir, cellier et pont-baille, le tout renfermé
de murailles et douves, tenant à l'église et aire de
laditte paroisse par devant, d'autre part le chemin qui le conduit
dudit bourg au pont, le chemin du simetière et la maison de
maître René Girard de la Barre. Il est dû audit
prieuré pour droit de puy 2 livres de rente, payables chacun
an aux festes de Noel.
Item,
un jardin tenant joignant la ditte église et maison dudit prieuré
d'un bout au chemin qui conduit audit pont et d'autre bout au fief
de la Douê, contenant le jardin une chariee de terre ou environ.
La
ditte pre du prieuré ainsy quelle se contient et poursuit,
tenant d'un côté la rivière de l'Oignon, d'autre
costé ledit jardin et pièce de la vigne, le chemin de
Saint André à Vieillevigne, et d'autre bout celui qui
conduit à la maison noble de la Roche.
La
pièce de la vigne, anciennement appelée le bois de la
grée, ainsy qu'elle se possède et contient, de laquelle
dite vigne ledit sieur prieur prend et lève par chacun an la
quatrième partie à la vendange y croissant, enfermé
de fossés et de douves, tient d'un côté à
la chapelle du Rozaire de laditte église, d'autre le jardin
dudit prieuré d'un bout de ladiite prée et d'autre au
chemin qui conduit à la Vrillière..."
Suit
la nomenclature de plusieurs pièces de terre et rentes foncières
:
"Item,
le fief de vigne apppelé le fief du prieuré contenant
seize boissellées environ... Sur les dittes choses, siezes
et sittuées au village et tenement du Premaugis, en la ditte
psse de Saint-André, pour raison desquelles terres et le dit
sieur prend à son usage de four, fontaine, quereux et communs
dependant dudit tenement une obligation de dire ou faire dire quinze
messes basses par chacun an en l'église de Saint-André,
pour son légat (legs).
Ce
pourpris, tenue et ces rentes donnaient un revenu moyen de 300 livres
par an ; en outre, la fabrique, qui avait elle-même des rentes
assez considérables, procurait au congruiste une somme de 300
livres. Le prieur-curé jouissait donc avant 1793 d'un revenu
de 600 livres environ. L'Etat
du diocèse de Nantes en
1790, donne les détails suivants : "Revenus : portion
congrue de 300 livres, donnée par la fabrique, pour pris et
petite tenue, total 600 livres". Et plus loin : "Prieuré
de Saint-Haiennent, ordre de Saint-Augustin ; revenus, bâtiments
et tenue, 677 livres ; titulaire le recteur ). Il ajoute encore :
"Charges 12 messes. Le vicaire n'a personne dans le bourg qui
soit en état de le loger".
Mais
bientôt la Révolution vint s'emparer de tous ces biens
ecclésiastiques qui furent vendus nationalement. La cure et
les champs voisins furent acquis par Georges Sauvaget, des Landes,
pour la somme de 9450 livres, le 29 janvier 1791, et deux jours auparavant,
Le Febvre, de Vieillevigne, avait acquis le Pré-Maugis dépendant
de ce prieuré pour 5100 livres, le tout payé en assignats.
(Arch. départ.
de la Vendée : Q ; registre du Bureau de Montaigu.) Lors
du rétablissement du culte après le Concordat, le curé
fut obligé d'aller s'installer dans une maison voisine appartenant
à la famille Eraud et qui sert aujourd'hui d'école communale.
Acquise
en 1810, dans le but de l'échanger avec l'ancien presbytère,
elle devint en 1825 la propriété des héritiers
Sauvaget, qui cédèrent en retour la vieille maison curiale.
Ainsi depuis lors les curés sont rentrés dans l'antique
prieuré, qui sert de presbytère depuis trois siècles.
Grâce
à un pieux et généreux donateur, M. Oiry, la
cure possédait la métairie de la Petite-Roche, toute
voisine de l'église ; mais la troisième République,
suivant la trace des grands ancêtres, a encore dépouillé
le curé de Saint-André du légitime patrimoine
qui l'aidait à faire du bien autour de lui.
§
V. Etat nominatif
des curés
Avant
de commencer cette liste, faisons d'abord une remarque générale.
Nous avons dit que le curé de Saint-André prenait le
titre de prieur
et
nous en avons donné l'explication. Nous voyons également
qu'on le cite sous l'appellation de recteur
; il
ne faut pas s'en étonner, car la paroisse de Saint-André
faisait partie de la Bretagne, et chacun sait que c'est le nom qui
servait jadis dans toute la province, et qui sert encore aujourd'hui
dans plusieurs de ses diocèses, pour désigner le prêtre
qui remplit les fonctions de curé76.
Le nom de curé
ou
curé-desservant
se
rencontre donc fort rarement à Saint-André avant le
XIXe
siècle.
Depuis le Concordat, c'est le seul employé.
Vincent
de la Roche-Saint-André, fils
de Jehan, seigneur de la Roche, et de Marie Marin, se fit reli-gieux
de l'ordre de Saint-Augustin à l'abbaye de Nieul et devint
prieur-recteur
de
Saint-André-Treize-Voies. Il l'était quand, en 1503,
les habitants de la paroisse concédèrent à son
frère une chapelle dans l'église.
De
son temps se passa une assez grave affaire qui mit en émoi
toute la contrée. II s'agissait de l'arrestation d'un certain
Valentin Gauvry, petit propriétaire, qui se vit confisquer
ses biens situés principalement du côté de la
route de Saint-Georges, près de celle du seigneur de la Grelière,
à la suite d'une condamnation que lui avait infligée
la cour ecclésiastique de Nantes "en matière de
sortilège". C'est ce que prouve le registre de la Chambre
des comptes de Nantes, à la date du 22 avril 1518, dans un
document concernant la vente de ses biens, "dix à douze
ans" après77.
Un
peu plus tard, vivait à Saint-André un prêtre
du nom de André
Garnier qui
devait être vicaire de la paroisse et titulaire de la chapelle
de Saint-Nicolas. Il recevait la somme de dix livres par an pour administrer
la terre de la Roche, au nom de ses seigneurs.
Antoine
Aubert est
prieur recteur de Saint-André, ayant pour vicaire François
Bouancheau, et
pour autres prêtres: Guillaume
Blay. François Sauvaget et
Jean Hesgron. C'est
ce qui ressort du procès-verbal de visite de Nicolas Chastelier,
délégué de l'archidiacre de Nantes, Messire G.
Douillard, le 24 août 1554:
Die
Veneris 24 mensis augusti anno Dni
millesimo
1554 visitata fuit parochialis ecclesia Sti
Andreæ
de XIII Vocibus per magistrum Nicolaum Chastelier juris doctor vicarius
ad visitendum Clematum ultra Ligerium.
Magister
Antonius Aubert rector dicit duas missas : prima die dominicali et
altera diebus festivis.
D.
Franciscus Bouencheau, vicarius.
D.
Guillel. Blay. D.
Franciscus Sauvaget.
D.
Johannes Hesgron.
Procuratores
anticqui :
Petrus
Taillic.
Stephanus
Regnaud.
Procuratores
moderni :
Stephanus
Bugeau.
Vincentius
Gorsan.
Testes
synodales
Guill.
Bouencheau, de la Ronde.
Johannes
Chuppé.
Petrus
Mouillé.
Johannes
Normand.
Matheus
Regnaud de Pommeragu.
Johannes
Douillard e Veteri Vinea qui sese opposuit proeclamationi factæ
inter Johannes Boivineau (ou
Boinneau) et Martinæ Grolleau extinc. (extinctus
?) in visitatione deficit.
Iniungitur
vicario implere fenestras (?) in albo dimissas in papiro baptisteri
juxta quindecim dies sub poena unius scuti auri ellemosynariæ
Nanuctensi ac questui monialibus beatæ Claræ Nanuctensi
applicaturi.
Prohibetur
quibus cumque vendere candellas in ecclesia nemo alias res in sancta
terra sub poena fieri sua depositionis (ou
excommunicationis).
Prohibetur
Martinæ Groleau que ut assistetur et in... per verba de futuro
cum Johanne Bonnieau (Boivineau ?) procedere ad alteriora cum quovis
alio... alias visum fuerit per curiam et... decisum fuerit sub poeno
fieri depositionis (? ou excommunicationis)
taxas et centum scutorum auri.
Le
vendredi 24 du mois d'août de l'an du Seigneur 1554, a été
visitée l'église paroissiale de Saint-André de
13 Voix par Messire Nicolas Chastelier, docteur en droit, vicaire
délégué pour visiter la contrée au delà
de la Loire.
Messire
Antoine Aubert, curé, dit deux messes, l'une le dimanche et
l'autre aux jours de fêtes.
Prêtres
François
Bouancheau, vicaire.
Guillaume
Blay.
François
Sauvaget.
Jean
Hesgron.
Procureurs
anciens
Pierre
Taillic.
Etienne
Regnaud
Procureurs
actuels
Etienne
Bugeau.
Vincent
Gorsan.
Témoins
synodaux
Guillaume
Bouencheau, de la Ronde.
Jean
Chuppé.
Pierre
Mouillé.
Jean
Normand.
Matthieu
Regnaud, de Pommeragu.
Jean
Douillard, de Vieillevigne, qui a fait opposition à la publication
de bans entre Jean Boivineau et Martine Grolleau ne s'est pas trouvé
à cette visite, parce qu'il est défunt.
Il
est ordonné au vicaire de remplir les actes laissés
en blanc sur le registre des baptêmes sous peine d'une amende
d'un sou d'or au profit de l'aumônerie de Nantes et de la quête
des religieuses de Sainte-Claire de Nantes.
Il
est défendu à toute personne de vendre des cierges dans
l'église, ainsi que toute autre chose dans le saint lieu, sous
peine d'excommunication (?)
(Passage
obscur) Il est défendu à Martine Groleau de
procéder à une autre publication de bans avec Jean Boivineau
jusqu'à ce que l'officialité ait fait connaître
sa décision, sous peine d'excommunication et d'une taxe de
cent sous d'or (?)
Quelques
années auparavant, le 22
décembre 1544, dans le registre du diocèse, il est porté
que "le prieuré-cure de Sainct Andre Trez Voix (est) taxé
IV livres tournois par décime".
Ce
fut, sans doute, sous ce même curé Aubert et au sujet
des démêlés qui existaient entre Antoine de Créquy,
évêque de Nantes, et ses chanoines, que nous voyons,
le 12 mai 1558, sur l'assignation de l'évêque, se présenter.
François Bouancheau, vicaire de Saint-André-Treize-Voies,
en la grande salle du manoir épiscopal, après la célébration
du Saint-Synode81.
Le
1er avril
1589, la recette du diocèse de Nantes reçoit du recteur
de Saint-André, par les mains de Nicolas Moullin
la somme de 7 livres 10 sols.
Après
une assez longue période pendant laquelle nous n'avons pu trouver
aucun renseignement sur les curés de cette paroisse, nous arrivons
à pouvoir en donner la liste complète, grâce aux
anciens registres de baptêmes, mariages et sépultures
tenus par ses-prêtres83.
Jacques
Louër, écuyer, prêtre,
prieur-recteur de Saint-André-Treize-Voies, fils de Jehan,
seigneur de la Grelière, et d'Isabeau Morisson, était
curé avant 1628, date à laquelle il bénit, à
Remouillé, le mariage de Claude Louër, écuyer,
avec Renée Gaingnard de la Caffinière. Il fut ensépulturé
dans l'église, le 13 août 1649. C'est à lui qu'on
doit la construction du presbytère actuel. Il laissa une rente
de 18 livres 15 sols pour célébrer dix-sept messes basses
par an.
Il
avait pour vicaire Jean Daviceau, dont
le dernier acte est signé à la date du 9 septembre 1647.
Celui-ci fut remplacé par Charles Douaud qui
fut vicaire de 1647 à 1655.
Julien
Durand, qui succéda, en
novembre 1649, à M. Louër, dans le prieuré de Saint-André,
avait été déjà, pendant quelques mois,
son coadjuteur. Son dernier acte comme curé est du 6 mars 1680:
Il continua cependant à résider dans cette paroisse
comme prêtre habitué. Il mourut "en sa maison, à
Saint-André", le 20 mars 1684, et fut enterré le
lendemain dans l'église.
Outre
l'abbé Douaud, il eut comme vicaires: Mathurin Marys,
vicaire (novembre 1655-1666),
Guibot, prêtre
(16 novembre 1658), Pierre Renaud, second
vicaire depuis 1664, puis seul vicaire jusqu'à sa mort. Il
fut inhumé dans la chapelle du Rosaire le 3 juin 1675. Charles
Kerbran, vicaire (fin 1675-fin
1679). J.Malherbe, vicaire
(décembre 1679-mai I680).
Les
registres tenus par M. Durand renferment quelques particularités.
La paroisse est ravagée par une épidémie, en
1662 ; on constate onze sépultures au mois de mai, dix-huit
en juin et dix-huit en septembre.
"Le
15 février 1668, fut inhumé en l'église Notre-Dame
de Rocheservière le corps de Mathurin Sauvaget, mary de Jeanne
Bugaud, ayant esté trouvé dans la rivière proche
Rocheservière, après l'assassinat commis sur sa personne
dans la nuict entre le 5e
et
6e jour
janvier aud. an."
P.
RENAUD,
pre v.
Ce
Sauvaget, qui eut sa sépulture dans l'église, est évidemment
un membre de la famille Sauvaget, d'Izereau.
Le
13 janvier 1671, M. Durand célébra quatre mariages ;
le 5 février suivant, il en bénit cinq.
Pierre
Richard, prieur-curé,
signe pour la première fois le 3 juin 1680. Il fut enterré
dans son église, le 10 janvier 1687, étant décédé
de la veille.
Il
eut pour vicaires : Pierre Choblet (commencement
1682-commencement 1685), puis G. Airoul (mai
1685-juin 1687).
Pendant
son administration, un certain nombre de personnes abjurèrent
entre ses mains la religion protestante. Le 19 octobre 1682, c'est
Antoinette de Ramberge, femme de Pierre de la Mothe de Norville ;
le 7 décembre 1685, Renée de Rion, veuve de Samuel de
Lépinay de la Roche-Boulogne ; le 14 novembre 1686, il y a
une abjuration collective de Pierre Bridonneau et de sa famille, en
la maison de la Grelière.
Pierre
Richard reçut, le 17 juillet 1682, la visite de l'archidiacre
du diocèse de Nantes, dont le procès-verbal, du plus
haut intérêt, mérite d'être reproduit textuellement
presque en entier.
"Saint
André Treize Voix, à la présentation de l'abbé
de Nielles (Nieul) en Poitou, a 700 communiants environ.
Nous
avons été bien reçus. Après les prières
et oraisons accoutumées, la visite a commencé à
10 heures du matin.
A
la sacristie, point de bourses violettes pour les huiles
des malades, ni d'encensoit ; et aurions été informés
qu'encore bien que les deux autels qui sont au costé du grand
auraient perdu leur consécration au moins depuis 40 ans pour
avoir esté démoli... ; point de coffre pour mettre les
archives de la fabrique ; les bénéficiaires n'ont pas
encore obéi aux ordonnances qui les obligent à fournir
copies collationnées des fondations et collations.
Devant
l'autel le curé présente son brevet. Prieur recteur,
Mre Pierre
Richard. Prêtres : Pierre Choblet, Julien Durand. Fabriqueurs
de l'an passé : Charles Bariteau, du Bourg, et Antoine Sauvaget,
d'Izereau. Témoins synodaux Michel Durant et 11 autres.
Obligations
du prieur : administrer les sacrements ; messes, vêpres
tous les dimanches et jours de fêtes ; faire le catéchisme
à la 1re messe,
le prône à la grande ; trois messes par semaine, les
dominicales comprises ; l'office entier aux quatre grandes fêtes
de l'année et à la fête du patron ; de plus chanter
matines, laudes, grand'messes, vêpres, complies et salut tant
pendant l'octave du Saint-Sacrement que pendant les 3 jours du carnaval,
aux prières des quarante Heures, sans obligation, mais par
dévotion.
Chapelle
domestique en la maison noble de l'Epinaye ; bon état,
garnie d'ornements fors le calice; fondée par dlle
Jeanne Charbonneau
; 50 livres de rentes payées par les héritiers ; deux
messes par semaine, l'une le dimanche, l'autre aux jours de fêtes,
s'il se trouve un prêtre ; bénéficiaire, julien
Durand.
Légats
(legs) fondés en la dite église :
1°
Celui par deffunt Mre
Jacques Louer,
vivant prêtre prieur recteur de ce lieu, fondé de 18
livres 15 sols sur les héritages de Jacques Dugast du bourg,
charge de 17 messes basses par an, savoir dans l'octave du Saint-Sacrement,
et une par mois, acquittées par le vicaire.
2°
Un service d'autant de messes qu'il y a de prêtres le dimanche
dans l'octave de l'Assomption et une messe chantée le jour
de la feste de S. Julien et de S. Augustin, fondés par feu
Julien Renaud ; fonds : une rente de 5 livres sur une pièce
de terre à la Seigneurtière, en Vieillevigne.
3°
Quatre anniversaires à jours non limités, fondés
par Bugeau et Gorron Mary ; 28 livres de rente.
4°
Deux autres services fondés par Epiphane Vinet, l'un le dernier
jour de mai ; l'autre 15 jours après.
5°
Un service et une messe par mois, fondés par Catherine Bouron
; 9 livres.
6°
Deux services annuels par feu M. Jacques Durand, pr. recteur.
7°
Quatre services par Jean Sorin, pendant 10 ans.
La
fabrique est obligée de plus de faire faire un service tous
les premiers dimanches du mois et le jour des quatre festes annuelles
et le lendemain Pâques, Pentecôte, Toussaint et Noël,
payés par la boette qui court par l'église.
Confréries
: le Rosaire, mais sans statuts, sans prévots fixes
; fait dire à cette intention tous les premiers dimanches du
mois une messe chantée à l'autel du Rosaire et aux festes
de la Sainte Vierge.
Quatre
anniversaires pour les défunts le lendemain de la Purification,
l'Assomption et la Nativité ; Provost, Jacques Coutaud, Jean
Grollaud.
Représentations
: 1° des paroissiens sans la permission du recteur portent
leurs enfants baptiser en les paroisses voisines et même hors
du diocèse ; 2° que contre les défenses faictes
par les précédentes visites du seigneur évesque,
plusieurs paroissiens etoient encore assez téméraires
pour continuer contre la charité chrétienne de faire
en certains temps de l'année des charivaris scandaleux et injurieux
avec des chaudrons, poelons, tambours et autres instruments de grand
bruit aux veufiers et aux veufves qui se remarioient une seconde fois
; 4° les provost du Rosaire sont exempts de par l'évesque
de présenter leurs comptes aux visites."
Le
procès-verbal se termine par ce détail tout intime :
"Le
samedi dans la soirée l'archidiacre se préparait à
se rendre à Vieillevigne, accompagné du prieur de Saint-André
et de son vicaire, mais il ne put le faire que très tard, retenu
qu'il fut par une forte "colique". En passant
il vit la chapelle de Sainte-Marguerite de l'Ecorce qu'une équipe
d'ouvriers était en train de carreler : chapelle bien propre,
petite, pourvue."
L.
Périot remplaça
Pierre Richard comme prieur-curé de Saint-André-Treize
Voies. Son premier acte est du 31mars 1687, ses derniers sont de la
fin de 1707.
Il
eut successivement pour vicaires :
François
Abbin (février 1688-décembre
1688).
Jean
Desbois (janvier 1689-mai 1694).
J.
Lechuin (1694).
P.
Bizet (juillet 1694-commencement
1696).
J.
Renaud (1700).
P.
Sauvaget enfin, que l'on retrouve
depuis 1704 jusqu'à sa mort 1751, et qui mérite d'être
compté parmi les curés de la paroisse.
P.
Sauvaget, qui paraît être
fils d'Antoine et de Catherine Le Sens, se fit prêtre et résida
toute sa vie à Saint-André comme prêtre habitué,
habitant ordinairement sa maison d'Izereau.
Après
le départ de M. Périot, il exerça les fonctions
de recteur-prieur, et quoiqu'il n'en porta jamais le titre, nous le
voyons à peu près seul transcrire les actes de catholicité
de 1708 à 1713. On le retrouve encore assez souvent pendant
les trois années qui suivent, puis de plus en plus rarement
jusqu'à sa mort. Il mourut à Izereau, âgé
de soixante-dix-huit ans, le 19 octobre 1751.
Guillaume
Rogier prend le titre de "prêtre
tenant la place du prieur" pendant les années 1713 et
1714; à partir du 4 janvier 1715, il est bien "le prieur"
de la paroisse.
Suivant
une pièce du 6 octobre 1736, M. Rogier mourut en 1736, et sa
succession, ayant été abandonnée, revint au seigneur
de Vieillevigne, à l'exception de ce qui fut payé à
Mathurin Poland, son créancier.
Ce
fut sous M. Rogier que le seigneur de la Grelière, André-Louis
Le Geay, fit plusieurs legs à l'église et aux pauvres
de la paroisse de Saint-André par testament passé à
Luçon, le 4 juin 1730: Citons seulement la disposition suivante
:
"Je
donne mon habit de drap glacé argent, avec la veste, à
l'église paroissiale de Saint-André-Treize-Voix."
(Soc. d'Emulation de la Vendée, 1878,
p. 228.)
François
Hory prit possession du prieuré
et de la cure, le 2 mars 1738, et resta à Saint-André
jusqu'en 1744, époque à laquelle il devint chanoine
de N.-D. de Nantes. Il eut pour vicaires :
N.
Sondaine (1738).
J.
Farely (1739).
O.
Hegerty (nov. et déc.
1739).
M.
Lehoux (1740).
Godeau
(juillet 1740-janvier 1745).
Jean-Baptiste
Fleriau (avril 1741-novembre
1744).
Barrette
(nov. 1741-1742).
Jean
Duval. "Le 18 octobre 1744,
noble, vénérable et discret Messire Jean Duval, ancien
chanoine de l'église collégiale de Notre-Dame de Nantes,
a pris possession de cette cure, ayant permuté son canonicat
avec noble, vénérable et discret Messire François
Hory, prieur-recteur de cette paroisse." Il mourut le 15 février
1750 et fut enterré dans son église paroissiale le lendemain.
Il eut pour vicaires :
J.F.
Gleus (novembre 1744-juillet
1745).
Ch.
de Mirel (1746).
N.
Guillaume (1748).
René
Le Roy (1750).
Jean-Baptiste
Serin, qui s'intitule d'abord
"vice-gérant", le 5 mars 1750, parait comme prieur-curé
à partir du 6 mai suivant. Sa dernière signature est
du 19 juin 1753.
On
trouve avec le titre de vicaire M. Gault, en
1750, puis comme prêtres J.
Legrand, en 1752, et
M. Janvier, en 1753.
Charles
Maray, qui était curé
de Saint-Hilaire-la-Forest, fut nommé à Saint-André,
le 8 juillet 1753. Il mourut dans son presbytère à l'âge
de cinquante-deux ans, le 15 mai 1762, et fut enterré le lendemain.
Sa tombe se trouve encore dans le cimetière, à côté
de la croix. La pierre qui la recouvre à fleur de terre porte
d'un côté une étole et de l'autre l'inscription
suivante :
"Ci
gist le corps de M. Charles Maray, prêtre P. de ce lieu, décédé
le 16 mai 1762. Priez Dieu pour lui."
M.
Maray fit aboutir un de ses plus chers désirs et de ceux de
ses paroissiens en dotant son église de deux cloches nouvelles,
ainsi que l'atteste l'acte suivant :
"Le
7 octobre 1755, ont été benittes les cloches de la paroisse
de Saint-André de Treize Voix. A été parrain
de la première, Mre César-Nicolas-Guillaume
de Martineau, seigneur de la Chevrattière, la Roussière,
la Barboire et autres lieux, et a été marraine haute
et puissante Charlotte - Marguerite –Julie Chevalier, épouse
de haut et puissant Alexandre de Goulaine, seigneur du Retail (Legé),
les Mesliers, la Garde ; a été parrain de la seconde,
Messire Charles Maray, prieur-recteur de cette paroisse, et marraine
Dlle Françoise
Bonnisseau,veuve de noble homme maître René Girard,vivant
sieur de la Vrillière ; la cérémonie ayant été
faite par très vénérable et très discret
Messire Paul Michenot, prêtre, curé de la Grolle, en
vertu des pouvoirs à lui accordés par M. l'abbé
de Mazières, vicaire général de Monseigneur l'évêque
de Nantes, qui a signé ;
P.
M1CHENOT."
M.
Maray eut pour vicaire l'abbé André Vinet
qui paraît sur les registres
à partir du 8 septembre 1753, et qui mourut âgé
seulement de trente ans, le 2 février 1756.
M.
Vinet eut pour remplaçant M. J.
Buaud, qui prit le
titre de "vice-régent" entre la mort de M. Maray
et la nomination de son successeur. Son dernier acte comme vicaire
est du 27 juin 1784.
Joseph
Le Quimener, né en 1728,
paraît pour la première fois comme recteur de Saint-André-Treize-Voies
le 22 juin 1762. Il l'était encore en 1791. Il est également
désigné comme bénéficier du prieuré
de Saint-Haiennent (c'est-à-dire de Saint-André), de
l'ordre de Saint-Augustin, qui lui donnait un revenu de 677 livres.
Voici
sur ce prêtre la notice que lui consacre M. l'abbé Baraud
dans son livre sur le Clergé vendéen victime
de la Révolution (tome
1er,
page 268) :
"M.
Joseph Lequimener, né à Mesquer (Loire-Inférieure),
et ancien vicaire de Vieillevigne, était curé à
Saint-André-Treize-Voies, lorsque vinrent à éclater
les événements de 1793. Il refusa le serment, ainsi
que son vicaire, M. Peigné. Ayant été dénoncés
tous deux par le district de Montaigu (lettre du 6 février
1792), M. Lequimener se réfugia dans sa paroisse natale. Mais
les pourvoyeurs de Carrier surent découvrir sa retraite et
aussitôt fut pris un arrêté pour s'emparer de sa
personne.
"Le
3 janvier 1792, le Directoire du District, instruit que le sieur Lequimener,
prêtre réfractaire, résidant à Mesquer,
ne cesse d'écarter (ses paroissiens) par sa présence
du culte salarié de la nation et de susciter des insultes et
des menaces au curé constitutionnel du lieu, et considérant
que la municipalité de Mesquer ne s'est pas mise en devoir
de faire exécuter à son égard l'arrêté
du conseil du département du 9 décembre dernier, et
sur ce, ouï le procureur-syndic, arrête que le sieur Lequimener
sera conduit au chef lieu du département et qu'en conséquence
M. le commandant du bataillon de Mayenne-et-Loire sera requis de commander
vingt-cinq hommes de sa troupe pour se saisir de sa personne. Un procès-verbal
du commandant de ce détachement, du lieutenant de grenadiers
Bernard, atteste l'arrestation du recteur, trouvé fuyant avec
un sac de peau garni d'effets et porté par son soi-disant neveu,
une perquisition amenant la découverte, dans sa maison, d'un
autel pour célébrer les offices, et l'enlèvement
immédiat de la pierre sacrée, de canons d'autel et de
quatre livres de piété."
L'officier
termine en disant : "Nous l'avons conduit, ainsi que
son prétendu neveu, à Guérande, dans le corps
de garde, pour y rester jusqu'à la réclamation du Directoire85.
( Arch. municipales de Guérande.)
Vers
la fin de son séjour à Saint-André, M. Lequimener
inscrivait la note suivante à la fin de son registre de l’année
1789 : "Fin de l'année mil sept cent quatre-vingt-neuf,
froid pendant deux mois horrible, poissons de mer et d'eau douce,
tout à périt, vignes, etc..."
La
nature elle-même semblait faire présager le souffle révolutionnaire
qui devait bouleverser si terriblement les provinces de l'Ouest et
la paroisse de Saint-André en particulier. Dès le mois
de juillet 1791, la persécution arrivait à Saint-André
et le pasteur légitime était chassé de son presbytère
et remplacé par un prêtre intrus.
Pendant
son ministère, M. Lequimener avait d'abord été
aidé par M. Buaud, puis
ensuite par son neveu, Jean-Baptiste Lequimener (17
août 1784-18 septembre 1788)86,
et enfin par l'abbé Antoine Peigné, qui
signe depuis le 21 janvier 1789 jusqu'au mois de juin 1791.
Voici
les notes de M. l'abbé Baraud sur ce dernier (loc. cit., p.
318).
"M.
Peigné, originaire de la Chapelle-Basse-Mer (diocèse
de Nantes), ordonné prêtre en 1788, fut vicaire à
Saint-André-Treize-Voies pendant quelques années. Au
moment de la Révolution, ne voulant pas accepter la Constitution
civile du clergé, il fut dénoncé par le district
de Montaigu, le 6 février 1792, et demeura encore à
Saint-André jusqu'au 13 juin. Alors il alla se cacher dans
sa paroisse natale et y vécut dix mois ignoré des révolutionnaires
et espérant leur échapper. Mais il fut bientôt
arrêté à la Guyonnière chez Mme
de la Gournerie,
le 19 février 1793, et envoyé à la prison des
Carmélites de
Nantes.
Les
privations et les mauvais traitements que ce prêtre y endura
altérèrent profondément sa santé. Aussi
quand, le 11 mars, il fut interné à la Permanence,
son cerveau était malade et deux mois après
il avait complèment perdu l'esprit.
Il
fut envoyé au Sanitat
le 18 mai, où il mourut après quatre mois
de détention,"
Les
registres de la paroisse de Saint-André déposés
au greffe de la Roche-sur-Yon donnent les dernières signatures
de M. Le Quimener et de M. Peigné au mois de juin 1791.
Cosme-Damien
Rapicau, prêtre, curé
constitutionnel de
la paroisse de Saint-André, baptise pour la première
fois, le 27 juillet 1791. Considéré comme schismatique
par la presque totalité de ses paroissiens, il ne fut aucunement
regretté au moment de sa mort qui arriva peu après.
Dans les archives de la mairie on trouve son acte de sépulture
ainsi rédigé
Le
28 septembre 1792, a été inhumé dans le cimetière
de ce lieu, par moi curé soussigné, le corps de Cosme-Damien
Rapicau, curé de cette paroisse, décédé
la veille, âgé d'environ 65 ans, en présence de
MM. Bomier et Delmossé, curé de Mormaison et Vieillevigne,
et autres habitants qui ont signé avec nous." Suivent
les signatures de Dubucquois, curé
de l'Herbergement ; Bommier, curé
de Mormaison, et Delmosé, de
Vieillevigne, tous prêtre jureurs.
Les
deux premiers, amis personnels du défunt, le remplacèrent
pendant quelque temps. On trouve aussi, à partir du 17 octobre
1792, plusieurs actes rédigés par un Rapicault,
curé de Mézeray,
et fils du prêtre jureur de Saint-André.
Le
registre de 1792 est clos par
M.
Maroilleau, curé constitutionnel
de Saint-André, signe
les registres à partir du 2 décembre 1792. Ce prêtre
ne resta guère plus de trois mois dans la paroisse.
Né
à Talmont, le 13 novembre 1765, il fut nommé, en juillet
1790, vicaire des Brouzils. Ayant prêté serment, ses
paroissiens indignés le chassèrent et le poursuivirent
de leur huées jusqu'aux landes de Corprais. En compensation,
les patriotes et l'assemblée électorale de Montaigu
l'élurent, le 5 mai 1791, curé constitutionnel de Saint-Georges-de-Montaigu,
où il fut installé le 24 juillet suivant. Très
mal accueilli dans sa nouvelle paroisse, il faillit être lapidé
et ne fut maintenu à son poste que par les autorités
républicaines jusqu'au 21 novembre 1792. Il passa de là
à Saint-André87.
A
l'abolition du culte, Louis Maroilleau se retira à Montaigu,
où il devint membre du Comité révolutionnaire
du district et fut spécialement chargé de faire partir
les jeunes gens pour l'armée. Le poste n'était pas sans
danger, et, un jour, meurtri de coups, il se réfugia à
Fontenay pour échapper à la mort. Il venait de rentrer
à Montaigu, lorsqu'au mois de mars 1793, il fut fait prisonnier
par les Vendéens.
Il
subit une captivité de huit mois et fut délivré
avec les autres prisonniers républicains en faveur desquels
Bonchamps blessé agit d'une manière si touchante, au
moment du passage de la Loire. Maroilleau se retira alors à
Nantes. Se trouvant dans une grande gêne, il adressa, le 24
frimaire, une pétition au département de la Loire-Inférieure
"tendant à obtenir un secours de 200 livres pour aider
à sa subsistance, jusqu'à ce que sa santé et
les circonstances lui permettent de rentrer dans sa paroisse".
Il reçut le secours demandé, mais n'osa pas sans doute
retourner à Saint-André, car le 23 germinal au II, nous
le voyons à Poitiers, d'où il écrivit aux administrateurs
du département de l'Ouest, à Fontenay, pour réclamer
une nouvelle allocation.
Il
fait valoir que sa détention lui a occasionné de longues
maladies et il prétend que lors de la prise de Montaigu par
les brigands il fut laissé pour mort, pendant dix heures, percé
de vingt coups de baïonnettes. Il atteste que sur son traitement
de 1500 livres, qu'il devait recevoir comme curé de Saint-André,
il n'a touché qu'un secours provisoire de 200 livres. Enfin,
il fait observer qu'il a renoncé aux fonctions de son état.
Un
mois après, n'ayant reçu aucune réponse, il adresse
une nouvelle réclamation infructueuse et il demande qu'on le
mette sur le tableau des prêtres qui ont renoncé à
leur état.
Le
6 messidor, il envoie encore une autre lettre qui n'a pas plus de
succès, et il déclare qu'il ne vit que d'emprunt.
Le
gouvernement n'avait pas encore fait droit à ses réclamations
lorsque Bonaparte rétablit la liberté du culte en France.
M.
Maroilleau reconnut alors ses erreurs et il les rétracta. Après
cette soumission, Mgr
Bailly,
évêque de Poitiers, proposa sa nomination à l'approbation
du premier consul, le 14 fructidor an XI, et il lui donna le poste
de curé de Viennay, près de Parthenay. Mais le désir
de M. Maroilleau était de retourner dans son diocèse
d'origine. Il obtint cette satisfaction en 1811 ; Mgr
Paillou,
évêque de la Rochelle, le nomma à la cure de Jard,
où il mourut le 22 octobre 1816.
Voici
comment fut rédigé son acte de décès
"Le
24 octobre 1816, a été inhumé par moi, curé
soussigné, le corps de M. Louis Maroilleau, prêtre, desservant
de Jard, Saint Vincent et Saint-Hilaire la-Forêt, âgé
de cinquante-cinq ans environ, en présence des soussignés
Daniel, curé de Talmont, Terrien, desservant à Avrillé."
(Reg. paroissiaux de Jard.)
Durant
toute la période révolutionnaire, les
pieux habitants de Saint-André-Treize-Voies furent obligés
d'avoir recours aux prêtres insermentés des paroisses
voisines..Pourtant leur vicaire, M. Peigné, resta encore quelque
temps caché parmi eux et nous le voyons faire un baptême
le 13 juin 1792, ainsi que l'atteste un registre reconstitué,
en 1803, par M. Valton, et dans lequel on a transcrit après
plusieurs mois et même plusieurs années les actes de
baptêmes, de mariages et de décès, dont le souvenir
n'avait pas été oublié.
Voici
les noms des prêtres marqués sur ce registre, comme ayant
administré les sacrements dans la paroisse de Saint André-Treize-Voies.
1792.
Baptêmes à la maison par M. Amiaud, vicaire
à Saint-Sulpice-le-Verdon ; Mitrecey, le
célèbre curé de la Grolle ; Peigné,
vicaire à Saint-André.
Baptême par un laïque revalidé neuf mois après
par M. Vacquet, prêtre
caché en Boufféré. On trouve aussi la signature
de Mangeard, prêtre.
1793.
Les prêtres dont il est fait mention sont : MM. Amiaud,
curé de Mormaison et vicaire
de Saint-Sulpice ; Bizeul, vicaire
de Vieillevigne, qualifié de dangereux propagateur
des principes contre révolutionnaires88
; Vinet, le
vénérable curé de Saint-Sulpice ; Bertin,
vicaire de Château-Thébaud
; Hervouet, vicaire
de Bouaine ; Mitrecey, curé
de la Grolle ; Vacquet, curé
de Boufféré.
1794.
Cette année nous donne les noms de MM. Hervouet,
Mitrecey, Amiaud, Bizeul et Goillandeau,
prêtre des Brouzils.
1795
96-97. MM. Amiaud, Bizeul et
Maneuvrier, vicaire
de Viellevigne.
1798
et 1799. M. Bizeul est
presque le seul prêtre auquel ont recours les habitants de Saint-André.
1800.
MM. Mitrecey, Graton, curé
de Mormaison ; de Buor, curé
de Boufféré ; Goillandeau, prêtre,
des Brouzils.
1801.
Souvent M. Savin, curé
de Rocheservière.
1802.
A partir du mois d'avril de cette année jusqu'au mois de février
1804, on trouve presque toujours M. Gratton, curé
de Saint-Sulpice-le-Verdon.
En
voyant tous ces noms, on serait tenté de croire qu'il n'y avait
pas encore de pasteur à Saint-André. II n'en était
rien. Depuis un certain temps déjà, depuis le Concordat
du moins, la paroisse avait un curé qui lui était propre,
mais sur le ministère duquel on n'a conservé aucun détail.
Ce curé s'appelait Augustin Minguet ; il
était né à Saint-André et avait exercé
le ministère dans le diocèse de Nantes. Pendant la Révolution,
il était venu se réfugier dans sa famille. M. l'abbé
Baraud (loc. cit. t.
III, p. 120) dit qu'il y a "incertitude sur le pays et le jour
de sa mort". Sur ce point nous pouvons renseigner nos lecteurs.
A la mairie de Saint-André ainsi qu'au presbytère, nous
avons trouvé son acte de décès qui lui donne
le titre de curé ou recteur de la paroisse.
Voici
en quels termes est écrit l'acte en question sur les registres
de catholicité du presbytère : "Le 8
mars 1803, a été inhumé le corps de M. Augustin
Minguet, prêtre, recteur de céans, décédé
au village d'Izereau, lieu de sa naissance, âgé d'environ
65 ans, fils de feux Etienne Minguet et Marie Droué ; ont été
présens à la sépulture Augustin Minguet, Jacques
Choblet, soussignés et autres. Signé R.
Valton, prêtre."
René
Valton. Ce prêtre était
né le 27 janvier 1759, à la Bruffière. Il arriva
à Saint-André vers la fin de février 1803 et
signa son premier baptême le 11 mars suivant.
A
peine installé dans sa paroisse, M. Valton s'occupa de recueillir
soigneusement et d'enregistrer les baptêmes faits çà
et là pendant la tourmente. Il en fit un long recueil auquel
il donna pour titre : "Registre des baptêmes
qui n'avaient pas été enregistrés, ou dont les
enregistrements ont péri dans la Révolution depuis 1791,
pour la paroisse succursalisée de Saint-André-de-Treize-Voies,
jusques à 1803 exclusivement."
Ce
recueil contient la liste de plus de deux cents baptêmes administrés
par des prêtres étrangers à la paroisse ou par
des laïques ; pour ces derniers les cérémonies
étaient suppléées plus ou moins tard par quelque
prêtre des environs. En deux circonstances seulement le supplément
de cérémonies fut fait par un prêtre constitutionnel,
le sieur Rapicault, au mois de juillet 1791 et au mois de septembre
1792. Comme on le voit, le pasteur intrus ne jouissait pas à
Saint-André d'une grande considération et il y avait
de longs loisirs, Les paroissiens fidèles préféraient
faire plus de chemin et courir toutes sortes de dangers pour trouver
un prêtre digne de leur confiance. Assez souvent le baptême
se faisait le jour même ou le lendemain de la naissance, à
Vieillevigne, à
la Grolle, à Mormaison ou à Saint-Sulpice, ce qui nous
indique que les prêtres fidèles résidaient habituellement
dans ces diverses paroisses ; en même temps, on ne peut s'empêcher
de constater le courage des paroissiens de Saint-André, qui
s'exposaient à tout afin de procurer de bonne heure le baptême
à leurs enfants nouveau-nés.
A
partir de 1795, les dangers devinrent sans doute moins grands et le
pays fut plus tranquille, car les baptêmes furent dès
lors accompagnés de toutes les cérémonies ordinaires.
M.
Valton resta peu de temps à Saint-André, neuf ou dix
mois environ, et fut nommé à la Boissière-de-Montaigu.
Voici
sur M. Valton quelques notes recueillies çà et là
:
Les
Chroniques paroissiales (tome
2, p. 289) lui consacrent les lignes suivantes : "René
Valton. Né à la Bruffière, ordonné le
19 décembre 1785, vicaire de Carquefou ; emprisonné,
déporté en Espagne, le 10 septembre 1792 ; y exerça
le métier de tailleur pour gagner sa vie. Il administra la
paroisse de la Boissière du 13 janvier 1804 au 5 octobre 1812
; curé de la Rabatelière en 1816 ; démissionnaire
en 1838, mourut à Montaigu, où il s'était retiré."
M.
le docteur Mignen dit à son tour dans sa chronique des Paroisses,
églises et cures de Montaigu (p.
134) :
"En
1837, le conseil municipal (de Montaigu) alloua une somme de 300 francs
à M. René Valton, précédemment curé
de la Rabastelière de 1816 à 1837, qui résidait
à Montaigu comme prêtre habitué.
Ce
prêtre, né à la Bruffière le 27 janvier
1759, de René et de Louisa Chevalier, mourut à Montaigu
le 26 octobre 1844, agé de quatre vingt cinq ans, léguant
aux pauvres de Montaigu une rente de 77 francs en titres à
4 ½ pour cent."
François-Aubin
Le Poupet. Ce prêtre, originaire
du diocèse de Coutances, était né le 17 mars
1774. En feuilletant les registres écrits de sa main, on remarque
que ce curé n'était pas toujours très familiarisé
avec la langue française ; il féminisait facilement
les noms communs et même les noms propres. Ainsi il écrivait:
cette diocèse
; Jantet, Jantette ; Chevalier,
Chevalière ; Martin,
Martine.
Comme
pour M. Valton, nous n'avons aucun renseignement sur le ministère
de M. Le Poupet, qui fut cependant plus long et dura, d'après
les registres, depuis la fin de décembre 1803 jusqu'à
la fin de mars 1812.
Depuis
cette dernière date jusqu'au mois de juin 1813, Saint-André
n'eut sans doute pas de curé, car durant ces quatorze mois
les registres ne donnent aucun acte. Il est à croire que dans
cet intervalle les baptêmes et peut-être même les
mariages se faisaient dans les paroisses voisines.
Hardy.
Il fut curé de Saint-André
du 10 juin 1813 au 3 juin 1814. A peine installé, il bénit
trois mariages le même jour, le 21 juin 1813. Ce prêtre
ne fit que passer à Saint-André, car il n'y resta qu'une
année. Peut être était-il déjà vieux
ou maladif ; du moins l'examen des registres le ferait supposer. On
y voit, en effet, à partir du 26 septembre 1813, que tous les
actes ne sont plus que signés de M. Hardy et que tout le reste
a été écrit d'une autre main. Deux actes sont
signés Cousin. On
peut présumer que ce Cousin était
peut-être l'instituteur qui se faisait ainsi le secrétaire
du curé et du maire.
Jean-Pierre-Hortaire
Damoville (4 juin 1814-28 août
1820). Il était né le 15 avril 1783, à Vesty,
dans la Manche et avait été ordonné prêtre
à la Rochelle, le 4 juin 1814. Il fut aussitôt placé
à Saint-André. Sous son ministère, le préfet
de la Vendée, M. Rogniat, autorisa, le 5 mars 1819, le maire
de Saint-André-Treize-Voies à accepter pour la fabrique
un legs de 300 francs, fait à cette dernière par dame
Jeanne-Angélique-Thérèse Choblet, épouse
du sieur René Blais.
M.
Damoville fut plus tard curé de Jard de 1820 à 1828,
puis de Nieul-le-Dolent.
Lecoq
(1er
octobre
1820-15 octobre 1823). Ce prêtre n'était probablement
pas d'origine vendéenne. Il ne resta que trois ans à
Saint-André. Il signa son dernier acte de baptême le
13 octobre 1823.
Après
M. Lecoq, la paroisse resta sans curé jusqu'à la fin
de juin 1825. Dans cet intervalle, le service religieux fut fait simultanément
par M. Véneri, curé de Boufféré, et par
M. Heullin, curé de Saint-Sulpice. En rédigeant les
actes de baptême, M. Véneri note toujours que la cérémonie
a été faite dans l'église de Boufféré
; M. Heullin, au contraire, ne donne pas la mention du lieu. Notons
aussi en passant que, contrairement à tous ses confrères
qui se désignent sous le nom de desservants, M.
Véneri signe toujours en mettant le titre de curé.
Sans doute que pour lui ce mot
de desservant rappelait
un peu trop quelques-unes des idées amenées par la Révolution.
"L'an
mil huit cent vingt-cinq, le premier mars, le Conseil municipal de
Saint-André-Treize-Voies, a délibéré sur
l'échange du presbytère actuel contre l'ancien presbytère
appartenant présentement à M. Rayneau.
D'après
l'évaluation des experts, MM. Douillard, l'ensemble de la maison
Rayneau vaut 5.900 fr. et celle de la commune 2.800 fr. C'est donc
3.100 fr. que la commune devra payer en retour d'échange."
Jean-Louis.
Piveteau (1er
juillet
1825-20 décembre 1842). Ce prêtre resta curé de
Saint-André plus de dix-sept ans. Aucun autre n'avait fait
un aussi long stage depuis la Révolution.
Sous
M. Piveteau, la fabrique de Saint-André reçut deux ordonnances
royales en sa faveur.
Par
la première, datée du château de Saint-Cloud,
le 5 octobre 1825, Charles X autorisa le trésorier à
accepter un legs de 400 francs fait par dame Marguerite Michaud, veuve
du sieur Bertin, de Bois-Joly.
Par
la seconde en date du 1er
mars
1829 ; le même Charles X autorisa également l'acceptation
d'un legs de 420 francs, fait par Madeleine Brochard, épouse
du sieur Douillard, décédée aux Arcis.
Voici
encore quelques autres faits notables sous le ministère de
M. Piveteau.
Le
6 octobre. 1830, Mgr
Soyer
accorda à M. Benjamin Gouraud, supérieur du Séminaire,
le pouvoir d'ériger le Chemin de la Croix dans l'église
de Saint-André, avec toutes les indulgences attachées
à cette dévotion. Cette érection fut faite le
10 du même mois, en présence des principaux paroissiens
qui signèrent le procès-verbal.
Au
mois d'avril 1833, une cloche fut placée dans le clocher ;
c'est la plus grosse des deux qu'on voyait dans l'ancienne église.
Voici l'inscription qu'on lisait tout autour :
"J’ai
été nommée Rose-Françoise par M. Sauvaget
François-Sébastien, parrain, et par Dme
Luneau, née
Rose-Jeanne Sauvaget, ma marraine. Alors étaient maire, M.
Luneau Alexis ; curé, M. Piveteau Jean-Louis ; trésorier,
M. Choblet Eugène-Etienne ; MM. Gris François-René,
Brenon Pierre, Bujeau François-Etienne, Gaudemerre Pierre.
marguilliers.
Fondue
par Voruz frères (Nantes), avril 1833."
Vers
cette époque la paroisse de l'Herbergement, qui était
déjà séparée de fait de celle de Saint-André,
fut canoniquement distraite par des actes authentiques. Le 26 mars
1840, une ordonnance royale avait érigé l'Herbergement
en succursale. A son tour, Mgr
Soyer
rendait aussi une ordonnance, le 7 avril suivant, pour autoriser cette
séparation.
Dans
la tradition populaire, M. Piveteau a laissé le souvenir d'un
prêtre tout plein de dignité sacerdotale ; ses paroissiens
avaient pour lui un grand respect, ce qui ne les empêchait pas
de l'aimer aussi comme un père. Malheureusement, M. Piveteau
n'était guère favorisé au point de vue de la
santé et le courage dut suppléer plus d'une fois aux
forces languissantes. La dernière année de sa vie, il
eut beaucoup de peine à remplir les fonctions de son ministère
De mai en décembre 1842, il ne put même pas rédiger
les actes des Registres qui sont écrits et signés par
une autre main. La rédaction en est faite le plus souvent par
M. Allain, qui signe
prêtre délégué.
M.
Piveteau mourut dans les derniers jours de décembre 1842 et
fut inhumé dans le cimetière de la paroisse. L'acte
de sa sépulture ne fut point dressé dans les Registres,
mais des vieillards se rappelaient encore, il y a quelques années,
avoir assisté à la cérémonie funèbre.
Le seul monument qu'on mit sur le tombeau de ce digne prêtre
fut une vieille pierre tombale qu'on roula au-dessus de ses restes
mortels.
Jacques-Jean-Baptiste
Lory (12 février 1843-12
mars 1849). Originaire de Challans, M. Lory était issu d'une
famille bien connue dans cette petite ville et très estimée
encore aujourd'hui91.
Il arriva à Saint-André le 12 février 1843, après
avoir été vicaire de la Roche-sur-Yon92,
puis curé de Pouillé, où il succéda au
trop célèbre Guicheteau, et curé de N.-D du Bourg-des-Herbiers
de 1832 à 1839. C'était un homme d'un caractère
très doux et des témoins se rappellent encore avec quelle
bonté excessive il reprenait les enfants du catéchisme
qui abusaient souvent de sa mansuétude. Naturellement la douceur
du nouveau curé ne tarda pas à lui attacher tous les
coeurs.
Quelques
mois après son arrivée, M. Lory eut la douleur d'assister
à la mort d'un prêtre, jeune encore, et originaire de
Saint-André. Ce prêtre se nommait M. Alexis-Jean-Baptiste
Fonteneau. Né
à la métairie de la Mazure, le 3 septembre 1811, il
avait été vicaire de Saint-Hilaire-de-Talmont, puis
curé de Treize-Vents de 1837 à 1842. Forcé par
la maladie de donner sa démission, il s'était retiré
chez sa soeur, Rose Fonteneau, mariée à Guillaume Brenon,
au Logis de la Grelière. C'est là qu'il mourut le 29
janvier 1844.
Le
17 avril de cette même année, M. Lory, avec le concours
d'un religieux jésuite, érigea à nouveau dans
l'église les stations du Chemin de la Croix. Dans sa lettre
autorisant cette érection, Mgr
Soyer
voulut faire une faveur à la paroisse de Saint-André.
"J'accorde, écrivait il à M. le curé quarante
jours d'indulgence à toutes les personnes qui feront leur prière
du matin ou du soir, ou qui réciteront trois Pater
et trois Ave, devant
la croix que vous désignerez parmi celles, en grand nombre,
qui sont élevées sur votre paroisse. Je vous engage
à choisir, pour jouir de ce privilège, la croix qui
vous paraîtra la plus convenablement placée pour attirer
vos fidèles paroissiens"
Ainsi
que le remarquait Mgr
Soyer,
les croix étaient alors nombreuses sur le territoire de Saint-André.
Elles ne le sont pas moins encore aujourd'hui. Chaque village a sa
croix, et il n'est presque pas de carrefours, dans les chemins, qui
ne montrent aux voyageurs le signe sacré.
A
moins d'un kilomètre de distance, le bourg de Saint-André
est entouré de sept à huit croix et il y en a encore
autant sur la route de l'Herbergement à Vieillevigne, qui traverse
la paroisse pendant à peine une lieue.
Parmi
ces dernières, il y en a une dont il ne reste plus que des
débris recouverts d'épines ; mais le propriétaire
la traite comme une relique sacrée et il se garde bien d'y
toucher quand il coupe son buisson. A cette croix s'attache une coutume
de temps immémorial. Chaque fois qu'un cortège funèbre
passe en cet endroit, un parent ou un ami du défunt ne manque
jamais de planter au pied une minuscule croix de bois faite de deux
petites baguettes. Cet usage se remarque également pour beaucoup
d'autres croix dans la contrée.
Quelle
est la véritable raison de cette pieuse coutume ? Il serait
bien difficile de le dire ; mais il ne peut y avoir là qu'un
acte inspiré par une bonne et sainte pensée. C'est au
moins un touchant souvenir de l'âme qui vient de partir pour
l'éternité et qui ne voudrait pas être oubliée
de ceux qu'elle a quittés ; c'est comme une prière continuelle
que cette âme adresse à Celui qui mourut sur une croix
pour la sauver.
De
toutes les croix érigées çà et là
dans la paroisse de Saint-André-Treize-Voies, les plus remarquables,
après le beau calvaire élevé à l'entrée
du bourg, sont la croix de la Mazure, celle de la croix Manchevérault,
celles de la Petite-Roche, de l'Andoussière, de Belle-Vue,
de la Chagnaie, d'Izereau et de la Ronde. Cette dernière, beau
monument en granit, remplace très avantageusement une vieille
et modeste croix de bois qui montrait encore, il y a cinquante ans,
les marques sacrilèges des coups de sabre qu'elle avait reçus
des soldats de la Révolution. Il est vraiment fâcheux
que cette précieuse relique n'ait pas été soigneusement
conservée. Elle aurait bien rappelé ce passé
où les habitants de Saint-André étaient si vaillants
pour défendre leur foi.
C'est
sous M. Lory que nous voyons pour la première fois un évêque
à Saint-André. Mgr
Baillés
y fit sa première visite le 14 septembre 1847 et donna la confirmation
à cent soixante douze personnes.
Quelques
semaines plus tard, le même évêque revenait à
Saint-André pour bénir une seconde cloche. C'est ce
que nous apprend le procès-verbal suivant de la cérémonie
:
"L'an
mil huit cent quarante-sept et le 28 octobre, fête des saints
Apôtres Simon et Jude, l'Illustrissime et Révérendissime
Père en Jésus-Christ, Mgr
Jacques-Marie-Joseph,
évêque de Luçon, après avoir célébré,
dans l'église de Saint-André-Treize-Voies, les saints
mystères, au milieu d'une affluence considérable de
fidèles, dont un grand nombre se sont approchés de la
Table Sainte, et après avoir exposé, dans une courte
allocution, l'objet pour lequel il s'était transporté
dans la paroisse, a béni solennellement, suivant les rites
et cérémonies du Pontifical romain, une cloche nouvellement
fondue par M. Voruz, de Nantes, à l'usage de la susdite église
de Saint André-Treize-Voies, et aux frais de la fabrique de
la même église, du poids de trois cents kilogrammes.
Le parrain a été M. Pierre Guichet, propriétaire,
et la marraine Mme
Marie
Minguet, l'un et l'autre de la dite paroisse de Saint-André,
qui ont imposé à la cloche les noms de Marie-Pierre-Jacques-Joseph."
Suivent les signatures.
Le
fondeur avait gravé cette inscription :
"J'ai
été baptisée par Monseign. l'illustris. et révérend.
Jacques-Marie Joseph, évêque de Luçon. Je me nomme
Marie-Pierre-Jacques-Joseph. J'ai eu pour parrain M. Pierre-François
Guichet et pour marraine Mlle Marie-Françoise
Minguet. M. L.-A. Guichet, trésorier de la fabrique ; L. Normand,
président du bureau ; J.
Vincent, secrétaire ; P. Minguet, président
du Conseil ; L. Tenaud, secrétaire. M. l'abbé Lory,
curé."
"Fonderie
de J. Voruz aîné (Nantes), Septembre 1847."
Le
12 mars 1849, le doux et pieux pasteur, M. Jean-Baptiste-Jacques François
Lory, rendait son âme à Dieu, muni de tous les secours
que la sainte Eglise donne à ses enfants mourants. Il fut inhumé
le surlendemain. Un nombreux clergé venu de tous les environs
assistait à ses funérailles, avec toute la paroisse
qui, par son empressement, sa tenue et ses larmes, montrait bien la
reconnaissance qu'elle avait pour le saint prêtre qu'elle venait
de perdre, après seulement six ans de ministère au milieu
d'elle.
Edouard
Goubant ( 2 avril 1849 au 25
février 1857). Ce nouveau curé était né,
en 1809, à Saint-Juire-Champgillon et avait occupé pendant
quelques années le poste de Saint-Cyr-des-Gâts.
Quelques
mois après l'arrivée de M. Goubant, la paroisse de Saint-André
fut visitée, pour la troisième fois, le 15 mars 1850,
par Sa Grandeur Mgr
Baillés,
qui administra le sacrement de confirmation à trente-huit enfants.
Dans cette visite, l'évêque condamna fortement un passage
qui s'était établi dans le cimetière. Un chemin
qui longeait le côté nord du cimetière était
souvent impraticable, surtout pendant l'hiver, et avait occasionné
l'abus dont il s'agissait, les habitants ayant pris l'habitude, depuis
de longues années, de passer par le champ des morts. Sur les
instances de Monseigneur, le chemin impraticable fut arrangé
convenablement et on cessa aussitôt de traverser le cimetière.
A
la demande également de Mgr
Baillés,
la chaire fut transportée de la nef dans le choeur de l'église,
pour le plus grand avantage des hommes qui se trouvaient dans la petite
tribune, en face de l'autel de la sainte Vierge, et qui pouvaient
ainsi mieux entendre la voix du prédicateur.
Enfin,
Mgr Baillés
revint pour la quatrième fois à Saint-André,
le 18 mars 1853, et administra le sacrement de confirmation à
soixante-quatre enfants.
M.
Goubant ne fut pas longtemps à Saint André sans y rencontrer
des difficultés, qui se changèrent bientôt en
véritable persécution. A son arrivée, il trouva
des abus que l'excessive bonté de son prédécesseur
avait plutôt tolérés que combattus il s'appliqua
donc à les faire disparaître et il y mit la plus vive
ardeur, ce qui lui attira l'inimitié d’un certain nombre.
Toutefois, la majeure partie de la population et les familles les
plus chrétiennes restèrent toujours sincèrement
dévouées à leur pasteur. Il sembla même
que le ciel se plut à bénir l'attachement de ces fidèles
pour leur curé, car c'est dans ces familles, où le nom
de M. Goubant est encore en bénédiction, que les vocations
religieuses ont germé en plus grand nombre.
La
première réforme entreprise par M. Goubant porta sur
la manière dont était réglé le paiement
des places de bancs dans l'église. Avant cette époque,
les bancs ne s'affermaient point légalement ; ils se payaient
très irrégulièrement et parfois même pas
du tout. Le nouveau curé commença par faire appliquer
les règlements en vigueur. Il y eut des récalcitrants
qui osèrent même poursuivre le trésorier de fabrique,
mais en définitive la justice appliqua la loi, et la question
des places de bancs se régla comme elle devait l'être.
Une
autre affaire des plus délicates surgit bientôt et suscita
contre M. Goubant une animosité dépassant toute mesure.
L'institutrice, Melle
Marie
Choblet, venait de mourir, laissant la réputation d'une personne
vertueuse et dévouée. Aussitôt l'Académie
nomma une nouvelle titulaire qui, sans doute, n'offrait pas les mêmes
garanties religieuses que l'ancienne, car M. le curé ne crut
pas devoir la favoriser et encore moins la recommander. Alors le parti
hostile entra en campagne contre le pasteur de la paroisse et il mit
dans ses attaques une violence inouïe ; des dénonciations
de toutes sortes furent envoyées à l'évêché,
à la préfecture, aux tribunaux. On alla même jusqu'à
fabriquer un véritable scan-dale. Une nuit, un jeune homme
soudoyé par ces malheureux égarés, et chaussé
de sabots qu'on avait fait faire en tout semblables à ceux
de M. Goubant, vint secouer avec violence la porte de la demeure de
l'institutrice. En même temps, des espions veillaient autour
de la cure, car on voulait la certitude que le curé y était
bien et qu'il ne pourrait pas opposer un alibi. Le lendemain on l'accusa
d'être allé, pendant la nuit, attaquer l'institutrice.
De telles infamies ne trouvèrent créance ni à
l'Evêché, ni à la Préfecture, mais la tempête
fut si forte que le respectable curé, tout innocent qu'il était
devant Dieu et sa conscience, crut devoir disparaître pendant
quelques semaines. Au mois d'octobre 1856, il quitta son troupeau,
comme s'il ne devait jamais revenir. Il reparut cependant à
la Toussaint, à la grande joie de tous ceux qui ne s'étaient
pas consolés de son départ. Mais la persécution
ne désarma pas et elle reprit bientôt. Alors M. Goubant
prit le parti de quitter définitivement Saint-André
et, au mois de février 1857, il se retira dans sa famille,
à Saint-Juire-Champgillon.
Pendant
que les meilleurs paroissiens de Saint-André étaient
désolés de perdre leur zélé pateur, ceux
qui l'avaient attaqué si odieusement célébraient
leur victoire de la plus triste manière, en tirant jusque dans
le cimetière des salves de coups de fusils.
Toutefois,
le triomphe de ces derniers fut de courte durée. Bientôt
la justice de Dieu sembla s'appesantir sur tous ceux qui avaient pris
part à cette injuste persécution. Ils disparurent les
uns après les autres dans la honte et le malheur, et aujourd'hui
on en chercherait vainement quelques-uns à Saint-André.
Les deux principaux instruments du scandale, la pauvre institutrice
et le triste jeune homme qui jouait, dans la nuit dont on a parlé
plus haut, le rôle du curé, finirent par se marier ensemble:
union bien digne et bien assortie. Etant partis du pays, ils habitèrent
pendant un certain temps dans la Beauce, mais bientôt la mésintelligence
se mit entre eux et ils se séparèrent. Le mari tomba
dans une misère profonde et n'eut d'autre ressource que de
mendier son pain de porte en porte. Un jour il mourut, dit-on, dans
une grange, à Foussais.
M.
Goubant eut pour vicaire M. Philippe Perraud qui
ne resta à Saint-André que du 1er
janvier
à la fin de juillet 1856.
Ferdinand-Clément-Athanase
Gourraud Il était né
à Chavagnes en-Paillers, le 15 novembre 1826, et avait été
ordonné prêtre le 22 décembre 1849. Pendant six
années, il avait exercé les fonctions de professeur
au petit séminaire des Sables et s'y était fait remarquer
par un jugement solide et un goût prononcé pour la belle
littérature. De 1854 à 1857, il s'était exercé
au ministère paroissial dans le poste de vicaire de Noirmoutier.
M.
Gourraud arriva à Saint-André le 8 mars 1857. La situation
était particulièrement difficile: la paroisse était
profondément divisée en deux partis qui se détestaient
avec une violence extrême. Par prudence, le jeune curé
se mit à écouter les plaintes des uns et des autres,
mais sans jamais manifester les sentiments intimes de son âme.
D'abord, cette discrétion, ce silence furent mal interprétés
et lui valurent plus d'un reproche injuste. M. Gourraud n'en continua
pas moins à tout accepter et à se taire toujours, et
il fit bien, car peu à peu la tempête s'apaisa et les
coeurs ulcérés revinrent à des sentiments plus
chrétiens.
Lorsque
le calme fut enfin rétabli, le nouveau curé fit donner
à sa paroisse les exercices d'une mission qui fut prêchée
par les PP. Coumailleau et Rocheteau, missionnaires de Chavagnes-en-Paillers.
Cette mission eut lieu en janvier 1860, et on la clôtura par
la bénédiction du beau calvaire en granit qui se dresse,
à la sortie du bourg, sur la route de Mormaison.
M.
Gourraud fut secondé, dans les débuts de son ministère
à Saint-André, par un jeune prêtre originaire
de Saint-Pierre-du-Chemin. C'était M. l'abbé Casimir
Coutanceau, mort depuis, curé
de Saint-Sornin, le 23 janvier 1910, et dont le grand'père
avait été guillotiné, en 1793, sur une place
de Fontenay, avec d'autres Vendéens fidèles à
leur foi. Ce nouveau vicaire arriva à Saint-André en
1860 et y resta jusqu'en novembre 1868. D'un caractère enjoué
et toujours aimable, il sut bien vite conquérir l'affection
de son curé et il l'aida puissamment à pacifier les
esprits divisés. Véritable artiste, il sut rehausser
la pompe des cérémonies par les décorations du
meilleur goût, en même temps qu'il faisait aimer le chant
de l'Eglise en publiant ce petit recueil qui a été depuis
si répandu dans le diocèse.
Voici
les principaux faits qui ont marqué le ministère de
M. Gourraud.
Le
7 mai 1857, la paroisse reçut la visite de Mgr
Delamare,
qui confirma quatre-vingt-quatre enfants.
A
son tour, Mgr
Colet
vint à Saint-André, le 11 mai 1862, et confirma cent
dix-neuf enfants.
En
1861, une bonne personne, Mlle
Rosalie
Luneau, offrit à la commune, pour en faire une école
de filles, une maison dont elle était propriétaire au
bourg de Saint-André, à la condition expresse d'y placer
des religieuses reconnues par l'autorité diocésaine
; elle se proposait, en outre, d'affecter à l'entretien de
cette maison une rente de 400 francs qui serait versée après
son décès.
L'intention
de la donatrice était bonne, mais les municipaux de Saint-André
n'étaient pas pour l'enseignement congréganiste, comme
on peut en juger :
"Attendu,
dit leur délibération, qu'il n'y a pas lieu d'ôter
à l'Université l'enseignement primaire pour le donner
à des congrégations religieuses ; Attendu que la maison
en question est très importante et qu'elle a été
bâtie dans des conditions qui laissent à désirer
pour sa durée future ; Attendu que la rente de 400 francs ne
sera servie à la commune qu'après le décès
de la donatrice, Mlle
Luneau
; Attendu que dans les conditions où elle est proposée
cette donation serait onéreuse à la commune, est d’avis
de refuser le projet de donation dont il est cas."
Cependant
les partisans de l'école congréganiste ne se tiennent
pas pour battus et ils poursuivent leur projet.
Le
26 octobre 1862, le conseil municipal de Saint-André reçoit
de M. le Préfet l'ordre de se réunir afin de donner
son avis sur la convenance et l'utilité de l'établissement
projeté dans cette commune par les soeurs de la communauté
de Mormaison pour l'instruction de la jeunesse et des soins à
donner aux malades pauvres de la paroisse.
Cette
fois encore, le conseil persiste dans son opposition pour les raisons
suivantes :
"Considérant
que la commune est pourvue d'une bonne école laïque de
filles, et que cette école est en pleine prospérité
; Considérant que la tranquillité règne actuellement
dans la commune, donne son avis négatif sur la convenance et
l'utilité de l'établissement projeté."
Tous
les membres présents, à l'exception du sieur Gris, signèrent
cette délibération.
Le
conseil municipal sur la question d'un vicariat à ériger
à Saint-André, se montra plus accommodant. Le 1er
février
1862, il donna son plein consentement pour demander cette érection.
Il est vrai que le vicariat ne devait rien lui coûter, la fabrique
ayant promis de payer le supplément de traitement.
Le
8 octobre 1865, pour la troisième fois, le conseil municipal
maintint son opposition dans l'affaire de l'école congréganiste,
et répondit à une demande faite par M. le Préfet
que la direction de l'école communale de Saint André
ne devait pas être changée et qu'il fallait la laisser
entre les mains d'une institutrice laïque.
En
1869, M. Gourraud, curé de la paroisse, bénit deux croix,
celle des Arcis le 16 mai, et celle des Bernardières le 17
septembre.
La
question de l'école reçoit enfin une solution définitive
en 1870. Mlle
Rosalie
Luneau, religieuse de l'ordre de la Sagesse, étant décédée
le 21 juillet 1866, la rente de 400 francs dont nous avons parlé
plus haut était désormais à la disposition de
la commune, dans le cas où celle ci remplirait les conditions
stipulées par la donatrice. Cette rente devait être versée
par les propriétaires de la métairie de la Boucherie,
en Saint-Sulpice-le-Verdon.
Le
conseil municipal de Saint-André donne son acceptation le 13
février 1870 :
"Vu
l'acte constitutif de la rente et l'avis de la famille Luneau qui
accepte les charges à elle imposées ; considérant
que la gratuité de l'instruction primaire des filles pauvres
de Saint-André-13-Voies se trouve suffisamment garantie et
que c'est avantageux pour la commune,
Est
d'avis d'accepter, comme de fait il accepte avec reconnaissance, et
ce aux conditions exprimées, la rente annuelle et perpétuelle
de quatre cents francs constituée par la dite dlle
Luneau
et payable à partir de son décès."
En
même temps le conseil demande la suppression de l'école
laïque.
"Le
conseil, vu la rente de 400 francs donnée pour l'école
congréganiste pour l'instruction des filles pauvres de la commuue,
et acceptée par lui ce jour, croit devoir refuser le traitement
de l'institutrice laïque pour 1871, attendu que l'école
de cette dernière ne peut coexister et devient même très
onéreuse pour une commune qui n'a aucune ressource, demande
la suppression de l'école au 1er
janvier
1871."
Une
autre délibération du conseil municipal, à la
date du 3 décembre 1871, s'occupe encore de cette question
d'école. Le conseil renouvelle son acceptation de la rente
de 400 francs, à la condition que tous les frais, enregistrement
et autres, soient à la charge des religieuses. Le maire fait
ensuite connaître que la Supérieure générale
des Religieuses de Mormaison a demandé, le 16 octobre 1870,
que dame Sophie Bazin (en religion Sainte-Marie Sainte-Anne) qui dirigeait
l'école libre de Saint André, soit admise comme institutrice
communale. Le conseil donne son consentement et ratifie le traité
passé entre la Supérieure générale et
le maire de Saint-André. D'après ce traité, les
religieuses prêteront à la commune la maison qui leur
sert d'école, ainsi que le mobilier scolaire qui leur appartient,
sans réclamer d'autre indemnité à la commune
qu'une somme annuelle de trente francs qui leur sera versée,
tant qu'elles rempliront les fonctions d'institutrices communales,
plus bien entendu la rente de la famille Luneau.
En
même temps, le conseil municipal, considérant que l'école
laïque de filles est fermée depuis le mois d'octobre 1870,
à peu près faute d'élèves, prie M. le
Préfet d'approuver la délibération le plus tôt
possible, afin qu'on puisse dresser sans retard la liste des élèves
à admettre gratuitement dans l'école des congréganistes
auxquelles le conseil et la population désirent que l'instruction
des petites filles soit confiée.
Enfin
cette délibération fait connaître que l'institutrice
laïque est partie depuis le mois d'octobre 1870, et que son habitation
a servi de corps de garde pour
la garde nationale.
En
1872, il y a toujours refus de la part du conseil municipal qui ne
veut pas payer les frais d'enregistrement pour la rente Luneau. Le
17 novembre, il donne enfin son consentement, mais â la condition
que tous les arrérages dus précédemment seront
versés à la caisse municipale.
Pendant
que cette affaire d'école approchait de sa solution définitive,
la paroisse recevait la visite de Mgr
Colet,
le 25 juin 1871. Pour la première fois, on voit se poser une
question bien urgente, celle de la reconstruction de l'église.
Depuis un certain temps déjà, la fabrique avait commencé,
dans ce but, la réalisation de quelques économies et
elle possédait une somme de 9.000 francs. Sa Grandeur bénit
le projet et exprime des voeux pour qu'on puisse l'exécuter
dans un avenir prochain.
Avant
de raconter l'histoire de la reconstruction de l'église, il
nous faut faire connaître une oeuvre faite en faveur des curés
de Saint André, et qui vient de disparaître dans les
injustes spoliations de ces dernières années. Les pièces
qui l'établirent méritent d'être citées
en entier pour que la postérité conserve la mémoire
de cette homme généreux, ancien trésorier de
fabrique, qui s'appelait M. Jean-Cyprien Oiry.
Voici,
avec son orthographe, le testament dans lequel il léguait ses
biens à la mense curiale de Saint-André :
"A
nom de la très sainte Trinité
Père,
Fils et Saint-Esprit.
Je
déclare que ceci est mon testament et je veux qu'il soit fidellement
exécuté après ma mort.
Je
donne tous mes biens meubles et immeubles à la cure succursale
de Saint André treize voies afin que la propriété
et jouissance en soit attribué à M. le Curé du
dit Saint André treize voies et à ses successeurs a
perpétuité à charge de remplir les clauses et
conditions suivantes.
Je
donne à Victoire Renaudin, ma domestique, tout le mobilier
de la cuisine et celui de la boulangerie, tout le bois de chauffage,
bouré et mani qui se trouvera à mon décès,
de plus la vache et son veau et porc, je lui donne la jouissance jusqu'à
sa mort de tout le pourprie que je jouis excepter le pressoir, la
vigne, le celier, le corps de la maison et la moitié du jardin,
elle aura le droit de mettre ses grains dans le grenier de la maison,
M. le curé lui fournira tous les ans jusqu'à sa mort
quatre barique du vin du fief du Gré, le métayer lui
fera ses terres à son besoin charois et labours et lui donnera
paille, buaille et genet comme est porté dans la ferme, elle
profitera des bois et fournilles de tout ce que je lui donne en jouissance
et de plus une corde de bois tous les ans.
A
sa mort, M. le Curé entrera en jouissance de tout. Je charge
M. le Curé des frais de sépulture,levée de corps
à ma demeure et deux services, un de huitaine et l'autre anniversaire
en première classe et garniture de cierges neufs et quatre
trentins de messes chantées.
Je
veux être enterré à côté de ma femme
au lieu marqué dans le cimetière ; les frais de décellement
et recellement, colonne avec inscription pareille à celle de
ma femme et de plus l'entretien perpétuel des deux tombes seront
au charge de M. le curé, de plus l'entretien de la croix de
la Petite-Roche ; à cet effet l'argent que je laisse à
ma mort sera mis à payer tous les frais dont je viens de parler.
Je
donne aux pauvres toutes mes hardes et chemises que ma domestique
distribura.
M.
le curé servira à Alexandre Cyprien Thibaud, mon filleul,
une rente annuelle de cent francs sa vie durante, à Adelaïde
Brenon femme a Baritaud une rente égallement annuelle de cinquante
francs,à Louise Thibaudeau filleule de ma défunte femme
une rente annuelle de cinquante francs, toutes ses rentes s'éteindront
à la mort des légataires. M. le curé servira
aux religieuses de Mormaison une rente annuelle et perpétuelle
de deux cent francs exempte de tout frais ; il leur laissera de plus
la moitié du mobilier dans le salon et petite chambre, à
la charge par les religieuses d'instruire six petites fille pauvre
de Saint André treize voies au choix de M. le curé ;
je prie les bonnes soeurs de ne pas nous oublier dans leur prières
et communion le repos de nos âmes. Je charge M. le curé
de chanter ou de faire chanter dans l'église de Saint André
treize voies deux messes chaque mois a perpétuité pour
le repos de mon âme et de celle de ma défunte femme et
de mes pères et mères.
Ses
rentes perpétuelles ne pourront être amorties.
Je
révoque et annulle tout testament fait antérieurement
aux personnes autres et aux présentes dispositions si mes volontés
étaient contrariés par ma nièce Emelie Malecot
femme Thibaud son mari serait par le seul fait déchu de tout
droit à la rente annuelle de cent francs qui lui est fait par
le présent testament et cette rente ferait retour à
M. le curé de Saint André treize voies et à ses
successeurs.
Tous
les frais de mutation et enregistrement seront à la charge
de M. le curé de Saint André treize Voies.
Fait
à la petite Roche en Saint André treize voies le huit
septembre mil huit cent soixante dix.
Fait
écrit a son antier datté et signé de ma main.
Signé
: C. Oiry."
Codicille
du 1er
novembre
1874
Je
ratifie et confirme toutes et chacune des clauses de mon testament
en date du huit septembre 1870 à l'exception de l'article concernant
les religieuses, cet article est remplacé par le suivant.
"M.
le curé servira aux religieuses qui feront avec l'approbation
de monseigneur l'Evêque de luçon l'école à
Saint André treize voies une rente annuelle et perpétuelle
de 200 francs exempte de tous frais ; il leur laissera de plus la
moitié du mobilier du salon et de la petite chambre à
charge par les religieuses d'instruire gratuitement six petites filles
pauvres de Saint André treize voies.
Fait
à la petite roche en Saint André treize voies le 1er
novembre 1874.
Signé
: C. Oiry."
Ce
testament olographe de M. Oiry fut approuvé par décret
présidentiel le 19 juin 1877. Voici les divers articles de
ce décret.
Le
Président de la République...
Le
Conseil d'Etat entendu,
Décrète
Article
1er
"Le
desservant de la succursale de Saint-André-treize-voies, Vendée,
est autorisé à accepter aux clauses et conditions énoncées
et sous bénéfice d'inventaire le legs universel d'une
valeur d'environ 53.000 fr. fait aux titulaires successifs de cette
succursale par le sieur Jean-Cyprien Oiry, suivant les testament et
codicille des 8 septembre 1870 et 1er novembre
1874, à la charge notamment d'entretenir les tombes du testateur
et de sa femme, de chanter ou de faire chanter deux messes par mois,
de servir aux religieuses qui feront, avec l'approbation de l'autorité
diocésaine, l'école à Saint-André-treize
voies, une rente annuelle et perpétuelle de deux cents francs
et laisser à ces Religieuses la moitié du mobilier de
son salon et de sa petite chambre à la charge par elles d'instruire
gratuitement six petites filles pauvres de Saint-André treize-Voies.
Les
sommes provenant de ce legs universel seront placées en rente
sur l'État au nom des desservants successifs de Saint-André
treize-Voies avec mention sur l'inscription de la destination des
arrérages aux charges imposées par le sieur Oiry. Les
soeurs préposées à l'école de Saint-André-treize-Voies
devront appartenir à une congrégation vouée à
l'enseignement et légalement reconnue. L'enseignement donné
dans l'école devra comprendre toutes les matières déclarées
obligatoires par les lois.
Article
2
Le
trésorier de la fabrique de l'église succursale de Saint-André-treize
Voies (Vendée) est autorisé à accepter le bénéfice
résultant en faveur de cet établissement du legs universel
fait à la succursale de Saint-André-treize-Voies par
le sieur Jean Cyprien Oiry suivant les testament et codicille olographes
des 8 septembre 1870 et 1er novembre
1874, à la charge notamment de chanter ou faire chanter deux
messes par mois à perpétuité.
Article
3
Le
maire de Saint-André-treize-Voies (Vendée), au nom de
cette commune et des pauvres, est autorisé à accepter
aux clauses et conditions énoncées le bénéfice
résultant des dispositions par lesquelles le sieur Oiry suivant
les testament et codicille des 8 septembre 1870 et 1er
novembre 1874 et
légués
1°
A la succursale de Saint-André-treize-Voies tous les biens
meubles et immeubles à la charge entre autres de servir annuellement
et à perpétuité aux religieuses chargées
de la tenue de l'école une rente de 200 francs pour assurer
l'instruction de six petites filles pauvres de la localité.
2°
Les hardes aux pauvres de la commune.
Article
4
Est
rapporté le décret du 14 mai 1877 qui a statué
sur les dispositions testamentaires du sieur Oiry.
Article
5
Le
Ministre de l'Instruction publique et des Cultes et le Ministre de
l'Intérieur sont chargés, chacun en ce qui les concerne
de l'exécution du présent décret."
Fait
à Versailles, le 17 juin 1877.
Signé
: Mal de
Mac-Mahon.
Par
le Président de la République,
Le
Ministre de l'Instruction publique et des Cultes,
Signé
: J. Brunet.
Par
ampliation :
Le
Conseiller d'Etat, chef de la 1re division
de l'administration des cultes,
Signé
: Ad. Tardif."
Comme
on le voit, la donation Oiry était entourée des garanties
les plus certaines, elle avait toutes les approbations désirables
et il semblait que l'oeuvre du généreux bienfaiteur
pouvait braver l'épreuve du temps. Il n'en a rien été.
Une spoliation prétendue légale a déjà
tout enlevé aux bénéficiaires qui ne se servaient
de ces largesses que pour le bien de la paroisse.
Nous
arrivons maintenant à la construction de la nouvelle église.
Comme partout ailleurs, Dieu seul saura tous les soucis que cette
entreprise causa au zélé curé de Saint-André
; on peut dire qu'il mourut à la tâche.
Le
2 janvier 1876, une souscription fut ouverte dans la paroisse ; au
1er octobre
elle atteignait la somme de 29.845 francs.
Pendant
qu'elle se poursuivait, le conseil municipal délibérait,
le 21 février, sur le projet présenté par M.
Perrin, architecte à Nantes, et il était d'avis :
1°
Qu'il fallait donner suite à la demande de construction, l'église
actuelle étant insuffisante, mais en présence de l'état
de pénurie de la commune, le conseil ne pouvait pour le moment
voter aucune somme, voulant auparavant en référer à
la décision des contribuables les plus imposés.
2°
Le conseil approuvait le plan présenté par M. Perrin,
architecte.
3°
Il autorisait le conseil de fabrique à prendre dans l'enclos
du presbytère le terrain nécessaire.
4°
Il concédait au sud de l'église actuelle une parcelle
de terrain communal également nécessaire à l'édifice
projeté.
5°
Il abandonnait à la fabrique tous les matériaux provenant
de la démolition.
Le
15 juillet suivant, le conseil municipal et les plus imposés
de la commune décidaient que l'impôt extraordinaire de
0 fr. 20 affecté à la construction des routes de Saint-André
à Rocheservière et du Moulin de la Chevrottière,
expirant à la fin de l'année 1877, serait continué
pendant douze ans, à partir du 1er
janvier
1878, savoir : 0 fr. 03 pour insuffisance de revenus, et 0 fr. 15
pour la reconstruction de l'église.
L'assemblée
décidait encore que M. le curé ne pourrait prétendre
qu'au produit annuel de l'impôt de 0 fr. 15 pendant les douze
années, et que les ressources de la fabrique et le montant
de la souscription devraient suffire pour l'église, la commune
ne pouvant s'imposer d'autres sacrifices Enfin un secours serait demandé
à l'Etat pour venir en aide à la construction projetée.
D'après
le calcul du Conseil municipal, les centimes devaient produire environ
une somme de 9.000 francs, soit, chaque année, 750 francs.
L'adjudication
des travaux pour la construction du choeur, du transept et de la première
travée, avait eu lieu le 8 mars précédent, et
M. Martineau, entrepreneur de Nantes, avait été déclaré
adjudicataire. Au mois de juin suivant, les travaux étaient
commencés et, le 19 août, ils étaient assez avancés
pour permettre la cérémonie de la bénédiction
de la première pierre. Ce fut au milieu d'une foule considérable
que M. Gabriel Gouraud, vicaire général de Luçon,
vint réciter les prières liturgiques sur le monument
qu'on allait élever.
Les
habitants de Saint-André avaient déjà pris à
coeur la nouvelle entreprise. Bien que simples cultivateurs et vivant
tous de leurs labeurs, ils avaient cependant donné une somme
considérable pour subvenir aux frais de construction ; mais
ils ne bornèrent pas là leur générosité,
et ils furent admirables de dévouement pour le transport des
matériaux nécessaires à l'édifice. A vrai
dire, leur bonne volonté fut bien activée par M. l'abbé
Jean Poupeau, alors vicaire de la paroisse, qui savait toujours les
décider à tous les sacrifices. D'après l'estimation
de l'architecte, ces charrois de toutes sortes, et toujours gratuits,
pouvaient être évalués à une somme de 9.000
francs.
Le
25 mars 1879, la population de Saint-André reçut une
première récompense de sa générosité.
La partie qu'on avait entreprise dans la construction de la nouvelle
église était terminée ; elle pouvait servir aux
exercices du culte ; les cérémonies y furent inaugurées
par !a bénédiction du monument et les fidèles
se pressèrent joyeux dans le nouveau sanctuaire.
Deux
mois plus tard, le 18 mai, la paroisse de Saint-André avait
l'honneur de recevoir, dans cette belle église, la première
visite de Mgr
Catteau
qui venait donner le sacrement de confirmation à soixante-douze
enfants. Voici en quels termes Sa Grandeur décrivait l'église
de Saint-André :
"Nous
félicitons M. le curé (M. Ferdinand Gourraud) du zèle
qu'il a déployé pour élever, à la gloire
de Dieu, un temple qui soit digne de ses paroissiens. C'est un magnifique
édifice gothique dont le plan a été donné
par M. Perrin. Déjà le choeur, le transept et la première
travée sont entièrement achevés. Les travaux
exécutés jusqu'à ce jour ont coûté
environ 90.000 francs, non compris les vitraux pour lesquels une somme
de 12.000 francs a été dépensée."
Cette
dernière somme relatée au procès-verbal avait
été fournie par une souscription ; une véritable
émulation s'était établie entre quelques familles
dont plusieurs avaient versé le prix d'un vitrail entier, qui
s'élevait à 1.000 francs. Ce fut M. Elie, peintre verrier
de Nantes, qui exécuta le travail de tous les vitraux de sanctuaire
et du transept. Plus tard, en 1888, M. Gérard, également
de Nantes, plaça les verrières de saint Pierre et du
bienheureux Montfort.
L'architecte,
M. Perrin, étant mort en 1887, fut remplacé par les
MM. Le Diberder, frères, qui prirent la succession des travaux
de l'église. Sous leur direction on adjugea, le 28 mars, à
M. Eugène Gautier, entrepreneur, à Clisson, une seconde
partie de l'église. Cette dernière construction fut
menée rapidement et, au mois de février 1889, les bancs
étaient placés et mis en adjudication.
L'édifice
actuellement construit se compose du sanctuaire, du transept et de
quatre travées. Il n'y a qu'une seule nef, large et bien éclairée.
En
entrant, on est tout particulièrement frappé par ces
élégantes colonnettes du transept qui montent en faisceaux
jusqu'à la retombée des arcs. Sept fenêtres donnent
entrée à la lumière dans le choeur ; elles sont
terminées par un quatre-feuilles au-dessus d'un trèfle.
Entre chacune de ces fenêtres s'élève, jusqu'à
mi-hauteur, une colonnette sur le chapiteau de laquelle repose un
des arcs qui supportent les voûtes ; il en est de même
dans la nef. Dans le transept, on remarque les petits autels qui se
trouvent dans des enfoncements semi circulaires et ajourés
de trois fenêtres ogivales de même forme que les autres.
Deux belles verrières avec grandes rosaces éclairent
le transept. Enfin les clés de voûtes sont ornés
d'armes ou de feuillages.
Telle
qu'elle est, l'église de Saint-André ne demande plus,
pour être achevée, qu'une façade et une flèche
; bien des années, sans doute, se passeront avant que cette
espérance soit réalisée.
Reprenons
maintenant le récit des divers événements sous
le ministère de M. Gourraud.
Le
10 juin 1878, M. le curé bénit la croix du village de
Pomméragu.
Le
2 mai 1883 deuxième visite de Mgr
Catteau
qui donne le sacrement de confirmation à soixante-et-onze enfants.
Le
12 mai 1887, la confirmation est administrée dans l'église
de l'Herbergement et Monseigneur ne vient pas à Saint-André.
Le
30 décembre 1889, les PP. Dexmier et Rochereau, missionnaires
de Chavagnes, commencent les exercices d'une mission qui se termine
le 27 décembre.
Au
cours de ces pieux exercices, on érigea dans la nouvelle église
les stations d'un chemin de croix, genre bas-reliefs. Les familles
les plus généreuses de la paroisse payèrent chacune
leur station dont le prix était de 130 francs. Le jour de la
clôture, on plaça sur une colonne, à Bellevue,
une statue de la sainte Vierge, sous le vocable de Notre-Dame de la
Persévérance.
Le
5 mai 1891, troisième visite de Mgr
Catteau
et confirmation de soixante-six enfants. Sa Grandeur constate que
l'école des religieuses réunit tous les enfants, sauf
trois ou quatre.
Le
15 mai 1891, au village de la Ronde, érection d'un calvaire,
en granit des Lucs, et don des frères Jacques et Julien Gobin.
Le
samedi, 14 avril 1894, une triste nouvelle jetait la désolation
dans toute la paroisse, qui apprenait la mort du digne prêtre
qui la gouvernait depuis trente-sept ans. Voici les lignes touchantes
que lui consacrait un ami dans la Semaine Catholique du
2 avril :
"Lundi
dernier, au moment d’aller conduire au cimetière le cercueil
de M. le curé de Saint-André-Treize-Voies, M. le Doyen
de Rocheservière caractérisait le regretté pasteur
et son oeuvre à peu près en ces termes :
le
diocèse perd en M. Ferdinand Gourraud un prêtre distingué
et grandement apprécié. Nous, ses confrères,
nous perdons un conseiller précieux, un de ces amis dont l'Écriture
a dit : "Trouver un ami, c'est trouver un trésor".
Et
les quarante et quelques prêtres, rangés autour de la
dépouille mortelle, souscrivaient en leurs coeurs à
ce témoignage si bien exprimé.
"Vous,
paroissiens de Saint-André, vous perdez un curé vertueux
et dévoué. Pour vous consacrer plus de trente-six ans
de sa vie, il lui a fallu triompher des sollicitations de l'autorité
diocésaine qui le destinait aux postes les plus honorifiques.
Il avait voué à sa chère paroisse ses forces,
ses travaux et sa belle intelligence. En vous quittant, il vous laisse
le souvenir de ses vertus et cette magnifique église, haut
témoignage de sa piété et de son bon goût."
Et
les sanglots de l'assistance faisaient écho à la voix
de l'orateur.
Ces
regrets et ces éloges ont été mérités
par notre estimable confrère, et dans la carrière de
l'enseignement et dans celle du ministère.
Professeur
au séminaire des Sables, il apporta à ces fonctions
importantes une application qui ne s'est jamais démentie. Son
but était de travailler au service de la sainte Eglise en lui
formant des sujets utiles. Le jeune âge ne comprend pas toujours
ni le sérieux de la vie, ni l'importance des études:
les élèves de M. Gourraud apprenaient à le connaître
par l'exemple de leur maître en même temps que par ses
leçons.
Ils
avaient un guide sûr, au jugement solide, au goût prononcé
pour la belle littérature. L'impétuosité de la
jeunesse trouvait un frein dans une fermeté qui s'imposait.
Le mérite suffisamment connu du jeune maître le dispensait
de rechercher ces moelleuses précautions auxquelles on a besoin
de recourir quelquefois pour se faire accepter. Il était de
ceux qui pensent plus qu'ils ne parlent ; mais quand il ouvrait la
bouche, ses paroles méritaient d'être pesées.
Les rares survivants du corps enseignant, dirigés par M. Gabriel
Gourraud, savaient que notre éminent supérieur avait
en très grande estime son jeune auxiliaire, et tous reconnaissaient
que cette estime était bien méritée.
Un
jour, le représentant de l'autorité diocésaine
vint réclamer le jeune professeur pour le ministère,
lui disant qu'il y ferait du bien. Cette prophétie s'est parfaitement
accomplie.
M.
Gourraud alla d'abord faire un court vicariat à Noirmoutier,
où il eut pour confrère M. Alexis Guitton, d'honorable
mémoire.
Mais
c'est bien la cure de Saint André-Treize-Voies que la Providence
destinait au jeune prêtre. Il y arriva en 1857. Là, son
courage, sa patience, sa délicatesse de conscience, son esprit
méditatif se mettent en présence de la responsabilité
d'un pasteur et des besoins de son troupeau. Faut-il travailler ?
Il est prêt à le faire jour et nuit. Faut-il temporiser
et attendre l'heure de Dieu ? Il imposera silence à son ardeur.
Faut-il attaquer une position retranchée, à travers
des routes épineuses ? Il a bien à sa disposition une
plume incisive, une parole sûre d'elle-même et défiant
toute critique. Mais non, l'épée restera au fourreau.
La vertu seule, la prière qui va prendre son point d'appui
dans le ciel, emporteront la place. Une grande victoire, sans morts
ni blessés, le rendra maître de tous les coeurs. On l'a
bien vu par le deuil aussi sincère qu'unanime que sa mort a
répandu dans cette paraisse.
Ceux
qui sont en position de connaître Saint-André ont remarqué
que l'éducation de la jeunesse y est excellente, et que le
nom du Seigneur y est religieusement respecté. L'homme de Dieu
avait le don de prêcher contre le blasphème, de manière
à communiquer à ses auditeurs l'horreur qu'il en ressentait
lui même.
Et
quel autre beau fruit de son ministère nous voyons en cette
admirable église qu'il a bâtie ! Pour élever ce
monument à la gloire du Seigneur, pour y faire concourir toutes
les volontés, combien de démarches, combien de sacrifices,
combien d'exhortations, combien d'actes d'abnégation et de
patience ont été nécessaires. En considérant
cet édifice, je me demandais si le pasteur n'avait point dépensé,
en ciment de charité, pour en rassembler les éléments,
autant que les ouvriers ont mis du leur pour unir toutes ces pierres.
Un moment, le cher confrère eut l'espérance de couronner
lui-même son oeuvre par la construction de la façade
et de la tour. Mais la mort l'a gagné de vitesse. Elle le trouva
à son poste à l'heure où elle voulut lui décocher
ses derniers traits. Le dimanche du Bon Pasteur, l'intrépide
pasteur montait encore à l'autel ; mais il fut bientôt
obligé d'en descendre, n'ayant offert que le sacrifice de lui-même.
Le même jour, il monta encore en chaire, et ses auditeurs craignaient
à chaque instant de le voir tomber de faiblesse. Fidèle
jusqu'à la fin à sa pratique exemplaire, il avait écrit
même cette dernière instruction, dont on a retrouvé
le texte dans ses papiers ; il semblait pourtant qu'avec son élocution
facile et correcte, avec le riche fonds de connaissances qu'il avait
acquises, il eût pu, autant que tout autre, s'affranchir de
ce travail.
Ce
bon prêtre, ce saint prêtre, comme on entendait dire dans
tous les groupes, apportait les mêmes soins pour remplir le
devoir de la prière. Ses familiers ont remarqué que
s'il allait dire son bréviaire à la suite d'une conversation
ou d'une étude, avant de commencer ce saint exercice, il se
promenait quelque temps en silence, ayant l'air, en un geste discret,
de secouer la poussière de ses habits, mais en réalité
pour secouer de son esprit toute pensée étrangère.
De
ce bon prêtre qui n'est plus, les exemples, les oeuvres se conserveront
longtemps, même sur cette terre, où le passage d'un homme
est bien vite effacé. Mais surtout sa mémoire vivra
auprès de vous, Seigneur : in memoria æterna
exit justus.
"J.
Raballand, ptre."
Louis
Loizeau. Le successeur de M.
Gourraud, curé actuel de Saint-André, est né
à Boufféré en 1861. Ordonné prêtre
le 19 décembre 1884, il a été successivement
vicaire de Saint Hilaire-de-Talmont de 1885 à 1892, puis de
Soullans jusqu'au mois de juin 1893. Après avoir été
curé de l'Epine pendant près d'une année, il
fut choisi pour remplacer M. Gourraud et arriva à Saint-André,
le vendredi 1er
juin,
fête du Sacré-Coeur. Il fut installé le dimanche
suivant par M. Legast, curé-doyen de Rocheservière.
Il fut reçu avec d'autant plus d'enthousiasme que la paroisse,
privée de pasteur depuis six semaines, attendait avec impatience
un prêtre pour la diriger.
Voici
les derniers faits de l'histoire religieuse de Saint-André.
1895.
Le 29 avril, Mgr
Catteau
fait sa quatrième visite pastorale et confirme quatre-vingt-dix
enfants. A cette occasion, M. le Curé souhaite la bienvenue
à Sa Grandeur. L'église est richement ornée pour
la circonstance, et Sa Grandeur admire la beauté du nouveau
sanctuaire, mais constate avec tristesse qu'une lourde dette de 48.900
francs pèse sur la fabrique.
Du
10 au 25 novembre, une retraite spéciale pour les hommes est
prêchée par les RR. PP. Jean Baptiste et Henri David.
A la suite de cette retraite, on fonde une confrérie du Saint
Sacrement ; trente-cinq hommes s'y font inscrire, il y en a aujourd'hui
soixante-douze.
1897.
La confrérie des hommes du Saint-Sacrement est canoniquement
érigée par une ordonnance de Mgr
Catteau,
en date du 20 février, et la lettre épiscopale est lue
en chaire, le 21mars suivant, par M. l'abbé Mercier, directeur
diocésain des oeuvres eucharistiques.
Ce
même jour, on lance le projet d'un nouveau maître-autel
en marbre. La souscription, dès le mois suivant, atteint le
chiffre de 17.000 francs. Dans cette somme on consacre 10.000 francs
pour le maître-autel, 4.000 francs pour la Sainte-Table, et
3.000 francs pour l'autel du Sacré-Coeur. L'exécution
de ces travaux est confiée à M. André, sculpteur
d'Angers.
Pendant
le mois de mai, deux croix de granit, sorties des carrières
du Rouet, en Chavagnes-en-Paillers, sont érigées sur
le territoire de la paroisse. L'une est placée, le 2 mai, au
village de la Croix, et payée par la famille Bordet. L'autre
est offerte par Mlle
Marie-Anne
Gobin ; elle est bénite, le 30 mai, à la suite d'une
allocution donnée par M. l'abbé Pilard, curé
de l'Herbergement.
1898.
Le dimanche 5 juin, en même temps que la première communion,
une belle cérémonie se passe dans l'église de
Saint-André. M. l'abbé Bouchet, vicaire général,
bénit solennellement le nouveau maître-autel. Une plume
exercée donnait sur cet autel la description suivante dans
la Semaine Catholique du
18 juin 1898 :
"Un
chef-d'oeuvre ! Il en a certainement les grands airs, le nouvel autel
de Saint-André, avec son exposition, élancée,
ses deux anges droits et recueillis, son retable harmonieux, son tabernacle
au fronton fleuri, aux colonnettes délicates, à la porte
dorée.
Comment
ne pas l'admirer ? J'allais dire comment ne pas l'aimer ? Six colonnettes
de marbre brun portent la table ; un bas-relief, le sacrifice d'Abraham,
et deux autres statues, Abel offrant au Seigneur son plus bel agneau,
et Melchisédech bénissant une coupe, ornent le devant
de l'autel dans l'espace compris entre les colonnes brunes.
Le
tabernacle, riche des plus belles veines du marbre, repose entre les
deux panneaux du rétable, ou plus exactement du contre-rétable.
Sur
l'un des panneaux, le ciseau de l'artiste a sculpté la belle
scène de l'évangile où le Disciple bien-aimé
est représenté appuyant la tête sur le coeur du
Maître divin ; sur l'autre, on voit le Sauveur assis au puits
de Jacob, montrant le ciel à la Samaritaine et lui disant —
la parole semble sortir des lèvres divines — : "Si
scires donum Dei ; si tu connaissais
le don de Dieu." A droite et à gauche, un ange regarde,
écoute et adore.
Enfin,
sur le tabernacle repose une exposition très finement dessinée
et travaillée. Quatre colonnettes appuyées aux angles
du tabernacle supportent un dôme léger surmonté
d'un clocheton gothique dominé par la croix. Hormis les deux
anges, tout est en marbre. L'ensemble exprime la grâce plutôt
que la force, l'élégance plutôt que la majesté,
l'harmonie plutôt que l'effet brusque et saisissant que produirait
la trop vive exposition des reliefs et des creux. Point de ces teintes
criardes qui blessent les yeux, point de ces teintes sombres qui les
étonnent et les attristent ; mais un gris clair dans les parties
importantes, mais un brun chaud dans les colonnettes, mais un or ferme
dans la petite voûte de l'exposition et sur la porte du tabernacle
Tout charme l'oeil et le repose. Le regard monte, comme par degrés
et sans effort, des trois marches de chêne qui supportent l'autel
à l'autel lui-même, puis au retable et au tabernacle,
aux deux anges, puis à l'exposition, enfin à la flèche
gothique où la pyramide harmonieuse trouve son sornmet dans
la petite croix blanche qui règne sur le tout ..
Les
habitants de cette chrétienne paroisse auront certes le droit
de dire "notre autel". Tous ont voulu contribuer à
doter leur église de ce riche présent ; bien peu peuvent
donner de leur superflu, beaucoup ont su donner de leur nécessaire,
charité d'autant plus belle qu'elle n'est connue que de Dieu
et de ses anges. Je sais pourtant des noms que toutes les bouches
prononcent à Saint-André... et ailleurs, quand on parle
du nouvel autel ; mais ces noms sont écrits en trop belle page
dans le livre du ciel pour qu'on songe à les écrire
dans les livres de la terre. Passons! absents ou présents,
les habitants de Saint-André ont voulu tous contribuer à
cet ouvrage, et M. le Curé m'avertit que les prêtres
enfants de la paroisse brillent au rang d'honneur sur la liste de
souscription.
Pouvait-il
en être autrement ?
A.-M.
A..., ptre."
Au
mois de novembre de la même année 1898, une mission est
prêchée à Saint-André par les RR. PP. Tailleur
et Denis, Rédemptoristes des Sables. Voici un extrait du compte-rendu
donné par la Semaine Catholique, le
10 décembre suivant :
"A
noter, dans cette belle mission de Saint-André, la supplique
continuelle aux pieds de Notre-Darne du Perpétuel Secours,
solennellement établie patronne de la mission. A toute heure
du jour, pendant plus de trois semaines, il y avait à prier
devant cette image bénie, exposée sur un trône
de fleurs et de lumières, un nombre de fidèles qui variait
de dix à trente. Aussi la Sainte Vierge ainsi suppliée
a-t-elle abondamment béni le zèle des missionnaires.
Un grand renouvellement de ferveur s'est accompli dans cette paroisse
fidèle à sa foi ; les meilleures dispositions de fidélité
et de générosité au service de Dieu se sont solidement
établies en tous.
Ce
qui témoigne du succès de la mission, c'est la nombreuse,
très nombreuse assistance qui se trouvait chaque matin à
l'église pour la messe et l'instruction. Deux ou trois cents
hommes et femmes, dès les premiers jours, n'hésitèrent
pas à s'arracher à leurs occupations pour venir prier
et entendre la parole de Dieu.
Bien
consolant fut le spectacle de la communion générale
des femmes, fixée à la fête de la Présentation
de Marie ; la piété vraie resplendissait sur leur visage
; on les voyait toutes sous l'impression vive de la mission. Non moins
beau et consolant le spectacle de la communion générale
des hommes, le premier dimanche de l'Avent ; il rayonnait dans leur
regard je ne sais quoi de franchement chrétien, de profondément
religieux, qui reflétait l'intérieur de leurs âmes.
Le
jour de la clôture, le 30 novembre, demeurera un jour vraiment
remarquable dans l'histoire de la paroisse. Favorisé par un
temps extraordinairement beau, ce jour se passa dans des fêtes
inoubliables.
C'était
le jour de la fête paroissiale et de l'Adoration perpétuelle
: tout l'éclat possible fut donné aux cérémonies.
Plus de vingt prêtres étaient là. Dans la soirée,
splendide procession du Saint-Sacrement dans le bourg. Avec combien
de religion et d'amour fut escorté Jésus qui, le matin,
était descendu dans presque tous les coeurs !"
On
n'a pas érigé de monument public pour perpétuer
le souvenir de cette mission ; on a seulement, à cette occasion,
placé dans l'église les deux beaux tableaux qui représentent,
l'un, Notre-Dame du Perpétuel Secours, l'autre, la Sainte-Famille.
1899.
Le 6 mai, visite de Mgr
Catteau
et confirmation de quatre-vingt-trois enfants.
1903.
Le 22 février, M. l'abbé Thomas, vicaire à Saint
Donatien, de Nantes, vient faire à Saint-André une conférence
sur les avantages des Caisses rurales. Après avoir entendu
ses explications, un grand nombre de cultivateurs donnent leur adhésion
à l'oeuvre qu'on leur propose et que l'on fonde séance
tenante. Depuis, cette oeuvre n'a cessé de prospérer
; elle a aujourd'hui un roulement de plus de 100.000 francs et elle
rend de grands services aux prêteurs et aux emprunteurs.
Quelques
semaines plus tard, sur les conseils de M le Curé, on fonda
également une assurance Mutuelle-Bétail qui porte environ,
chaque année, sur 300.000 francs d'animaux.
Le
23 mars, visite de Mgr
Catteau
et confirmation de quatre-vingt-dix enfants.
Le
8 juillet, cent cinquante-quatre écoles du diocèse dirigées
par des religieuses reçoivent l'ordre de fermer leurs portes.
La congrégation de Mormaison est tout particulièrement
éprouvée, quatre vingt-six de ses établissements
scolaires sont refusés en Vendée, et Saint-André
est compris dans la liste funèbre.
1905.
Le 9 avril, l'orateur si connu sous le nom de "Meunier vendéen",
M. Louis Arnaud, de la Genétouze, fait une conférence
très applaudie à un grand nombre d'hommes et de jeunes
gens. A la suite de cette réunion, on établit un groupe
de Jeunesse Catholique et on met à sa tête M. A. Jaunet,
président plein de zèle, qui, à l'heure actuelle,
a fondé de divers côtés une douzaine de caisses
rurales.
Au
mois d'octobre, M. le Curé commence des démarches auprès
de. M. le Préfet pour arriver à une liquidation des
dettes provenant de la construction de l'église ; un certain
nombre de particuliers ont prêté, mais sans autorisation
légale, des sommes qui atteignent un chiffre considérable
; ces prêteurs vont certainement perdre leur argent, si leur
situation n'est pas prise en considération avant que la loi
de Séparation soit mise en vigueur. En conséquence,
M. le Curé demande à M. le Préfet de s'employer
auprès de M. le Ministre pour obtenir l'autorisation de vendre
la mense curiale dont le produit servira à indemniser les créanciers.
L'autorité religieuse diocésaine appuie ce projet et,
quelques semaines plus tard, le conseil municipal y donne aussi tout
son assentiment.
Le
9 février 1906, M. le Préfet fait savoir que le Ministre
des Cultes refuse la vente de la mense succursaliste pour payer les
dettes de la fabrique, parce que ces dettes n'ont pas de titre
exécutoire.
M.
le Curé de Saint-André entreprend alors de nouvelles
démarches pour obtenir la pièce qui fait défaut,
et il pense réussir, car deux jugements de M. le Préfet
de la Vendée, en date du 6 avril et du 9 septembre 1909, viennent
donner aux dettes de la fabrique le titre exécutoire réclamé
par M. le Ministre.
Cependant,
en mai 1910, sur avis du Préfet de la Vendée, M. Briand,
président du ministère, refuse au conseil municipal
de Saint-André la vente de la Petite-Roche pour payer les dettes
reconnues de l'ancienne fabrique.
Enfin,
en septembre 1910, la mense curiale de Saint-André-Treize-Voies
est attribuée, par décret ministériel, au bureau
de bienfaisance de cette commune.
Reprenons
maintenant le détail des derniers faits à partir de
1905.
Au
mois de mai, les institutrices libres de Saint-André sont poursuivies
pour prétendue infraction à la loi sur les associations.
Elles comparaissent en correctionnelle devant le tribunal de la Roche-sur-Yon.
Mais leur bon droit est reconnu et elles sont acquittées.
1906.
C'est l'année où les inventaires bouleversent si profondément
la France catholique. A Saint-André, comme ailleurs, les âmes
sont vivement émues, mais les odieuses tracasseries ravivent
fortement les sentiments chrétiens.
Le
mardi 13 mars, M. le percepteur de Rocheservière, accompagné
et conduit par six gendarmes, se présente à la porte
de l'église, demandant à faire son oeuvre. Ce Monsieur
avait déjà manqué une première visite,
car ayant convoqué le conseil fabrique, le 2 mars précédent,
lui seul avait fait défaut au rendez-vous. Le retard lui cause
une désagréable surprise, celle de se trouver en présence
de la moitié des hommes de la paroisse et du conseil municipal
au complet qui entoure M. le Curé. On l'arrête devant
la porte de l'église, et M. le Curé, au nom du conseil
de fabrique, lui lit la protestation suivante signée par tous
les membres :
"Monsieur,
Dans cette église inachevée vous voulez pénétrer
pour faire l'inventaire. Qu'y cherchez-vous ? Environ 50.000 francs
de dettes pèsent tant sur la mense que sur la fabrique.
Quels
sont vos droits ? L'Etat n'a pas versé un centime pour sa construction.
Au
contraire, chaque pierre du monument, chaque objet qu'il contient
proclame bien haut le travail, la générosité,
comme la foi de mes chers paroissiens.
Donc,
en leur nom, au nom de tous mes fidèles conseillers de fabrique,
en mon nom de pasteur des âmes, je proteste avec énergie
contre l'inventaire et contre l'injuste spoliation qu'il prépare,
et je réserve tous les droits de l'église comme ceux
des bienfaiteurs sur les objets offerts: chemin de croix, autel en
marbre, etc., etc.
D'ailleurs,
Notre Saint-Père le Pape Pie X a parlé : "Nous
réprouvons et nous condamnons, dit-il, la loi de Séparation,
comme profondément injurieuse vis-à-vis de Dieu, comme
contraire à la liberté et à la propriété
de l'Eglise."
Donc
tous ici, fidèles catholiques, sans vouloir le moindre mal
à la personne des exécuteurs, nous réprouvons
et nous condamnons l'inventaire, premier acte de la loi de persécution
religieuse."
Louis
Loizeau, prêtre ; A. Douillard, E. Brenon, P.Gaborieau, F. Favreau,
R.Gris.
Après
cette fière protestation, on refuse absolument de laisser pénétrer
dans l'église. Devant cette impossibilité d'accomplir
sa besogne, le percepteur se retire avec les gendarmes et reprend
le chemin de Rocheservière.
A
partir de ce jour, les paroissiens de Saint-André gardent leur
église et ne l'abandonnent ni jour ni nuit. Pendant cinq semaines
ils sont toujours à leur poste, mais personne ne se présente
et on peut croire que le projet d'inventaire est complètement
oublié.
Enfin,
huit mois après, le 21 novembre, en l'absence des prêtres
de la paroisse, à six heures et demie du matin, pendant qu'un
religieux capucin célèbre la sainte messe, l'église
est envahie soudain par vingt-cinq gendarmes et, au milieu des ténèbres,
le percepteur arrive, escorté par une compagnie du 93e
de
ligne de la Roche-sur-Yon. L'agent du gouvernement accomplit à
la hâte sa besogne et s'en retourne avec le même empressement.
Le
24 novembre 1906, le P. Stanislas, capucin, établit à
Saint-André une association du Tiers-Ordre de la Pénitence.
1907.
Le 17 avril, visite de Mgr
Catteau
et confirmation de quatre-vingt-douze enfants.
Le
30 juin, après une conférence faite par M. Jaunet, président
de la Jeunesse catholique, on fonde, à Saint-André,
une société d'assurances mutuelles agricoles contre
l'incendie. Cette société est aujourd'hui très
prospère et assure un capital de 276.300 francs.
1908.
Le 27 septembre, congrès cantonal de la Jeunesse catholique
du canton de Rocheservière. Dans la matinée, réunion
dans l'école libre de Saint-André pour discuter les
rapports présentés par les chefs de groupes, assistance
à la grand'messe et sermon de M. l'abbé Monnier, professeur
à l'Institution Richelieu. Dans la soirée, réunion
générale dans laquelle on compte plus de huit cents
personnes: MM. Pierre Boyer et Louis Arnaud y font entendre de vibrants
discours.
1909.
Depuis six mois, l'une des deux cloches avait perdu sa sonorité
: elle était fêlée. Une souscription est aussitôt
ouverte et deux cent quatre familles s'inscrivent pour payer la nouvelle
cloche qui est commandée à M. Bollée, du Mans.
Le 18 mai, cette dernière arrive toute neuve ; elle pèse
six cent cinquante-six kilos et donne le fa dièze.
Deux
jours après, fête de l'Ascension, M. l'abbé Mercier,
vicaire général, délégué par Monseigneur
l'Evêque, procède à la cérémonie
du baptême, avec toute la pompe usitée en cette circonstance.
Sur
le bronze on avait gravé l'inscription suivante :
"J’ai
été nommée Jeanne d'Arc par M. Armand Tenailleau,
mon parrain, et Mlle Marie-Antoinette
Tenailleau, ma marraine. Je remercie deux cent quatre familles. Ma
mission est d'appeler à Dieu, selon le voeu de M. Retailleau,
maire de cette commune, et de M. Loizeau, curé de cette paroisse."
1910. Mission prêchée
par les RR. PP. Tenaud et Girardeau, missionnaires diocésains,
du 6 au 27 novembre. Malgré l'eau et les tempêtes, elle
est très bien suivie. Elle se termine par deux faits nouveaux
dans l'histoire paroissiale :
1°
Quarante-neuf jeunes filles donnent leurs noms pour fonder une congrégation
d'enfants de Marie.
2°
En souvenir de cette mission, une croix est plantée à
un kilomètre environ de Saint-André, sur la route de
Saint-Sulpice, au coin du bois du Pay. Les propriétaires de
la ferme avaient donné l'arbre et reçoivent le monument
sur leur terrain ; les paroissiens de Saint-André avaient offert
le christ.
1911.
Le 23 avril, congrès eucharistique paroissial, réunions
spéciales pour les enfants, les femmes et les hommes. Dans
ces réunions, on traite des différentes manières
de mieux honorer le Saint Sacrement et on aborde des questions très
pratiques.
Liste
générale des vicaires de Saint-André-Treize-Voies.
Philippe
Perraud, du 1er
janvier
à la fin de juillet 1856.
Casimir
Coutanceau, du 1er
janvier
1860 au mois de novembre 1868.
Auguste
Fonteneau, du 1er
janvier
1869 au mois de décembre 1872.
Athanase
Gaudineau, du 1er
janvier
1873 au mois d'octobre 1874.
Jean
Poupeau, du 1er
janvier
1875 au mois de septembre 1879.
Calixte
Fillon, du 1er
octobre
1879 au 31 décembre 1882.
Alphonse
Alléguède, du 1er
janvier
1883 au mois d'octobre 1886.
Arsène
Elbert, du 1er
janvier
1887 au mois d'août 1888.
Armand
Branchereau, du 1er
janvier
1889 au mois de décembre 1889.
Jean
Bonnet, du 1er
janvier
1890 au mois de décembre 1894.
Jean
Gourraud, du 1er
janvier
1896 au mois de décembre 1897.
Edmond
Dinant, du 1er
janvier
1898 au mois de décembre 1900.
Aimé
Papon, du 1er
janvier
1901 au mois de décembre 1902.
Léon
Prunier, de janvier 1903 à
mars 1906.
Victor
Rodier, vicaire actuel depuis
juin 1905.
Prêtres
originaires de la paroisse.
Guy-Louis-Pierre
de Fontaines, chanoine et prévôt
du chapitre de Luçon, mort curé de Saint Michel-Mont-Mercure,
le 29 septembre 1818. Il était propriétaire des terres
nobles de la Pilletière et du Sensis. (Voir plus haut.)
Jacques
Choblet, né en 1797, ancien
curé de Chaillé-les-Ormeaux, où il mourut en
1847. Ses restes furent transférés de Chaillé
à Saint-André, en 1852. Quand on ouvrit son cercueil,
on trouva intacts, dit-on, sa soutane et son surplis.
Alexis-Jean-Baptiste
Fonteneau, ancien curé
de Treize-Vents, mort, retiré à Saint-André,
en 1844.
Auguste
Rayneau, né en 1841, aujourd'hui
curé de Bretignolles.
Frédéric
Musset, né en 1839, mort
curé de Saint-Maurice-le-Girard, en 1905
Jean
Brenon, né en 1847, mort
curé de Saint-Hilaire-de-Voust, en 1906.
Louis
Bachelier, né en 1853,
aumônier de religieuses aux Brouzils.
Henri
Prioux, né en 1863, curé
de Venansault.
Armand
Brenon, né en 1872, curé
de Chaix.
Athanase
Favreau, né en 1876, vicaire
à la Chapelle-Palluau.
Armand
Sauvaget, né en 1880,
vicaire à l'Ile d'Yeu.
Aristide
Brenon, né en 1880, curé
de Mézy (Seine et-Oise).
Alfred
Mollé, né en 1882,
missionnaire au Canada.
Gabriel
Richard, né en 1883, missionnaire
en Chine.