FÉODALITÉ,
FIEFS ET CHATEAUX
§
I. La seigneurie
paroissiale
Saint-André-Treize-Voies,
au point de vue féodal, faisait partie de l'importante châtellenie
de Vieillevigne et en avait par conséquent les mêmes
seigneurs. Ceux-ci, du reste, de même que les sires de Rocheservière
pour Mormaison, n'en prennent pas généralement le titre
; c'est comme tels, néanmoins, qu'ils ont droit de prééminence
dans toute la paroisse, l'honneur du banc et de l'offrande à
l'église paroissiale, droit sur les successions en déshérence,
épaves, lods et ventes, fours, marchés, halle, moulin,
etc.19.
Aussi ne croyons-nous pas inutile de donner, en tête de ce chapitre,
la suite des seigneurs de Vieillevigne, qui furent aussi ceux de Saint-André-Treize-Voies.
Cette
énumération ne sera qu'un résumé très
succinct de la généalogie que M. l'abbé Bourdeaut
a établie avec grand soin quand il était vicaire de
la paroisse de Vieillevigne.
I.
Jean Gastineau20,
Xlle
siècle.
II.
Jean Gastineau, varlet,
seigneur de Vieillevigne, en 1290, épousa Jehanne.
III.
Jean Gastineau,
chevalier,
seigneur de Vieillevigne, Grandlieu (le lac), etc., mort avant 1359,
marié à Marguerite
de Bernezay.
IV.
Jeanne, aliàs
Marguerite Gastineau,
petite-fille
des précédents, hérita de leurs nombreux domaines.
Elle mourut en 1387, laissant de Milet
de Machecoul21,
chevalier,
à qui elle apporte la seigneurie de Vieillevigne, etc., un
fils qui suit :
V.
Girard de Machecoul,
chevalier,
seigneur de Vieillevigne, etc., mort en 1425, épousa Marquise
de de Penhouet, dont
il eut deux fils qui suivront.
VI.
Jean de Machecoul,
chevalier,
seigneur de Vieillevigne, etc., marié à Jeanne
de Bazoges.
VII.
Louis de Machecoul,
chevalier,
succéda à son frère aîné dans la
châtellenie de Vieillevigne. Sans postérité de
Françoise
de Châteaubriant, sa
succession passa à sa tante (alias
sa
soeur) qui suit.
VIII.
Marguerite de Machecoul,
dame
de Vieillevigne et autres lieux, était alors la femme de Tristan
de la Lande22,
chevalier, dont deux fils.
IX.
Tristan de la Lande,
dit
de Machecoul, chevalier,
seigneur de Vieillevigne, mourut sans enfants, vers 1467.
X.
François
de la Lande, dit
de Machecoul, chevalier,
succéda à son frère Tristan et devint ainsi seigneur
de Vieillevigne et autres lieux. Il mourut vers 1507, laissant de
Jeanne de Malestroit,
son
épouse :
XI.
Jean de la Lande
de Machecoul, chevalier,
seigneur de Vieillevigne, etc., épousa Françoise
Chasteigner, dame
de Bougon et la Brelaire, dont :
XII.
René de
la Lande de Machecoul, chevalier,
fut seigneur de Vieillevigne, dont le fief, vendu après l'emprisonnement
de son père, fut racheté par son tuteur23.
Il mourut vers 1541 et son frère cadet lui succéda.
XIII.
Jean de la Lande
de Machecoul, chevalier,
seigneur de Vieillevigne, Bouin, Touvois, Saint-Etienne-de-Mer-Morte,
etc., introduisit le protestantisme à Vieillevigne. Il mourut
en 1581, laissant de Bonaventure
de Bellouan, dite
d'Avaugourd de
Kergrois, un
fils : Jean de
Machecoul, dit
du Plessis la-Gaisne,
mort
vers 1570 et marié à Jeanne
de Heulix de Remouillé, dont
:
XIV.
René de
la Lande de Machecoul, chevalier,
devint seigneur de Vieillevigne, etc., à la mort de son aïeul,
en 1581. Il décéda vers 1604, ayant eu de Louise
de Tallensac24,
qu'il avait épousée en 1596, un fils qui suit :
XV.
Gabriel de la Lande
de Machecoul, chevalier,
seigneur de Vieillevigne, Touvois, Grandlieu, etc., puis à
la mort de sa mère, seigneur de Rocheservière, et enfin
par acquisition en 1633 baron de Montaigu, était chevalier
des Ordres du roi et le plus important seigneur de toute la contrée.
Il épousa Renée
d'Avaugour, dont
il eut Marguerite,
Henriette, Louise, etc.,
qui suivent,
XVI.
Marguerite de la
Lande de Machecoul fut
dame de Montaigu, Vieillevigne, etc. Elle épousa Henri
de la Chapelle, marquis
de la Roche-Giffart25
dont
:
XVII.
Anne de la Chapelle
épousa
Claude-Philippe
de Duras, marquis
de Thianges ; elle
mourut en couches avec son enfant, en 1686.
XVIII.
Louise de la Lande
de Machecoul, soeur
cadette de Marguerite, obtint une part dans la châtellenie de
Vieillevigne. Elle hérita, au décès de sa nièce,
de la totalité de cette seigneurie et mourut en son château
de Vieillevigne en 1701. Elle avait épousé Jacques-Antoine
de Crux,
dont :
XIX.
Gabriel-Antoine
de Crux, chevalier,
seigneur de Vieillevigne, marquis de Montaigu, épousa en
1684 Françoise
de Saint-Martin, dont
:
XX.
Armand-Gabriel de Crux, chevalier,
seigneur de Vieillevigne, marquis de Montaigu, épousa en
1709 Marie-Angélique
Turpin de Crissé, dont
:
XXI.
Eléonore-Louise-Françoise
de Crux, dame
marquise de Montaigu, Vieillevigne, etc., épousa en 1733
Jean-Nicolas
de Rochechouart-Mortemart,
dont :
XXII.
Auguste-François
de Rochechouart-Mortemart, seigneur
marquis de Montaigu, Vieillevigne, etc., né en 1741, mort en
1755.
XXIII.
Jacques-Gabriel-Louis
Le Clerc de Juigné28,
arrière-petit-fils
de Henriette de la Lande de Machecoul, hérita des seigneuries
de Vieillevigne, Montaigu, Rocheservière, etc., à la
mort de son cousin.
Il
épousa en 1760 Claudine-Charlotte
Thiroux de Chammeville et
mourut en 1807. Ce fut le dernier seigneur de Vieillevigne, et avec
lui se termine la liste des seigneurs de Saint André-Treize-Voies.
Les
paragraphes qui vont suivre donneront, en même temps que l'histoire
des seigneuries de cette paroisse, la courte biographie de ses principaux
habitants.
§
II. La Roche (Saint-André)
Placé
sur un des points les plus élevés de la paroisse, à
huit cents mètres du bourg, le château de la Roche, dont
dépendaient une dizaine de belles métairies, était
une demeure seigneuriale importante à en juger par les restes,
cependant peu considérables, qu'on y
aperçoit
encore et qui forment aujourd'hui la maison de ferme de la Grande-Roche.
Plusieurs
fenêtres sont à menaux, d'autres ont été
bouchées, mais on y voit encore la croix de pierre, le croisillon
qui les divisait en quatre parties. La chambre principale est haute
et spacieuse et ornée d'une cheminée de granit de plus
de trois mètres de large, sur laquelle le sculpteur a taillé
un immense écusson où était peint jadis le blason
du seigneur du lieu. Au premier étage, qui sert de grenier
à la ferme, se trouve aussi une belle cheminée, mais
moins monumentale. Cet étage a été, du reste,
baissé de hauteur, au moins de moitié, et devait être
surmonté d'un autre étage supérieur dont les
fenêtres en pointes coupaient élégamment la haute
toiture de ce manoir breton, qui dans son ensemble indique une construction
de la fin du XVe
ou
du commencement du XVIe
siècle.
Ce
fief a-t-il vraiment donné son nom à la famille de la
Roche de Saint-André ? Il lui a donné à coup
sûr le nom de Saint-André, mais pour celui de la Roche,
les opinions diffèrent et par suite la question peut sembler
de premier abord douteuse.
Suivant
une tradition de famille, les de la Roche-Saint-André descendent
de ces chevaliers du nom de la Roche, que l'on rencontre aux XIIe,
XIIIe
et
XIVe
siècles,
tant aux cartulaires des plus célèbres abbayes de Bretagne,
que parmi les croisés bretons qui allèrent combattre
en Palestine les infidèles. Cette tradition nous apprend encore
qu'au XIVe
siècle,
ayant opté pour le parti de Charles de Blois dans lequel l'un
d'eux, Geoffroy,
fils
de Budes de
la Roche, le croisé, s'illustra au combat des Trente, en 1350,
ils furent obligés de quitter la Bretagne afin d'échapper
à la vengeance du duc Jean IV. Ils vinrent alors s'installer
à Saint-André-Treize-Voies et y construisirent un château
auquel ils donnèrent leur propre nom. Cette tradition serait
vraisemblable, si une difficulté ne venait l'ébranler.
On
doit remarquer, en effet, que Saint-André était alors
en Bretagne et
non pas en Poitou et que, par conséquent, la famille de la
Roche aurait dû chercher un autre refuge ; d'ailleurs, le duc
de Bretagne exerçait si bien sa souveraineté en cet
endroit, que nous le verrons, en 1420, confisquer à Jean de
la Roche sa terre de la Roche-Saint-André qui ne lui sera restituée
que six ans plus tard. Ajoutons encore que l'on ne comptait pas moins
de neuf familles de la Roche maintenues dans leur ancienne noblesse
en cette province, aux réformations de 1667, et plusieurs d'entre
elles pouvaient s'attribuer pour ancêtres quelques-uns des chevaliers
dont il vient d'être question. Il est donc plus simple et, en
même temps, plus rationnel de voir l'origine de cette très
noble et ancienne maison dans le lieu même de la Roche de Saint-André-Treize-Voies,
en Bretagne.
Ce
fut bien de là que plusieurs de ses membres partirent guerroyer
pour la conquête du Saint-Sépulcre et pour la défense
des intérêts de leurs princes. Il est certain, en effet,
qu'au commencement du XIVe
siècle
les de la Roche comptent parmi les plus anciens et plus importants
seigneurs habitant sur le territoire de la paroisse de Saint-André.
Celle-ci peut donc à bon droit revendiquer le lieu d'origine
de cette famille qui a fourni plus d'une illustration à nos
provinces de l'ouest.
De
la Roche-Saint-André porte
de gueules à 3 rocs d'échiquier d'or.
C'est
ainsi que nous voyons un Robert
de la Roche suivre
son voisin, le sire de Rocheservière, Yves du Pont Château,
dans la guerre contre les Anglais. Tous deux trouvèrent la
mort sur le plateau de Maupertuis, dans cette terrible journée
que fut la bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356, et leurs corps
furent inhumés dans la chapelle des Cordeliers de cette ville.
Nous n'avons pas aperçu ses armes sur le croquis que nous a
laissé dom Fonteneau (Bibl. de Poitiers, 82) des peintures
qui ornaient cette église détruite pendant la Révolution.
Toutefois un procès-verbal du 15 août 1775 constate la
présence d'un écu de gueules aux trois rocs d'échiquier
d'or qui serait le blason de "Robert
de la Roche, cheva-lier, tué à Maupertuis, lequel serait
au choeur de l'église des Jacobins à Poitiers, à
gauche du choeur en rentrant au-dessus et entre le dixième
et le onzième des hauts sièges en avançant au
pied de l'autel, un écusson ou armoirie qu'il nous a déclaré
être les armes et armoirie de messire Robert de la Roche de
la maison et famille des seigneurs de la Roche de Saint-André,
originaires de Bretagne."
Ce
chevalier semble être le mari ou mieux le beau-frère
d’Eustaisse de Sauvigné, la première dame de la
Roche-Saint-André qui soit positivement connue,
I.
Eustaisse (Eustache)
de Sauvigné
épousa
N. de la Roche30,
seigneur de la Roche, en Saint-André-Treize-Voies. Comme dame
de la Roche, elle échange avec Colin Bonneau, le 19 avril 1349,
une vigne au tènement du Tenet contre une rente sise au tènement
de Lendfraire, même paroisse, dus à la maison de Cahoyans
"sise en la ville de l'Herbergement." (Original
en parchemin, passé sous le scel de la Cour royale de la Roche-sur-Yon
et signé Guillaume Guarin.)
Eustaisse
paraît être la mère d'Hémery qui suit :
II.
Hémery (Aimery)
de la Roche, écuyer,
seigneur de la Roche Saint-André, épousa sa voisine,
Isabeau Le Maignan
de l'Ecorce, qui
était veuve, le 31 décembre 1374, date à laquelle
elle donne en ascencement à Etienne Marboeuf la maison Landereau
située en Saint-André-Treize-Voies. De concert avec
ses enfants, elle vend au même Marboeuf une rente sur le tènement
de la Vallée du Temple, le 14 août 1375. En 1378, elle
avait en cour de Vieillevigne un procès avec ce dit Marboeuf.
Leurs
enfants furent :
1°
Hemery, qui
suit ; 2° Colette,
mariée
à André Gonderaut, paroissien de Saint-Fulgent, qui
obtinrent partage de leur frère et beau-frère, le 12
octobre 1387.
III.
Hemery de la Roche,
écuyer,
seigneur de la Roche-Saint-André, épousa Jehanne
Charbonneau, qui
était décédée avant 1409. Le seigneur
de la Roche, dans un acte de vente du 10 novembre 1382, déclare
"retenir sa seigneurie et obéissance à lui et à
ses héritiers", pour les choses qu'il cédait. Il
eut :
1°
Jean, qui
suit ; 2° Nicolas,
qui
suivra son frère ; 3° Pierre,
qui
réclame, en 1433, sa part d'héritage ; 4° Marie,
mariée,
le 5 août 1409, à noble homme Yehan
Marboeuf, varlet
; 5° Louise,
mariée
à
Jehan Pavageau 6°
N..., mariée
à Jehan
Courjaud ; N..., mariée
à Guillaume
Gouffier.
IV
Jehan de la Roche,
écuyer,
seigneur dudit lieu, se vit confisquer son fief et son château
de la Roche par le duc de Bretagne, pour avoir trempé dans
le guet-apens que les héritiers de Charles de Blois avaient
tendu au duc Jean V en 1420. Il mourut sans postérité
et son frère lui succéda dans les quelques biens qui
lui restaient.
V
Nicolas de la Roche,
écuyer,
devint seigneur de la Roche à partir du 18 septembre 1426,
date de la restitution de la seigneurie de la Roche, faite par Aliette
de Polhay, dame de la Ruffelière, en Saint-Philbert-de-Bouaine,
qui l'avait reçue gracieusement du duc de Bretagne. Il fallut
néanmoins que Nicolas promît au duc d'être son
féal vassal, et, le 26 octobre suivant, il prêta serment
de fidélité entre les
mains
du sénéchal de Nantes. Dès le 28 octobre, nous
le voyons faire acte de propriétaire et accorder à son
beau-frère, Jehan Marboeuf, la moitié du lieu du Pay,
en Saint-André. Il passe un contrat avec le même, le
21 septembre 1433, concernant "le lieu de l'herbergement du Fou",
même paroisse.
Il
avait épousé Marguerite
La Bretonne (sic pour
Le Breton), dame
de la Crépillière, dont le seigneur de la Roche fait
aveu à Montaigu, le 30 janvier 1429. Il vivait encore le 26
juin 1453, date de son aveu du fief de la Roche à Marguerite
de Machecoul, dame de Vieillevigne, et dut mourir l'année suivante,
laissant :
1°
Jean, qui
suit ; 2° Aliette,
mariée,
le 14 novembre 1468, à Pierre
Herbretin, écuyer,
seigneur de la Grassière.
VI
Jean de la Roche,
écuyer, seigneur
dudit lieu, ayant eu un de ses fermiers taxé aux fouages (impôt
roturier), obtint, par jugement rendu à Nantes, le 16 mai 1470,
reconnaissance "qu'il
estoit noble personne, issu et extrait de noble lignée ; et
que la terre de la Roche est aussi noble", et
réparation à laquelle il avait droit par Valentin Gauvery
et Guillaume Graton, collecteurs de la paroisse de Saint-André-Treize-Voies.
Il mourut en1479.
Il
s'était marié à Marie
Marin, fille
de Tehan, écuyer, seigneur de la Mergatiète, en Saint-Hilaire-de-Loulay,
dont sont issus :
1°
Jehan, qui
suit ; 2° Vincent,
religieux
de l'ordre de Saint-Augustin, curé de Saint-André-Treize-Voies,
en 1503 ; 3° Julien,
clerc,
chapelain des Restoubleaux, en 1498 et 1507. Il renonça à
l'état ecclésiastique et fut seigneur des Ganuchères
; il fonda une branche dite des Ganuchères, dont sont sorties
les branches cadettes de cette maison. Un certain nombre des descendants
de Julien de la Roche prirent service dans la marine royale, et le
premier d'entre eux et en même temps le plus célèbre,
fut incontestablement Gilles
de la Roche, chevalier
des ordres du Roi, seigneur des Ganuchères, de la Gestière,
etc., nommé, en 1667, amiral, chef d'escadre des armées
royales. Sa ville natale, Montaigu, qu'on appelle, non sans quelque
ironie, "la cité aux statues", s'honorerait en élevant
un monument à son plus illustre enfant ; 4. Catherine.
VII
Jehan de la Roche,
écuyer,
seigneur de la Roche, reçut du prieur et des paroissiens de
Saint-André-Treize-Voies le droit de banc et l'augmentation
d'une chapelle en l'église paroissiale, "en
considération des services que ledit Jehan de la Roche et ses
prédécesseurs avoient rendus à lad. église
et aux habitants de la paroisse pendant les guerres," par
acte du 29 décembre 1503.
Il
épousa Jehanne
Leet (ou
Lez), fille
de Pierre, écuyer, seigneur de la Desnerie, paroisse de Saint-Donatien,
près de Nantes, et de Anne de la Touche, dont il eut :
1°
Nicolas, qui
suit ; 2° Jean,
recteur
de Saint-Donatien ; 3° Jeanne,
religieuse
de Saint-Georges de Rennes ; 4° Marie,
religieuse
à la Rochelle ; 5° Françoise,
religieuse
des Couêts, près de Nantes ; 6° Louise,
mariée,
le 25 août 1540, à Jean
de la Boucherie, écuyer,
seigneur de Saint-Guy.
VIII
Nicolas de la Roche,
écuyer,
seigneur de la Roche-Saint-André et autres lieux, reçut
de René de la Lande, seigneur de Vieillevigne et de Saint-André-Treize-Voies
le droit d'édifier une chapelle, dite de Saint Nicolas, dans
l'église de Saint-André, et d'y faire "entretenir
perpétuellement ses armes et escuzons", par
lettres du 6 mars 1530. Il mourut en son manoir de la Roche, le 5
juin 1533, et ses frais de sépulture montèrent à
90 livres, somme très considérable pour l'époque.
Sa
veuve, damoiselle Marguerite
Baud, fille
de Mathurin, écuyer, seigneur de Mouligné, conduisit
son jeune fils au château de Mouligné, et laissa l'administration
de sa terre de la Roche à un prêtre de Saint-André,
André Garnier, qui reçut pour ce 10 livres par an.
Marguerite
Baud31,
dont la fille Jeanne épousa son beau-fils, Jean de Machecoul,
se remaria elle-même d'abord à Jean de Heuleix, puis
en troisièmes noces à Jean de Machecoul, seigneur de
Vieillevigne, veuf lui-même de Bonaventure de Bellouan d'Avaugour-Kergrois,
Elle laissait de son premier lit un fils unique qui suit :
IX
Mathurin de la
Roche, écuyer,
seigneur de la Roche, du Mouligné, de la Desnerie, de Saint-Julien-de-Vouvantes,
etc., fut chevalier de l'ordre du Roi (Saint-Michel) et capitaine
de l'arrière-ban des gentilshommes de l'évêché
de Nantes.
Il
fit l'aveu de sa terre de la Roche de Saint-André à
Jean de Machecoul, seigneur de Vieillevigne, le 9 août 1546.
Il habitait d'ordinaire son château de la Desnerie et y mourut
au mois de janvier 1582.
Haut
et puissant Messire Mathurin de la Roche s'était marié
à Jehanne
Hervé, fille
de Martin Hervé, écuyer, seigneur de la Pilotière,
le Bois de Machecoul et l'Epinay en Saint-André ; mais devenu
veuf peu de temps après son mariage, il épousa en secondes
noces, en 1560, Claude
de la Boucherie, fille
de René, écuyer, seigneur de Fromenteaux, d'où
sont sortis :
1°
René, qui
suit ; 2° Claude,
mariée,
le 7 décembre 1588 à Roland
de la Boucherie, chevalier,
seigneur de la Noue, la Ramée, etc.
X
René de
la Roche, écuyer,
seigneur de la Roche, la Desnerie, etc., obtint, le 30 mars 1595,
la main-levée de sa seigneurie de la Roche, qui avait été
saisie pour n'avoir pas comparu aux montres,
attendu
qu'il servait dans les armées du roi. L'aveu de sa seigneurie
de la Roche est rendu en son nom par son gendre, le sieur d'Abbaretz,
à René de Machecoul, seigneur de Vieillevigne, le 3
juin 1601 ; le même aveu est renouvelé par lui en personne
à Jeanne de Tallensac, tutrice de Gabriel de Machecoul, son
fils aîné, le 4 septembre 1606.
Il
avait épousé Marie
Darrot "demeurant
en l'hostel noble de la Chaboterie, paroisse de Saint-Sulpice",
fille de noble et puissant Gabriel Darrot, chevalier de l'ordre du
Roi, seigneur de la Fromentinière, Fresnay, Boisdane, et de
Louise de Crunes, et habitant alors à la Chabotterie, comme
veuf de Perrette Chabot, dame de ce lieu, sa seconde femme. Le contrat
fut passé "au lieu de la Chevasse, près led. lieu
de la Chabotterie", devant Grelaud et Beriau, notaires, le 28
juillet 1584 : la fiancée recevait pour dot la somme de 10.000
écus.
Leurs
enfants furent :
1°
René, qui suit ; 2° autre René,
baptisé
à Saint-Donatien, le 20 février 1600, qui fut tué
en défendant les Sables-d'Olonne contre le prince de Soubise,
en 1622 ; 3° Gabrielle,
née à
la Chabotterie, baptisée à Saint-Sulpice, le 20 mars
1587 ; le parrain fut Charles Darrot, chevalier, seigneur de la Freignais,
et les marraines, Gabrielle Darrot, femme de Jean Aubert, chevalier,
seigneur de la Chabotterie, et Anne Hervé, dame de la Pilotière
et de l'Epinay. Elle épousa, en l'église d'Abbaretz,
le 20 septembre 1604, Georges
de Neuville d'Abbaretz, gouverneur
de Châteaubriant, fils légitimé de Georges de
Montmorency d'Aumont ; 4° Jeanne,
mariée,
le 16 avril 1618, à
Claude Le Borgne, écuyer,
seigneur de la Chollière ; 5° Anne,
baptisée
à Saint-Laurent, le 23 mars 1598.
XI
René de
la Roche, chevalier,
seigneur de la Roche-Saint-André, la Desnerie, etc., naquit
à la Chabotterie, le 9 octobre 1588, et fut baptisé
à Saint-Sulpice, présenté par René de
Clérembault, chevalier, seigneur de la Grolle et de la Gourdonnière,
et Louis de Ranzay, écuyer, seigneur de la Rambaudière,
ses parrains, et Elisabeth Aubert de la Chabotterie, femme de Charles
Darrot, sa marraine.
Il
fit hommage à Vieillevigne, le 19 mars 1611, "pour
les lieux et maisons nobles de la Roche et de la Masure a cause de
la mer (?) avecq leur appartenance sis en la paroisse de Sainct Andre
de treize Voix". Sa
veuve faisait le même aveu au nom de ses
enfants,
le 5 septembre 1622.
René
de la Roche, en effet, avait été tué, en même
temps que son frère cadet, au siège des Sables par Soubise,
en 1522 laissant pour veuve Michelle
Pineau, fille
de Jacques, écuyer, seigneur de l'Epinaye (le Bignon), et de
Claude du Bois. La dame de la Roche créait, dès le 10
juin 1622, "deux
annuets, l'un en la paroisse de Saint-André-Treize-Voies, où
est située la maison de la Roche, et l'autre en l'église
de Saint-Donatien, où est située la maison de la Desnerie".
Ils
eurent pour enfants :
1°
Pierre, mort
avant 1622 ; 2° Louis,
qui
suit ; 3° Claude,
religieuse
franciscaine ; 4° Marie,
également
religieuse franciscaine ; 5° Jean,
écuyer,
seigneur de l'Epinay, paroisse du Bignon, qui eut postérité
de Jeanne Adam de la Mazure, son épouse ; 6° Pierre,
qui,
suivant la généalogie manuscrite de la maison de la
Roche-Saint-André, serait l'auteur de la branche de la Brandaisière
en Port-Saint-Père.
XII
Louis de la Roche-Saint-André,
chevalier,
seigneur de la Roche-Saint-André, la Desnerie, etc., conseiller
du roi au Parlement de Bretagne, où il fut reçu le 4
mars 1649, rendit hommage au seigneur de Vieillevigne pour son château
et son fief de la Roche, les 13 septembre 1622 et 11 juillet 1629.
Il partagea les biens de ses père et mère avec ses puînés,
les 10 janvier 1643 et 26 octobre 1649, et fut maintenu dans sa noblesse,
avec tous les membres de sa branche, par arrêt du 28 janvier
1669. Il fut enterré dans l'église de Saint-Donatien
de Nantes, le 23 août 1686, laissant de Marie
Le Febvre de la Ferronnière qu'il
avait épousé, le 7 mai 1648 :
1°
Louis, qui
suit ; 2° Claude,
religieux
capucin ; 3° François,
qui
suivra son frère Louis ; 4° Anne,
épouse
de Charles de Varennes,
écuyer,
seigneur de Varennes et de la Préauté, en Sainte-Pazanne
; 5° Louise,
supérieure
des Ursulines de Nantes.
XIII
Louis de la Roche-Saint-André,
chevalier,
seigneur de la Desnerie, de la Roche, etc., titre qu'il porta toujours
en sa qualité d'aîné de sa maison, bien qu'il
ne fût plus propriétaire de la terre seigneuriale de
la Roche-Saint-André, depuis qu'il l'avait laissée en
partage à son frère cadet en 1691. Il épousa
Anne Raoul, dont
il eut une fille, Louise-Anne,
née
en 1688, morte sans alliance. Il avait eu également une fille
naturelle, appelée Gabrielle
de la Roche, décédée
en 1697. Il mourut le 19 février 1723, laissant son neveu,
Louis de la Roche-Saint-André, fils de François, chef
de nom et d'armes de son antique maison.
XIV
François
de la Roche-Saint-André, chevalier,
fut seigneur de la Roche, en vertu de l'acte de partage du 31 juillet
1691, par lequel son frère aîné délaissait
à lui et à sa soeur Anne "le
lieu et manoir noble, terres et seigneurie de la Roche, métairies
de Lenfraire, du Plessix-Vellin, la Pinière, du Pé,
la Petite-Roche, la Ronde, la Masure, la Riollière et autres,
situées es paroisse de Saint-André-Treize Voyes et ailleurs,
ainsi qu'en jouissoit leur défunt père."
Il
épousa Marguerite
Lorteau, veuve
de René Guesdon de la Roche, sénéchal de Retz
et de Machecoul, laquelle était déjà veuve de
"Mr
de
Saint-André", son second mari, le 18 juin 1695, date du
prisage de la terre seigneuriale de la Roche. Leurs enfants furent
:
1°
Louis, qui
suit ; 2° Renée,
supérieure
des Ursulines de Nantes.
XV
Louis de la Roche-Saint-André,
chevalier,
seigneur de la Roche, Fresnay, la Salle, le Bois, le fief Gourdeau,
etc., demeurait d'ordinaire en son château de la Salle, paroisse
de Fresnay (Loire-Inférieure). Il fit l'aveu de la Roche-Saint-André
à Vieillevigne, les 23 février 1722 et 2 août
1747. Il épousa Marie
Chitton, fille
de Josias, écuyer, seigneur de Varnes, la Davière, le
fief Gourdeau (les Lucs), et de Marie Chitton, suivant contrat passé
à la Garnache, le 27 septembre 1718.
De
cette alliance naquirent :
1°
Louis, qui
suit ; 2° René-Claude,
prêtre,
trésorier de la Sainte-Chapelle de Vincennes, chanoine de Nantes,
abbé commendataire de Trissay ; 3° Henri-Alexandre,
officier
de marine, chevalier de Saint-Louis ; 4° Charles,
officier,
chevalier de Saint-Louis ; 5° Modeste
;
6° Marie, mariée
en 1739 à
Benjamin-Louis de Mauclerc ;
7° Angélique-Bonne
;
8° Sainte,
religieuse
à l'abbaye de Fontevrault.
XV
Louis de la Roche-Saint-André,
chevalier,
seigneur de la Roche, Fresnay, la Salle et autres lieux, épousa,
le 13 juillet 1750, Louise-Gabrielle
du Chilleau, fille
du marquis d'Airveau, et cousine-germaine de l'archevêque de
Tours. Ils eurent pour enfants :
1°
Louis, qui
suit ; 2° Charles-Augustin-Gabriel,
chevalier
de Malte ; 3° Louis-Henri,
chevalier
de Saint-Louis, lieutenant de vaisseau, officier vendéen pendant
la Grande Guerre. Il s'était marié à Magdeleine
Binet de Jasson, qui
fut condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire
en 1794 ; 4° Augustin-Joseph,
né
en 1756, page de la Petite-Ecurie du roi, puis officier de cavalerie.
Elu maire de Montaigu en 1790, il fut officier royaliste dans la Grande
Guerre et mourut à Coulans (Sarthe), le 20 novembre 1793. Il
s'était marié le 22 juin 1779 à Ursule
Suzanne-Véronique de Regnon, dame
de la Garde, en Rocheservière. Leur fils aîné,
Alexandre, devint,
après la mort de ses oncles, le chef de nom et d'armes des
nombreuses branches de la maison de la Roche-Saint-André. Sa
postérité habite encore Rocheservière, à
six kilomètres du vieux château de la Roche, et son petit-fils,
Alfred, est
actuellement le marquis de la Roche-Saint-André ; 5° Gabriel-Marie,
chevalier
de Malte, capitaine d'infanterie, puis consul de France et chevalier
de la Légion d'honneur sous la Restauration. Il mourut à
Nantes en 1832, sans postérité de Mlle
Anne-Marie
de Coutances ; 6°
Marie-Gabrielle,
mariée
y 1774 à Alexis
de Pestiven.
XVII
Louis de la Roche-Saint-André,
chevalier,
seigneur de la Roche, Fresnay, la Salle, les Planches, le fief Gourdeau,
etc., était généralement connu sous le nom de
marquis de la Roche-Saint-André,
titre
dont il est qualifié dans la lettre de S. A. S., L.-J.-M. de
Bourbon, lui annonçant, le 28 mai 1787, qu'il est admis à
monter dans les carrosses du roi et à porter l'habit d'équipage.
Il
fut l'un des principaux généraux vendéens de
la Grande Armée ; il prit part aux batailles de Pornic, de
Dol, d'Antrain, etc., et périt à Savenay, le 23 décembre
1793.
Il
avait épousé à Nantes, le 20 janvier 1789, Mlle
Magdeleine-Marie
Le Desnays de Cargouet, dont
il eut une fille
Marie-Octavie, morte
jeune.
Le
marquis de la Roche-Saint-André avait vendu, suivant contrat
du 12 novembre 1791, la terre de la Roche-Saint-André, dont
il tirait son nom, et qui était possédée par
sa famille depuis de longs siècles. Nous ne savons au juste
quel en fut alors l'acquéreur, mais on prétend que ce
fut Mr
Du
Chaffault de la Sénardière en Boufféré.
Nous ignorons également le sort de cette terre de la Grande-Roche
pendant la Révolution. On sait seulement que sous la Restauration,
elle fut vendue par M. Sarrebourse d'Audeville, de Rezé, à
M. Alexis Luneau, de la Chagnaie. Elle appartient actuellement à
son arrière-petite-fille, Mme
Joséphine
Luneau, jadis
épouse de M. Boucher, de Vieillevigne.
La
Petite-Roche, comme nous le verrons plus loin, fut donnée à
la fabrique par le testament de M. Oiry qui en était le propriétaire.
Placée sous sequestre après la loi de séparation,
elle vient d'être attribuée à la commune de Saint-André.
§
III. La Chevrottière
Le
château de la Chevrottière,
également
orthographié la Chevratière,
suivant
la prononciation locale, est situé au sud-ouest de la paroisse32
et
fut, tout au moins dès la fin du XIVe
siècle,
la demeure de la noble famille Cailhaut qui le fit réédifier
au commencement du XVIIe
siècle.
Ce qu'il en reste forme aujourd'hui l'habitation actuelle des métayers,
mais cette habitation conserve encore son aspect seigneurial et dénote
de la part du propriétaire un véritable goût artistique.
La
porte principale est surmontée d'un magnifique fronton triangulaire
de granit encadrant un immense écusson oval, entouré
des lacs d'amour et écartelé aux armes : 1° Cailhaut,
2°
de Culant (d'argent
semé de tourteaux de sable au sautoir engreslé de gueules),
3° de la Roche-Saint
André (de
gueules à trois rocs d'échiquier d'or) et 4° Durcot
(d'or
à trois pommes de pin tombantes de sinople). Le sculpteur a
gravé de chaque côté de l'écu les lettres
enlacées G. C., à dextre, et B. C., à senestre,
et plus bas 160Z (1602). Ces lettres et la date qui les accompagne
ne permettent de laisser aucun doute sur le nom des propriétaires
constructeurs : Gabriel Cailhaut et son épouse Barbe de Culant,
qui furent de leur temps d'importants personnages fort connus à
la Cour. En pénétrant dans le logis, on remarque les
cheminées sobrement ornées mais si vastes et si profondes
que la famille entière du seigneur pouvait facilement trouver
place sur les bancs latéraux dont elles étaient garnies.
Si l'on ajoute un vieux portique voûté et, dans quelque
autre coin près d'une porte, un bénitier de granit,
seul reste de la chapelle seigneuriale dont il marque l'entrée,
nous aurons une description à peu près complète
de ce qu'est actuellement l'ancien château de la Chevrottière.
Il
relevait de la seigneurie du Bois de Vieillevigne, ainsi que le fief
qui y attenait et qui s'étendait sur les paroisses de Saint-André,
Mormaison, l'Herbergement, Boufféré et Vieillevigne.
Néanmoins, le seigneur de la Brelaire avait également
certains droits féodaux sur la Chevrottière, et il fut
convenu entre les seigneurs intéressés, en 1504, que
désormais cette seigneurie relèverait pour le fond du
château de la Brelaire (Vieillevigne). C'est ce qui résulte
des titres prouvant la filiation33
des
premiers seigneurs de la Chevrottière.
I
Jean Cailhaut34,
écuyer, seigneur de la Chevrottière, fit, le 31 mars
1430, un accord avec Perrot Chasteigner, écuyer, seigneur de
la Brelaire, pour les devoirs dus par sa maison noble de la Chevrottière.
Il avait épousé Gilette
Blanchet et
fut père de :
1°
Raoul, qui
suit ; 2° Marie,
qui,
le 3 janvier 1460, était fiancée à
Jean Huet, de
Nantes, et partageait avec son frère les successions de leurs
père et mère35.
II
Raoullet Cailhaut,
écuyer,
seigneur de la Chevrottière, vivait encore en 1534, époque
à laquelle il assistait au mariage de René, son petit
fils.
II
bis Vers
le même temps, vivait un Jacques
Cailhaut, écuyer,
seigneur de la Chevrottière, qui par-tageait noblement avec
Jacquette Cailhaut,
sa
soeur, mariée, le 31 décembre 1512, à
Jean Petit, écuyer,
seigneur de Charet. Ils nous paraissent les enfants de Raoul et les
frère et soeur de Charles Cailhaut qui suit :
III
Charles Cailhaut,
écuyer,
seigneur de la Chevrottière, fils de Raoul Cailhaut, rendait
aveu de son dit fief au seigneur de Vieillevigne, le 17 mai 1482.
Il faisait, le 2 juillet 1555, une déclaration des fiefs nobles
qu'il possédait en Bretagne, où était alors située
la Chevrottière, afin de servir à l'établissement
du rôle des ban et arrière-ban. De Catherine
de la Roche-Saint-André il
eut René,
qui
suit :
IV
René Cailhaut,
écuyer,
seigneur de la Chevrottière, la Groëzardière, la
Guérinière, la Forest, Montreuil, etc., épousa,
le 10 décembre (aliàs 10 janvier) 1534, Catherine
Durcot, fille
de Guillaume Durcot, écuyer, seigneur de l'Étang, et
de Jeanne Dorin. Elle était veuve, le 21 novembre 1575, date
à laquelle elle testa en faveur de ses enfants qui étaient
:
1°
Gabriel, qui
suivra ; 2° Catherine,
laquelle
épousa, en 1571, Charles
Bonnevin, écuyer,
seigneur de la Ritollière ; 3° Charles,
qui
suit ; 4° Renée,
religieuse
du Val-de-Morière.
V
Charles Cailhaut,
écuyer,
fut seigneur de la Chevrottière, en vertu du partage que lui
donna son frère aîné. Il mourut sans alliance,
et, le 8 avril 1581, Gabriel et Catherine Cailhaut se partagèrent
sa succession.
VI
Gabriel Cailhaut,
écuyer,
seigneur de Montreuil-sur-Mer, la Groëzardière, les Villattes,
etc., puis seigneur de la Chevrottière, après la mort
de son frère puisné, Charles Cailhaut, embrassa la religion
protestante. Il fut parrain au temple de la Rochelle, en 1573, d'une
fille de César de la Fontenelle, écuyer, seigneur de
la Viollière, et encore le 28 juin 1587. Du reste, en 1571,
il avait pris part à la défense de la Rochelle. Il fut
nommé gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, le 3 juin
1596, et fut confirmé, le 13 juillet 1598, dans sa noblesse
par les commissaires départis pour le règlement des
tailles.
Il
épousa, le 1er
novembre
1573, Barbe de
Culant, veuve
de François, comte de la Tour, et fille d'Olivier, baron de
Ciré, comte de Nieuil (Charente-Inférieure), etc., et
de Françoise de la Rochebeaucourt. C'est à ce seigneur
et à cette dame de la Chevrottière que l'on doit la
reconstruction du château de ce lieu, qui avait dû subir
les atteintes des guerres civiles du XVIe
siècle,
comme il aura plus tard à souffrir de celles de la Révolution.
De
cette alliance naquirent : 1° Salomon,
qui
suit ; 2° Zacharie,
marié,
en 1607, à
Jeanne Marteau, dont
il eut plusieurs enfants baptisés au temple de la Rochelle
; 3° Daniel,
baptisé
à la Rochelle, le 27 septembre 1574 ; 4° Moïse,
baptisé
en 1587 ; 5° Samuel,
tige
de la branche des la Groëzardière ; 6° Renée,
mariée,
en 1609, à
Gilles Louer, écuyer,
seigneur de Villeneuve36
;
7° Marguerite,
mariée,
en 1615, à Claude
Rousseau, écuyer,
seigneur du Chardonnay.
VII
Salomon de Cailhaut,
chevalier,
seigneur de la Chevrottière, Montreuil, etc., gentilhomme ordinaire
de la Chambre en survivance, fut nommé, le 23 mars 1641, capitaine
des Chevau-légers de la garde du Roi. Il fit l'aveu des rentes
féodales placées sous la seigneurie du Bois-Chollet
à Christophe de Chevigné, le 30 juillet 1630.
Il
eut de Louise de
Bessay, qu'il
avait épousée, le 8 juin 1610 :
1°
Alexandre, qui
suit ; 2° François,
écuyer,
qualifié de seigneur d'Izereau ; 3° Suzanne,
mariée
à Charles
Ranfray, écuyer,
seigneur de la Girardière ; Jeanne,
mariée,
en 1644, à
Louis de Rorthays, écuyer,
seigneur de Montbail et de Saint Révérend.
VIII
Alexandre de Cailhaut,
écuyer,
seigneur de la Chevrottière, Montreuil, la Guérinière,
etc., assista, en 1651, à l'assemblée des nobles du
Poitou, convoquée à Poitiers pour nommer des députés
aux Etats de Tours. Il fut maintenu dans sa noblesse par Barentin,
le 24 septembre 1667. Il avait épousé, le 7 mai 1647,
Françoise
Ménardeau, fille
de René, chevalier, seigneur du Perray, maire de Nantes, et
de Marie de Crespy. Il mourut, en 1674, et sa femme, en 1694, ne laissant,
suivant Beauchet-Filleau, qu'une fille qui suit :
IX
Françoise
de Cailhaut, fut
dame de la Chevrottière et mourut célibataire le 16
juin 1710.
Pourtant
les registres de Saint-André-Treize-Voies font mention d'un
Louis de Cailhaut
qui
semble être fils soit d'Alexandre, seigneur de la Chevrottière,
soit de François, seigneur d'Izereau.
Louis
de Cailhaut, mineur, épouse en l'église paroissiale,
le 17 novembre 1676, Perrine
Caussa. Il
n'en eut pas moins cependant une enfant illégitime de Renée
Baudry, à qui les parrain et marraine, Jean Douaud et Marie
Caussa, donnèrent sur les fonts baptismaux, le 12 mars 1684,
le nom de Jeanne.
La
Chevrottière qui, depuis le XIVe
siècle,
était entre les mains de la famille Cailhaut, passa après
1710 dans celles des Martineau, probablement par alliance, ou plus
exactement par héritage.
X
Nicolas (César-Guillaume-Nicolas)
Martineau37
s'intitule
seigneur de la Bertière et de la Chevrottière, dans
un acte de 1723. Il demeurait à la Chevrottière dès
cette époque, et y vivait encore en 1743, comme il paraît
sur les registres catholiques de Saint-André. Il avait épousé
avant 1723 demoiselle Anne-Perrine
Le Simple dont
il eut :
XI
Perrine-Anne Martineau,
dame
de la Chevrottière, la Bertière, etc., demeurait en
son manoir de la Chevrottière suivant les registres de Saint-André
et les quelques actes qui la concernent. Nous voyons ainsi que "demoiselle
Perrine-Anne de Martineau, dame de, la Berthière, demeurant
à sa mai-son noble de la Chevratière. paroisse de Vieillevigne
(sic)", paie,
le 20 avril 1760, la somme de 30 livres à Messire Louis-René
Le Maignan de l'Ecorce, pour une rente due par Salomon Cailhaut, depuis
1609. (Arch. de
l'Ecorce.)
Perrine
Martineau mourut à la Chevrottière. Son acte de décès
est ainsi rédigé : "Le
17 novembre 1761, a été inhumé au cimetière
de l'Hôpital de Montaigu, le corps de demoiselle Petronille
Martineau, dame de la Berthière et Chevratière, ayant
son domicile à la Chevratière, paroisse de Vieillevigne,
décédée à l'âge de cinquante-ans."
Après
une lacune de plus de cinquante ans, due à la destruction des
anciens titres de la Chevrottière, nous lui trouvons comme
propriétaire, sous la Restauration, Mr
Pierre
Guichet, ancien
officier vendéen, demeurant en cette vieille habitation qui
n'est plus, depuis le XIXe
siècle,
qu'une simple ferme. Elle appartient aujourd'hui à Mme
veuve
Bouancheau, qui
la tient elle même de la famille Guichet.
§
IV. La Grelière
La
Grelière ou Grellière se distingue actuellement en Haute-Grelière,
c'est-à-dire
l'ancienne Grelière, et en Basse-Grelière.
La
première conserve encore son cachet de petit manoir rural.
La maison de ferme a une porte et plusieurs fenêtres qui sont
dans le style des restaurations faites à la fin du XVIe
siècle
; la cour, l'ancienne cour d'honneur, est spacieuse et entourée
de grandes et anciennes servitudes ; le jardin, situé derrière
la maison, est clos de vieux murs baignés en partie par un
reste de douves encore larges et profondes. Ce fut pendant bien des
siècles la demeure des seigneurs de ce lieu. Mais cette maison,
usée par le temps et peut-être même par les guerres,
devint bientôt inhabitable, et au XVIIe
siècle,
ou mieux au début du XVIIIe,
les Le Geay la délaissèrent pour construire à
trois cents mètres de là une demeure plus confortable.
Ce fut "le logis de la Grelière", dénomination
que nous trouvons encore sur le cadastre de 1837 pour désigner
l'habitation que nous appelons aujourd'hui la Basse-Grelière.
Ce
dernier château, brûlé pendant la Révolution,
restauré tant bien que mal par les nouveaux propriétaires,
fut enfin réédifié en 1842. La nouvelle maison
bourgeoise, considérablement agrandie en 1863, a été
elle-même démolie en 1903. On n'en voit plus guère
que les belles servitudes et le saut
du loup de
l'ancien château.
La
Grelière appartint au Moyen-Age à la famille Louër
(écrit
parfois Louher)38,
qui posséda de nombreux fiefs et domaines dans la contrée,
parmi lesquels la Louerie en Boufféré, la Grelière
et le Retail en Saint-André, la Sècherie en Saint-Philbert-de-Bouaine,
etc. Cette famille Louër se répandit si rapidement dans
la région qu'un bon nombre de ses membres nous sont connus
sans qu'on puisse leur assigner une filiation certaine.
Nous
ne nous en tiendrons donc qu'aux seuls seigneurs de la Grelière.
I
Jean Louer,
écuyer, seigneur de la Grelière et du Retail, est cité
parmi les vassaux du sire de Rocheservière, en 1410, et était
décédé en 1429, époque à laquelle
son fils aîné s'intitule "fils de Jehan Louer du
Retail, seign. de la Grelière, en la paroisse de Saint André
de Treize Voix". Il est à remarquer qu'il portait le surnom
du Retail, ce qui semble indiquer qu'il était le cadet de sa
maison. Nous voyons, en effet, en même temps que lui au rôle
des vassaux de Rocheservière, vers 1410, le nom de Geoffroy
Louer, écuyer, seigneur de la Louerie, en Boufféré,
qui fut le lieu d'origine de cette ancienne famille. (Arch.
de la Loire-Inférieure, L.
18.)
Jehan
Louer épousa Nicole
Milon, et
eut entre autres enfants :
1°
Aimery qui
suit ; 2° N...,
dont
le fils, Nicolas
Louer, paroissien
du Pellerin (Loire-Inférieure), vend, le 1er
avril
1448, à Mathurin Hervé, sieur de l'Epinay, pour la somme
de 25 livres, douze boisseaux de blé portables "à
son hostel de Lespinays étant en la dite paroisse de Saint-André"
; 3° Marie,
déjà
veuve de Nicolas
Fouscher, le
22 août 1450. A cette date, devant Rondeau, notaire de la châtellenie
de Rocheservière, elle vend à son frère Aimery
ce qui lui revenait dans la succession de ses père et mère,
tant en Saint-André qu'en Vieillevigne.
II
Aimery (Hemery)
Louer, écuyer,
seigneur de la Grelière, achète à Jean Begaud,
écuyer, seigneur de la Begaudière, pour la somme de
12 livres, les 15 sols de rente qu'il devait audit Begaud, sur le
tènement de la Grelière : acte passé, le 25 décembre
1429, devant Morveau, notaire de la châtellenie de Montaigu.
En 1449, Aimery Louer, "paroissien de Vieillevigne", passait
une transaction avec Mathelin Hervé, sieur de l'Epinay, au
sujet de la vente faite par son neveu Nicolas, et en fait le retrait
"estant es ligne et ramage".
III
Roland Louer, écuyer,
seigneur de la Grelière, nous est connu par l'inventaire fait
en cour de Vieillevigne des biens meubles de feu Jean de la Roche-Saint-André
et de Marie Marin son épouse, en 1479. (Arch.
de la Roche-Saint-André.)
Il
était sans doute le fils du précédent.
Un
demi-siècle plus tard, nous trouvons aux mêmes dates
deux Louer portant le titre de la Grelière, l'un devant être
le frère cadet ou le cousin-germain de l'autre.
IV
Roland Louer, écuyer,
seigneur de la Grelière, achète une rente foncière
de Jean Amiault, le 21 novembre 1530. Il nous est connu par deux autres
titres, l'un de 1558, l'autre de I565, dans lesquels il prend les
qualités de seigneur de la Grelière et de châtelain
de Vieillevigne, et y est dit demeurant en son hôtel noble de
la Grelière.
Il
eut une fille, Jeanne
Louer, mariée
le 3 février 1563, suivant contrat passé devant Phillebert
et Vesque, notaires à Vieillevigne. avec Thomas
Landreau, qui
habitait le lieu noble du Pas, paroisse de Château-Thébaud.
V
Martin Louer, écuyer,
seigneur de la Grelière, Villeneuve (Saint Sulpice), etc.,
était fils de François Louer, écuyer, seigneur
de la Louerie et de Villeneuve, et de Jeanne Aymon.
Ceux-ci
étant décédés, il fit avec son frère
cadet, Louis Louer, écuyer, le partage noble de leur succession
par acte passé en cour de Montaigu, le 6 mai 1531, au rapport
de Chauveau et Le Jeay, notaires. Cet acte ne permet guère
de supposer que Roland Louer était son frère et nous
ne pouvons nous expliquer comment sur des titres originaux de la même
année deux Louer portent la qualité de seigneur de !a
Grelière, autrement que l'un en avait le partage comme aîné,
mais non la propriété, ainsi qu'il arrivait à
tout instant suivant les partages nobles, ou bien que la seigneurie
de la Grelière eut été divisée en deux
parties: ce serait alors l'origine de la Haute et de la Basse-Grelière.
En
effet, Martin Louer épousa Catherine
de Liré, d'après
le contrat de mariage reçu devant les notaires royaux de Nantes,
Pellissonneau et Villayne, le 9 novembre 1530. Il y
est
dit seigneur de Villeneuve et de la Grelière ; or, le 21 novembre
suivant, Roland Louer est également qualifié seigneur
de la Grelière. Les deux époux se faisaient donation
mutuelle, le 19 novembre 1553, et Martin Louer vivait encore en 1563,
année même où Roland Louer habite le manoir de
la Grelière.
Il
laissait au moins de Catherine de Liré, son épouse :
1°
François
qui
suit ; 2° Marguerite,
qui
partage avec son frère les successions des seigneur et dame
de la Grelière, le 6 mai 1564.
VI
François
Louer, écuyer,
seigneur de la Grelière, puis de la Guessière (Beaulieu-sous-la-Roche),
épousa, par contrat du 28 novembre 1552, devant Bourdon et
Vilaines, notaires de la baronnie de Montaigu, Melle
Marguerite
Buet, qui,
devenue veuve, se remaria à Jacques Poictevin, chevalier, seigneur
du Plessis-Landry. Ses enfants du premier mariage furent :
1°
René, chevalier,
seigneur de la Guessière, de la Grimaudière, etc., est
qualifié de seigneur de la Grelière, bien qu'il semble
n'en avoir jamais eu la propriété. Il fut gentilhomme
ordinaire de la cour du roi et l'un des lieutenants du duc de Mercoeur
pendant les guerres de la Ligue, au cours desquels il fut fait prisonnier
en 1591. Il laissa une fille nommée Marie,
de
son mariage avec Marie
Bouhier ; 2° Catherine, mariée
en premières noces à
François Poictevin, écuyer,
seigneur du Plessis-Landry, et en secondes noces à
René de Brachechin.
VII
Jean Louer, écuyer,
dont on ne peut préciser exactement la filiation, fut seigneur
de la Grelière, qu'il dut obtenir en partage de ses aînés.
Il avait épousé Isabeau
Morisson (de
la Bassetière) et vivait en 1616 et en 1619, époque
à laquelle il donne une procuration pour la tutelle de Marie
Louer, fille unique de René, seigneur de la Guessière
(son frère ou cousin-germain ?). Il eut :
1°
Gilles qui
suit ; 2° David,
écuyer,
seigneur de la Corbinière, demeurant à la Grelière
quand il épousa, par contrat du 16 décembre 1616 (Cochet
et Millet, notaires de la baronnie de Puiroux), Marguerite
Buor, dame
de Beauregard ; 3° Louis,
qui
suivra son frère Gilles ; 4° Claude,
écuyer,
seigneur de la Brosse, marié, le 12 juin 1628, dans l'église
de Remouillé, par Jacques Louer, curé de Saint-André,
avec Renée
Gaingnard, dame
de la Caffinière, dont Jacques,
écuyer,
seigneur de la Coffinière ; 5° Jacques,
écuyer,
prêtre, prieur-curé de Saint-André-Treize-Voies,
mort en son manoir presbytéral qu'il avait fait reconstruire,
et ensépulturé le 13 août 1649.
VIII
Gilles Louer, écuyer,
seigneur de la Grelière, de Villeneuve, etc., demeurait à
Aizenay, en 1619, et habitait son château de la Grelière,
le 30 décembre 1627, date à laquelle il vendait, avec
Claude Louer, son frère, sa part d'héritage dans le
fief de la Surie (Saint-Julien-des-Landes), provenant de la succession
de sa nièce, Jacquette
Louer, probablement
fille de David, à Samuel Raclet, écuyer, seigneur de
la Forest. Nous ne savons s'il laissa postérité de son
mariage avec Renée
de Cailhaut en
1609 ; du moins ce fut son frère cadet, Louis, qui lui succéda
dans la seigneurie de la Grelière.
IX
Louis Louer, écuyer,
seigneur de la Vézinière, puis de la Grelière,
épousa, le 4 novembre 1622, Esther
Gazeau, dame
de la Limonnière (Chavagnes), dont :
1°
N. qui
suit ; 2° Louise,
épouse
de Henri de Chevigné,
fils
de René, chevalier, seigneur du Bois-Chollet et de l'Herbergement,
et de Guyonne de la Boucherie. Elle était veuve, en 1671, date
à laquelle elle reçut hommage de son fief de la Surie.
X
N. Louer, dame
de la Grelière, la Vézinière, apporta ces fiefs
à son mari Pierre
Le Geay42,
écuyer, seigneur de la Gestière et de l'Etablière,
veuf d'Elisabeth David, et fils du célèbre André
Le Geay, écuyer,
seigneur de la Gestière, la Cantaudière, etc., et prévôt
général du Poitou, et de Judith Voultegon.
N.
Louer et Pierre Le Geay eurent vraisemblablement :
1°
André qui
suit ; 2°
Pierre,
écuyer,
seigneur de la Vézinière, dont le fils posséda
également la. Grelière ; il épousa Livie de Tinguy.
XI
André Le
Geay, écuyer,
seigneur de la Grelière, épousa Françoise
de la Chesnaye, dame
de la Grolle, fille de René, écuyer, et de Françoise
de Goué. Ils introduisirent la religion protestante à
la Grelière, et leurs premiers nés furent baptisés
par le pasteur de Vieillevigne. Ils eurent pour enfants :
1°
Charles, né
en 1671 ; 2° Louis,
né
en 1672. Tous deux abjurèrent le protestantisme entre les mains
de l'ancien évêque de Nantes, dans l'église de
Vieillevigne. Ils durent mourir sans avoir été mariés
; 3° Suzanne,
baptisée
le 10 septembre 1676 ; 4° Marie-Anne,
le
1er
janvier
1680 ; 5. André
qui
suit ; 6° Pierre-François,
qui
fut le seul à être baptisé en l'église
paroissiale, le 18 novembre 1685.
XII
André Le
Geay, chevalier,
seigneur de la Grelière, la Grolle, etc., naquit à la
Grelière, le 25 fé-vrier 1681, et épousa, en
1704, Magdeleine-Louise
de la Haye-Montbault, qui
se remaria après 1710 à René Baye, écuyer,
seigneur de Lestang. André Le Geay qui mourut à Montaigu
le 31 mars 1705 eut un fils né posthume:
XIII
André-Louis
Le Geay, chevalier,
seigneur de la Grelière, fut baptisé à Saint-Philbert-de-Bouaine,
le 4 juin 1705, et épousa Jeanne
Marguerite Mesnard de la Barotière, dont
il n'eut pas d'enfants.
Il
fit son testament à Luçon, où il résidait,
le 19 avril, 1730. Ses dispositions aussi pieuses pour les églises
que bienfaisantes pour ses amis, ses serviteurs et les pauvres ont
été publiées dans la Société
d'Emulation de la Vendée, 1878,
p. 228.
André-Louis
Le Geay avait cessé ainsi que son père, d'habiter l'ancienne
maison patrimoniale de la Grelière. Celle-ci était occupée
depuis 1693 par Louis-Charles
de Goué,
chevalier, seigneur du Marchais, la Renaudière, etc., et par
Marie-Anne-Judith
Sajot, son
épouse, qui tous deux vivaient dans la religion prétendue
réformée44.
M. de Goué mourut, semble-t-il, à la Grelière,
au mois d'avril 1697, sans avoir abjuré ses erreurs, et sa
veuve continua d'habiter cette demeure. C'est ce qui explique la présence
des de Goué du Poitou à l'Armorial de d'Hozier de 1697-1700
dans la province de Bretagne. Une de leurs filles, Charlotte de Goué,
épousa en 1707, dans l'église de Saint-André,
Louis des Hommes, chevalier, seigneur d'Archais ; leur fille aînée
était déjà mariée au futur seigneur de
la Grelière.
XIV
Jacob Le Geay,
chevalier,
seigneur de la Vézinière, la Baillie-Buet, puis, à
la mort de son neveu à la mode de Bretagne, Louis-André
Le Geay, en 1730, seigneur de la Grelière, la Grolle, etc.,
était fils de Pierre Le Geay et de Lyvie de Tinguy. Il épousa
Judith-Aimée
de Goué, qui
était veuve avant 1739 et qui mourut au château de la
Vézinière, le 28 septembre 1756, âgée de
soixante-seize ans.
De
cette alliance naquirent :
1°
Louis-Jacob, qui
suit ; 2° Louise-Bénigne,
dame
de la Vézinière, mariée à Beaufou, en
1750, à
Noël-Alexis de la Forest, chevalier,
seigneur de la Groizardière.
XV
Louis-Jacob Le
Geay, chevalier,
seigneur de la Grelière, la Grolle, etc., mourut célibataire
à l'âge de quarante-trois ans, en son château de
la Grelière, et fut inhumé, à Saint-André,
le 13 mars 1777.
Ses
biens et, en particulier, la Grelière, passèrent à
ses neveux, Marc-Aimé-Alexis
(†
1800) Henri-Aimé
(†
en émigration), Louise
(†
1816) et Charlotte
(†
1828) de la Forest-Groizardière,
laquelle
eut pour héritiers les membres des familles de Goué
et de Citoys.
La
Grelière fut vendue nationalement au moment de la Révolution
sur MM. de la Forest-Groizardière qui avaient émigré
et passa depuis en diverses mains. A l'époque de la confection
du cadastre (1837), la Haute et Basse-Grelière appartenaient
à M. de
Sarrebourse-Daudeville, de
Rezé (Loire-Inférieure). Après sa mort, la Haute-Grelière
resta en possession de ses héritiers et appartient aujourd'hui
à M.
Le Lièvre
de la Touche. Quant
à la ferme de la Basse-Grelière cédée
à la famille Sau-vaget,
qui
y fit édifier la maison bourgeoise démolie depuis, elle
a été achetée, en 1900, par M. et Mme
Moreau,
de
la Touche (Rocheservière).
§
V. Le Retail
Le
Retail appelé
également le Retail-Louer,
du
nom de ses premiers possesseurs, et aujourd'hui le Petit-Retail,
est
peut-être de tous les castels ruraux situés sur la paroisse
de Saint-André celui qui a conservé le plus fidèlement
son aspect de manoir féodal.
On
pénètre, par un vieux porche percé de meurtrières,
dans une vaste cour d'honneur fermée d'un côté
par les servitudes, de l'autre par une vieille tour, et à l'ouest
par l'ancien logis seigneurial, qui sert aujourd'hui de demeure au
fermier ; le tout était entouré de douves qui subsistent
encore en partie. L'intérieur est éclairé par
de larges fenêtres à croisillons et à meneaux
et renferme deux belles cheminées en granit dont l'une mérite
bien d'être reproduite dans notre chronique. Elle est ornée
d'un cartouche aux armes des Louer, anciens seigneurs de ce lieu,
en haut duquel le sculpteur a placé la date de 1576 et au-dessous
de l'écu les trois lettres P. d. R. Cette inscription nous
précise l'époque de la reconstruction de cette gentilhommière
qui avait dû souffrir, comme ses voisines, des troubles et des
guerres civiles ; elle nous donne également le nom de son propriétaire
et restaurateur, Philippe
de Ramberge, qui
tenait cette seigneurie de ses ancêtres, les Louer.
I
Le premier seigneur de ce lieu authentiquement reconnu est Jehan
Louer, écuyer,
seigneur du Retail et de la Grelière. Sur le rôle des
vassaux de Maurice de Volvire, sire de Rocheservière, dressé
vers 1410, on trouve, à côté Geoffroy Louer, écuyer,
seigneur de la Louerie, "Jehan
Louer, seigneur du Retail en la paroisse de Saint-André de
Treize-Voix" (Arch.
de la Loire-Inférieure L 18). Nous rencontrons encore son nom
dans un acte du 25 décembre 1429 concernant "Aimery
Louer, fils de Jehan Louer du Retail, seigneur de la Grelière
en la paroisse de Sainct-André de Treize-Voix". Cet
Aimery Louer avait épousé Nicole
Milon et
en eut plusieurs enfants, dont il a été question dans
la monographie de la Grelière. (Arch. de la Menolière
à la Viollière.)
Pendant
plus d'un siècle nous n'avons aucune mention de la seigneurie
du Retail, qui passa évidemment par héritage des Louer
du Retail dans la famille de Ramberge45
qui
la possédait dès avant 1538.
Les
nouveaux seigneurs étaient enfants de Philippe de Ramberge,
écuyer, seigneur de Lescornerie, procureur en la cour du Parlement
de Paris, vivant en 1530 et mort avant 1538, et de Glande Baudouin,
son épouse.46
II
Samuel de Ramberge,
écuyer,
seigneur du Retail, est aussi qualifié comme témoin
dans un bail passé, le 14 octobre 1538, par François
de Ramberge, écuyer. Il ne semble pas avoir eu d'enfants, car
quatre ans plus tard, le même François de Ramberge en
porte le titre.
III
François
de Ramberge, écuyer,
fils de "honorable homme mestre Philippe de Ramberge, etc.",
devint seigneur du Retail après 1538, et rendit hommage pour
son dit fief du Retail-Louer relevant de la châtellenie de Vieillevigne,
à Jean de la Lande de Machecoul, le 29 avril 1542.
Il
épousa damoiselle Marie
Louer, sans
doute dame du Retail. Ils étaient morts tous deux avant 1575,
laissant :
1°
Philippe, qui
suit ; 2° Clémence,
mariée
à Pierre
Perrot, chirurgien,
demeurant au bourg de Rocheservière ; elle vend à son
frère aîné, Philippe, la part qui lui revient
dans la terre du Retail par héritage de ses père et
mère, ainsi que de la succession de demoiselle Guillemette
Amiaud, mère
de Louis Louer,
du
Retail (acte du 28 février 1575) ; 3°
Rose, demeurant
au bourg de Maisdon, vend également à son frère
la part qu'elle pouvait avoir dans la seigneurie du Retail, par acte
du 4 juillet 1575.
IV
Philippe de Ramberge,
écuyer,
seigneur du Retail, qualifié de principal héritier de
François de Ramberge et de Marie Louer, avait épousé
Françoise
d'Espinasseau, suivant
un acte de vente d'un pré, le 16 février 1567, où
il est dit demeurant en sa maison noble du Retail. Ses soeurs lui
cédaient leur part dans cette seigneurie en 1575 et, l'année
suivante, il reconstruisait son château du Retail, où
l'on peut admirer sur la cheminée monumentale le blason des
Louer qu'il tint à mettre près de son chiffre, plutôt
que ses armes, afin de perpétuer le souvenir de l'origine de
sa maison.
V
David de Ramberge,
écuyer,
seigneur du Retail et de l'Ecornerie, fils aîné des précédents,
exerce un retrait linager, du 2 décembre 1600, et reçoit
un aveu le 8 septembre 1620. De son mariage avec demoiselle Claude
Boison naquirent
:
1°
René, qui
suit ; 2°Jacques,
écuyer,
seigneur de la Rataudière, qui était partagé
le 22 août 1630.
VI
René de
Ramberge, écuyer,
seigneur du Retail, etc., épousa, par contrat de mariage du
6 avril 1632, Louise
Bellinaud, fille
de René, écuyer, seigneur de Lornoys, et de Léa
de la Forest, dont
1°
Antoine, qui
suit ; 2° Antoinette,
dame
du Bignon, mariée à
Pierre de la Mothe de Norville ; 3°
vraisemblablement Louise,
qui
suivra.
VII
Antoine de Ramberge,
écuyer,
seigneur du Retail, demeurait habituellement en sa terre de Boislambert,
paroisse du Bernard. Il fait, le 28 juin 1673, à Marguerite
de Machecoul, femme de Henri de la Chapelle, seigneur et dame de Vieillevigne,
l'aveu de son fief du Retail-Louer, qu'il dit comprendre : 1°
sa maison noble avec ses tours et tourelles, colombier, etc. ; 2°
la métairie du Retail, pourpris acquis par feu René
de Ramberge, son père, de Gabriel de Goulaine, écuyer,
seigneur du Mortier ; 3° de bois-taillis ; 4° du pré
du Retail Bodinière, près Badreau.
Il
épousa, le 26 février 1669, Suzanne
Maingarneau, dame
de la Grenouillère et du Boislambert, fille de René,
écuyer, seigneur de la Grenouillère, du Boislambert,
etc., et de Suzanne Durcot, laquelle mourut des suites de ses couches,
le 13 octobre 1671, laissant: 1° Nerée-Aimée,
qui
épousa vers 1690 François
Friconneau (†
1726), sieur de la Taillie, conseiller du roi, lieutenant général
en l'élection des Sables ; 2° Charles-Antoine,
qui
suit :
VIII
Charles-Antoine
de Ramberge, écuyer,
seigneur de Boislambert, du Retail, etc., fut baptisé au Boislambert,
le 7 octobre 1671, par le ministre protestant Tireau, et présenté
par Gabrielle de Ramberge. Il fut maintenu noble par Meaupou, le 28
septembre 1699, et eut d'Angélique
Aubert, une
fille unique, Marie
de Ramberge, née
en 1706), également maintenue dans sa noblesse, le 4 août
1717, par M. de la Tour, intendant du Poitou.
Charles-Antoine
de Ramberge du Retail (sic)
abjura
le protestantisme à Vieillevigne, le 14 septembre 1681. Le
19 octobre 1682, c’était le tour d'Antoinette de Ramberge,
femme de M. de la Mothe, à Saint-André, et enfin, le
8 novembre 1685, de Gabrielle de Ramberge et de Marie de Ramberge,
veuve de David de la Trévinière, renonçant solennellement
à l'hérésie dans l'église de Vieillevigne49.
IX
Louise de Ramberge
apporta
la seigneurie du Retail à Marc
de l'Écorce, écuyer,
seigneur dudit lieu (Saint-Philbert-de-Bouaine), puis du Retail. C'était
vraisemblablement son second mari, car nous voyons, peu d'années
auparavant, une Louise de Ramberge, dame du Bignon, mariée
à Jean de la Vallée.
Du
mariage de Louise de Ramberge et de Marc de l'Ecorce naquit une fille,
Honorée
de Ramberge, baptisée
par le ministre protestant de Vieillevigne, le 19 avril 1677. Le parrain
fut André Le Geay, écuyer, seigneur de la Grelière,
et la marraine Gabrielle de Ramberge.
Devenu
veuf peu de temps après, Marc de l'Ecorce se remaria à
Lydie du Boisgueheneuc, veuve
elle même de François de Goué, écuyer,
seigneur de la Grolle. Veuf pour la troisième fois, en 1680,
il épousa Marie
Mareschal du Poiroux, de
laquelle naquirent deux enfants : 1° Jeanne,
née,
le 5 août 1682, à Saint-André, mariée en
l'église paroissiale, le 22 avril 1704, à Gabriel
de la Forest, chevalier,
seigneur de la Groizardière, qui, devenu veuf peu après,
se remaria, en 1707, à Jeanne-Isabelle Durand de Chalandray,
dont le fils aîné, Noël-Alexis de la Forest, par
son mariage avec Louise-Bénigne Le Geay, devint seigneur de
la Grelière, la Grolle. etc. ; 2° Pierre,
né
en 1686.
Marc
de l'Ecorce était mort en son château du Retail, à
l'âge de quarante ans, le 27 juillet 1687.
Après
plus d'un siècle de lacune, au début du XIXe
siècle,
nous retrouvons comme propriétaire du manoir du Retail, de
la ferme y attenant et des métairies voisines, M.
Colin de la Biochais, de
Ville'eroux. De nos jours cette propriété appartient
à l'un de ses descendants, M.
Hay des Netumières.
Du
château du Retail et de la réserve qui en dépendait,
avait été distraite, à une époque que
nous ne pouvons préciser, mais qui datait au moins du commencement
du XVe
siècle,
la métairie du Retail située auprès du manoir
de ce nom.
Le
12 novembre 1456, Jean, sire de Goulaine, donne en partage à
son frère puîné Gilles
de Goulaine, la
seigneurie de la Pilletière, paroisse de Rocheservière,
avec les métairies du Retail en Saint-André-Treize-Voies
et de la Trinquetière en Mormaison (Bib. Nat. Carrés
d'Hozier, Ms 304.)50.
Jeanne
de Goulaine reçoit
en dot les terres de la Trinquetière et du Retail, le 10 mai
1519, lors de son mariage avec César
de la Gastinaire, écuyer,
seigneur de la Preuille, qui les vend à la famille Amiaud.
Les enfants de Pierre
Amiaud51,
sieur de la Trinquetière et de la Godière, et de Françoise
Regrenil, son épouse, se partagent leur succession et Julien
Amiaud, leur
troisième fils, reçoit les métairies du Retail
et de la Viollière, situées dans la paroisse de Saint-André.
(Partages du 5 avril 1562: original au cabinet de M. l'abbé
Bourdeaut.)
Pierre
Amiaud fut l'auteur d'une branche de cette ancienne famille bourgeoise,
dite de la Guérinière de Vieillevigne, qui dut conserver
pendant de nombreuses années ces diverses propriétés.
Cependant, dans la première moitié du XVIIe
siècle,
la métairie du Retail appartenait à Gabriel
de Goulaine, écuyer,
seigneur du Mortier, arrière-petit fils de Gilles de Goulaine,
qui la vendit au seigneur du Retail, René
de Ramberge, vers
165052.
On
trouve encore sur les registres paroissiaux de Saint-André,
le 15 juillet 1756, Henri-Charles
de Fontaines, écuyer,
seigneur du Teil et du Sensis, qui prend également la qualité
de seigneur du Retail, mais nous n'osons affirmer qu'il soit ici question
du Retail de Saint-André-Treize-Voies. (Voir plus loin les
notes sur le Sensis.)
§
VI. Le Bignon
Ce
fief, qu'on trouve aussi écrit le
Beignon, appartenait
au commencement du XVIIe
siècle
à la famille de Ramberge et dut évidemment être
donné en partage par les seigneurs du Retail à un de
leurs cadets.
Samuel
de Ramberge, écuyer,
est qualifié dans tous les actes de seigneur du Bignon. Il
se maria, par contrat du 20 avril 1633, devant Fleury et Badreau,
notaires de la baronnie de Montaigu, avec demoiselle Marie
Morel, fille
de David, écuyer, seigneur du Marchais, la Rochecherbonneau,
la Patissière, etc., et de Jeanne du 'I'réhan, et veuve
de Charles de Goué, écuyer, seigneur de la Guyonnière,
de la Grolle et Clivoy en partie, qu'elle avait épousé
en 1623 et qui mourut en 1629, laissant trois enfants. Samuel de Ramberge
devenu veuf passa un arrangement, le 20 mars 1642, avec les enfants
du premier lit de sa femme et laissa à David de Goué,
comme aîné noble, la seigneurie du Marchais, paroisse
des Brouzils.
Il
eut trois enfants, dont nous ne connaissons que Marguerite
de Ramberge décédée
aux Brouzils en 1657, après avoir fait son testament, le 8
janvier 1657, dans lequel elle laisse une partie de ses biens à
sa demi-soeur, Françoise de Goué.
Louise
de Ramberge est
dame du Bignon. Elle épousa maître Jean
de Vallée, appelé
sieur du Bignon, et eut au moins deux enfants baptisés à
Saint-André : 1° Marie,
le
31 juillet 1672, et 2° Jeanne,
le
22 juin 1675.
Louise
de Ramberge, qui était peut-être la fille de Samuel de
Ramberge, nous paraît être la même que la femme
de Marc de l'Ecorce à qui elle apporta la seigneurie du Retail.
Elle dut mourir en 1680. Ce qui est positif, c'est que le Bignon est,
à la fin du XVIIe
siècle,
la propriété de M. de la Mothe de Norville.
Antoinette
de Ramberge, fille
de René de Ramberge, écuyer, seigneur du Retail, et
de Louise Bellinaud, et soeur (?) de la précédente,
naquit en 1647 et abjura solennellement le protestantisme entre les
mains du curé de Saint-André, le 19 octobre 1682. Elle
mourut à Saint-André, le 6 janvier 1688, laissant de
Pierre de la Mothe,
écuyer,
seigneur de Norville, également décédé
en cette paroisse à l'âge de soixante ans, le 20 avril
1699, une fille qui suit :
Nérée
de la Mothe de Norville naquit
au Bignon, le 23 septembre 1680, et fut présentée au
temple par Alexandre de Ramberge, écuyer, seigneur des Mortiers,
aveugle, et Gabrielle de Ramberge. Elle est qualifiée de dame
propriétaire du Bignon où elle mourut célibataire,
le 14 août 1714.
Cent
ans après, la ferme du Bignon appartenait à la famille
Gris : aujourd'hui
elle est passée par héritage à la famille Grasset.
§
VII. L'Epinay
Le
château de l'Epinay,
aliàs
Lespinay, tel
que nous le voyons de nos jours, est dans un état de délabrement
complet. Il a pourtant un certain caractère : c'est un bâtiment
construit en pierre de tuffeau, au corps de logis tout en longueur
et percé de nombreuses et larges ouvertures du plus pur style
Louis XVI. Sa reconstruction n'était pas complètement
terminée quand la Révolution éclata ; mais ayant
alors passé en des mains étrangères, les nouveaux
propriétaires le laissèrent dans cet état pour
en faire la demeure des fermiers.
La
chapelle du château, dédiée à Notre-Dame
de la Pitié, puis placée sous le vocable de sainte Marguerite,
était située à gauche de la cour d'honneur en
entrant. Fondée en 1659, elle fut agrandie et embellie, puis
rebénite en grande pompe, en 1754, ainsi que l'atteste le procès-verbal
de la cérémonie, que nous publierons au cours de l'histoire
ecclésiastique. Aujourd'hui, c'est à peine si les métayers
eux-mêmes en connaissent le bâtiment qui, depuis longtemps,
leur sert d'écurie.
Voici
la liste des seigneurs de l'Epinay54 :
I
Mathurin Hervé,
seigneur
de la Pilotière, en Vieillevigne, et de l'Epinay, en Saint
André, commis de l'alloué de Nantes, tient les pledz
généraux de la baronnie de Rais, à Machecoul,
le 16 août 1474.
Le
1er
avril
1448, Mathelin Hervé, sieur de Lépinay, avait acheté,
pour la somme de 12 livres, de noble homme Nicolas Louer, paroissien
du Pellerin, douze boisseaux de blé "portable à
son hostel de Lespinays étant en la dite paroisse de Sainct
André". Il passait à ce sujet, au mois de septembre
1449 un nouvel acte avec Amaury Louer, écuyer, seigneur de
la Grellière, oncle du vendeur. (Arch.
de la Ménolière à la Viollière.)
Mathurin
ou Mathelin Hervé mourut, avant 1486, laissant au moins un
fils qui suit :
II
Jehan Hervé,
sieur
de la Pilotière et de l'Epinay, vivait encore en 1504.
Maître
Jean Hervé s'était marié, à Sainte-Croix
de Nantes, le 29 avril 1483, avec demoiselle Anne
Grimault, dont
il eut au moins deux fils :
1°
Martin, l'aîné,
qui fut seigneur du Bois de Machecoul, dont nous parlerons après
la notice sur son neveu, Bonaventure Hervé ; 2°Jacques
qui
suit.
III
Jacques Hervé,
écuyer,
seigneur de la Pilotière, de l'Epinay, de la Prémeignerie,
mourut vers 1538, laissant un fils qui suit.
IV
Bonaventure Hervé,
écuyer,
seigneur de la Pilotière, l'Epinay, la Prémeignerie,
prend ces différentes qualités dans l'aveu qu'il fait
de ce dernier fief au Dauphin, duc de Bretagne, le 19 décembre
1539.
Il
embrassa le protestantisme, sans doute à l'époque de
son mariage avec demoiselle Anne
Goulard, dont
il n'eut pas d'enfants et à qui fut laissée en douaire
la terre de l'Epinay. Sa veuve épousa Gilles de Machecoul,
chevalier, seigneur de Saint Etienne-de-Corcoué, de la Grange-Barbastre,
etc., un des chefs huguenots les plus déterminés de
la contrée, et fils cadet du seigneur de Vieillevigne.
V
Martin Hervé,
écuyer,
seigneur du Bois de Machecoul, Basseville, puis de l'Epinay, la Pilotière,
quand, vers 1542, il recueillit l'héritage de son neveu, Bonaventure
Hervé. Il avait affermé, dès 1518, au nom de
sa mère, Anne Grimault, les biens que le présidial de
Nantes avait confisqués, pour cause de sorcellerie, sur Valentin
Gauvry, de Saint-André-Treize-Voies. (Arch.
de la Loire inf., B.
1890.)
Il
resta fidèle à la religion catholique et mourut fort
âgé, vers 1570, laissant au moins deux filles :
1°
Jeanne, mariée
à Mathurin
de la Roche, chevalier,
seigneur de la Roche-Saint-André, la Desnerie, etc., morte
sans enfants, vers 1557 ; 2°
Anne
qui
suit:
VI
Anne Hervé,
dame
de l'Epinay, la Pilotière, le Bois de Machecoul, Basseville,
la Bernettière, la Salbouère, la Tabarière, la
Prémeignerie, épousa, vers 1568, Louis
Tourtereau 55,
chevalier de l'ordre du roi, seigneur de la Tourtelière, la
Chabiraudière, puis des nombreux fiefs de sa femme. Ils eurent
également deux filles :
1°Jeanne
qui
suit ; 2° Hardive,
dame
du Bois de Machecoul, mariée à
Charles de Savonnières, chevalier
de l'ordre du roi.
VII
Jeanne Tourtereau,
dame
de la Pilotière, l'Epinay, etc , épousa : 1° Marin
Charbonneau56,
écuyer, seigneur du Hautbois, de l'Echasserie, etc., dont elle
eut un fils, Louis Charbonneau, auquel elle transmit la Pilotière
et l'Epinay ; 2° Louis
Jousseaume, chevalier,
seigneur de Launay, de Courboureau, auquel elle donna deux enfants
: René et
Gilbert Jousseaume.
VIII
Louis Charbonneau,
chevalier,
seigneur de l'Echasserie, puis, à la mort de sa mère,
de l'Epinay, la Pilotière, etc., épousa, en 1598, damoiselle
Catherine de Plouer,
dont
:
1°
Gabriel, qui
continua la maison ; 2° Charles,
marié
à Isabelle
Le Maignan de l'Ecorce ; 3°
Jeanne qui
suit :
IX
Jeanne Charbonneau,
dame
de la Pilotière, l'Epinay, etc., épousa en premières
noces Jean Le Maignan57,
écuyer, seigneur de l'Ecorce, du Coin, etc., qui, lui-même,
dans une première alliance avec Renée de Bougrenet,
avait eu : 1° Charles
qui
suit ; 2°Isabelle,
décédée
en 1664, et femme de Charles Charbonneau, frère de Jeanne Charbonneau,
sa belle-mère.
Devenue
veuve, la dame de l'Epinay se remaria à haut et puissant seigneur
Philippe Regnault58.
écuyer,
seigneur de la Guilbertière, de l'Epinay, etc., qui s'intitule
"ancien gouverneur de la ville et château de Nantes",
alors qu'il n'en avait été que le lieutenant Elle se
fixa avec son second mari au château de l'Epinay, dès
avant 1652, et y mourut en 1678. Elle avait fondé, en 1657,
aliàs 1659, la chapelle de l'Epinay sous le nom de Notre-Dame
de la Pitié.
A
sa mort, le château et la seigneurie de l'Epinay passèrent
à la famille Le Maignan de l'Ecorce et servirent depuis lors
de douaire aux veuves des seigneurs de l'Ecorce.
X
Charles Le Maignan,
chevalier,
seigneur de l'Ecorce, etc., chevalier de l'ordre du roi, beau fils
de Jeanne Charbonneau, dame de l'Epinay, épousa Marguerite
Durand, dont
:
XI
Gabriel Le Maignan,
chevalier,
seigneur de l'Ecorce, l'Epinay, la Pilotière, etc., épousa,
en 1675, Marie-Suzanne
Garipault de la Maynardière, qui,
devenue veuve, se remaria, en 1688, à René de Goulaine,
chevalier, seigneur du Châtenay. Suzanne Garipault eut en douaire
la seigneurie de l’Epinay et vint s'y fixer.
XII
André-Gabriel
Le Maignan, chevalier,
seigneur de l'Ecorce, l'Epinay et autres lieux, fils aîné
des précédents, épousa Catherine
de la Rapidie, dont
la fille aînée et principale héritière
suit :
XIII
Marie-Catherine
Le Maignan, dame
de l'Ecorce, l'Epinay, etc., épousa à Vieillevigne,
le 9 janvier 1725, un de ses cousins éloignés, René-Louis
Le Maignan, chevalier,
seigneur du Marchais. Elle aimait tout particulièrement son
domaine de l'Epinay, et restaura la chapelle de ce lieu, qui fut bénite
à nouveau en présence d'une nombreuse et noble assistance,
le 11 octobre 1746.
Ils
eurent pour enfants : 1° Louis-Gabriel
qui
suit ; 2° Honorée,
devenue
Mme
de
Montsorbier. (Voir
Chronique de Mormaison)
XIV
Louis-Gabriel Le
Maignan, chevalier,
seigneur de l'Ecorce, le Marchais, l'Epinay, etc., mort à l'âge
de quatre-vingt-six ans, en 1816, avait épousé à
Clisson, le 2 août 1773, Marie-Anne
de Rorthays, morte
à Nantes sur l'échafaud révolutionnaire, le 8
avril 1797.
De
cette alliance descendent les propriétaires actuels des châteaux
de l'Ecorce et de la Butière.
M.
Le Maignan de l'Ecorce avait tout d'abord émigré, mais
apprenant les succès des Vendéens, il rejoignit la Grande
Armée et se signala à la bataille du Mans. Il n'obtint
sa radiation sur la liste des émigrés qu'en l'an XI.
Quelques
années auparavant, le 18 germinal an VI (7 avril 1798), la
République avait vendu nationalement pour quelques deniers
le beau domaine de l'Epinay, qui appartint pendant longtemps à
la famille Drouet.
Habité
par François Drouet, sous la Restauration, l'Epinay passa à
Mme
Landais,
née Drouet, des Brouzils, et fut vendu par son fils, M.
Landais, de
Talmont, en 1902. Les deux métairies de l'Epinay ont été
morcelées et appartiennent actuellement à MM.
Béraud, Mercier, Mainguet et
Le Maignan de l'Ecorce.
Ce
dernier est le très sympathique maire de Vieillevigne, l'héritier
des anciens seigneurs de l'Epinay, spoliés un siècle
auparavant par les lois révolutionnaires.
§
VIII. Le Sensis
Au
Sensis (également écrit le Censy,
le
Censif et
les Sensis) se
trouvait une maison noble confortable, mais sans caractère,
servant actuellement de demeure aux métayers, et à laquelle
on accédait par une vieille avenue qui allait aboutir à
l'ancien chemin de Mormaison à Saint-Sulpice.
Ses
seigneurs ne nous sont connus que depuis le XVIIe
siècle.
En voici la liste.
I
Françoise
Arnaud60,
fille de François
Arnaud et
de Gabrielle Templier,
apporta
les terres de l'Epinay, la Pilletière, en Mormaison, et du
Sensis, en Saint-André, à son mari, Jacques
Jousson61,
écuyer, seigneur du Plessis et sénéchal d'Aspremont.
Ce
dernier laissa son petit manoir du Sensis à la disposition
de haute et puissante dame Gabrielle
Constant, veuve
de Gabriel Darrot62,
chevalier, seigneur de la Chabotterie, Choisy, etc., avec qui la famille
Arnaud avait quelques liens de parenté. Mme
de
Choisy se décida à venir demeurer au Sensis en 1704
avec ses plus jeunes enfants, à la grande satisfaction du sieur
du Plessis, car cette détermination était bien faite
pour favoriser son amour coupable avec une des filles de son hôte,
Marie-Gabrielle
Darrot. Du
reste, Françoise Arnaud étant décédée
en 1710, Jacques Jousson se remaria à Nantes, le 4 septembre
1711, avec son ancienne maîtresse dont l'existence avait été
jusqu'alors des plus mouvementées. Mais déjà
Gabrielle Constant avait quitté le Sensis et était revenue
habiter Saint-Sulpice, sa paroisse.
Jacques
Jousson eut deux filles de Gabrielle Darrot : Jacquette-Hyacinthe,
décédée
au château de la Viollière, en 1791, laissant son petit
héritage à la famille de Goué, et Perrine,
morte
jeune.
De
Françoise Arnaud étaient nés :
1°
Pierre, qui
suit ; 2° Jacques,
prieur
de la Chapelle-Hermier ; 3° Gabrielle,
mariée
à Abraham
Buor, chevalier,
seigneur de la Durandière et de la Lande ; 4° Jacquette
Françoise, femme
de Louis Buor,
chevalier,
seigneur de l'Eraudière, dont la fille Marie mourut "au
Sensy chez M. de Lépinay", le 13 août 1724.
II
Pierre Jousson,
écuyer,
fut seigneur de l'Epinay et du Sensis, dont il fit sa demeure habituelle,
et où il mourut, le 15 août 1738, à l'âge
de cinquante-et-un ans. Il avait épousé Marie
Brethé de la Guybertière, qui
décéda également en son hôtel du Sensis
et qui fut ensépulturée en l'église de Saint-André,
près de son mari, le 4 octobre 1739.
Ils
eurent pour enfants : 1° Jacques-Marie
Gabriel, écuyer,
seigneur du Plessis, né au Sensis, le 29 mars 1714, tenu sur
les fonts baptismaux par Charles-Clair Darrot, fils du seigneur de
la Chabotterie, et par Marie-Gabrielle Darrot, dame du Plessis, sa
belle-grand-mère ; 2° Pierre,
qui
suit ; 3° Marie-Anne,
qui
suivra son frère.
III
Pierre-Charles-Aimé
Jousson, né
au Sensis, le 31 mai 1716, (parrain et marraine Aimé de la
Barre de Monsorbier et Hélène Thomasset, dame de Choisy
et de la Chabotterie), est qualifié d'écuyer, seigneur
du Sensis, au contrat de mariage d'Anne-Renée Thomasset avec
Charles-Alexandre de la Fontenelle, chevalier, seigneur, et dame de
la Chabotterie, la Viollière, etc., en 1737 (Bibl. nat. Carrés
d'Hozier 263). Il vivait
encore en 1745.
IV
Marie-Anne-Geneviève
Jousson, soeur
du précédent, dame du Sensis, de la Pilletière
et autres lieux, épousa à Saint-Sulpice, le 19 novembre
1750, Henri-Charles
de Fontaines64,
écuyer, seigneur du Teil (1717-1780), fils cadet de Pierre,
écuyer, seigneur de la Morandière et du Teil, et de
Marie Moreau, dame de l'Essonnière. Il habitait sa maison noble
du Sensis, en 1757, quand il adressa une requête aux Etats de
Bretagne contre les habitants de Saint-André-Treize-Voies,
qui voulaient le contraindre à payer la taille, et dans laquelle
il explique que se trouvant cadet et fils de cadet, il ne peut présenter
immédiatement ses titres de noblesse. Les commissaires rendirent,
le 26 août 1758, un arrêt qui le déchargea de la
taille en ordonnant aux collecteurs de Saint-André de rembourser
les sommes versées par lui. (Arch. Nantes Es
2836.)
Ils
eurent pour enfants :
1°
Marie-Jean-Baptiste-Henri-Louis,
né
au Sensis, le 15 décembre 1752, mort jeune ; 2° Marie-Anne-Henriette,
née
au Sensis, le 15 juillet 175665,
religieuse de l'Union-Chrétienne de Luçon, morte au
Mans lors du désastre de l'armée vendéenne ;
3°Magdeleine-Charlotte,
morte
fille en 1794 ; 4° Guy-Louis-Pierre,
qui
suit.
V
Guy-Louis-Pierre
de Fontaines, chanoine
et prévôt du chapitre de Luçon, déporté
en Espagne en 1792, revint en France en 1801 et mourut curé
de Saint-Michel-Mont-Mercure, le 29 septembre 1818.
Il
fut propriétaire des anciennes terres nobles de la Pilletière
et du Sensis, mais il dut vendre ou échanger cette dernière
avec les propriétaires de la Trinquetière (Mormaison),
car nous voyons au commencement du XIXe
siècle
MM. Macé
de Vaudoré et
Grellier de Puybernier,
gendres
de M. et de Mme
Le
Maignan de Boisvignaud, céder la métairie du Sensis
à François
Guitter, ancien
notaire. Celui-ci l'échangea contre une petite borderie située
à l'extrémité du bourg de Rocheservière,
près de la Grange-au-Baron, à M. Pierre
Gourraud, docteur
médecin aux Brouzils, par acte du 28 novembre 1828. Sa fille
Lucie Gourraud,
mariée
à M. Samuel
Buet, notaire
à la Roche sur-Yon, la reçut en partage, et, après
sa mort (1897), elle est devenue la propriété de son
neveu M. Léon
Gourraud, depuis
de nombreuses années conseiller d'arrondissement pour le canton
de Rocheservière.
§
IX. Autres fiefs
La
Riollière.
Le
village de la Riollière, dont une partie tout au moins se trouvait
jadis rattachée à la paroisse de l'Herbergement, avait
un petit logis habité, au commencement du XVe
siècle,
par N... Fumée,
sieur
de la Riollière.
Les
sieurs de la Riollière, à cause de leur hôtel
noble, et tous les tenanciers du village relevaient de la mouvance
de la Chabotterie, à la réserve de certains devoirs
féodaux envers celle de la Begaudière, suivant les aveux
et dénombrements de ces deux seigneuries. En 1454, les "hoirs
du sieur de la Riollière", en 1599, "les hoirs Fumée
de la Riollière" doivent l'hommage pour leur " hébergement
de la Riollière".
Cette
terre fut, bientôt après, achetée par les seigneurs
de la Roche-Saint-André.
En
1673, le propriétaire en est Louis de la Roche-Saint-André,
conseiller au Parlement de Bretagne. Son fils aîné, Louis,
donne partage à son frère François et à
sa soeur Anne de nombreuses métairies en Saint-André-Treize-Voies,
dont la Riollière, le 31 juillet 1691. Après avoir fait
longtemps partie du domaine seigneurial de la Roche-Saint-André,
elle a été possédée par M. Mercier (1837)
et appartient aujourd'hui à M. et à Mme
Luneau,
née Sauvaget, de Mormaison.
La
Vrillière.
Au
commencement du XVIe
siècle
vivait à Vieillevigne un riche bourgeois, Pierre
Amiaud, sieur
de la Trinquetière et de la Godière, marié à
Françoise Regrenil. Ces
deux époux laissèrent plusieurs enfants qui partagèrent
l'héritage de leurs parents par acte du 5 avril 1562. Le cadet,
Julien Amiaud,
recueillit
la métairie du Retail et celles de la Haute et de la Basse-Vrillière,
toutes trois situées sur la paroisse de Saint-André-Treize-Voies.
Deux
siècles plus tard, la Vrillière était possédée
par la famille Girard.
Jean-François
Girard, sieur
de la Vrillière, était neveu de M. Girard de la Chaussère,
sénéchal, et frère de Jacques-René Girard,
sieur de la Barre, fermier du château de Rocheservière,
et y demeurant avec son épouse Marie-Marguerite Jeullin.
Il
avait épousé Marguerite Laisné et habitait le
bourg de Vieillevigne, ainsi qu'il parait dans son aveu de la Vrillière
au seigneur de Vieillevigne, le 27
novembre
1763. Le 9 janvier 1767, demoiselle Thérèse
Girard, veuve
de Jean Chiron et mère de noble homme Charles Chiron, sieur
de la Gendronnière, faisait également l'aveu et le dénombrement
du fief de la Vrillière.
Bois-Jolly.
Le
grand-père ou le grand-oncle de ce Charles Chiron possédait
la seigneurie du Bois-Jolly,
autre
fief de la paroisse de Saint-André.
Noble
homme Pierre Chiron,
sieur
du Bois-Jolly, avait un fils illégitime de Mathurine Gentes,
dénommé Pierre, qui fut baptisé à Saint-André,
le 25 mai 1714. On trouve également sur les registres de Rocheservière,
en 1783, pour parrain et marraine d'Alexandre-Edouard Rullier: Me
Pierre-Mathurin
Gouin, sieur
de Bois-Jolly, et demoiselle Jeanne-Marguerite
Bouryaud de
BoisJolly.
Izereau
ou
Ysereau,
Le
principal village de Saint-André, plus peuplé que le
bourg même, relevait en majeure partie, sous l'ancien régime,
de la seigneurie de la Chevrottière. Le fief d'Izereau appartenait
à ses seigneurs, et François
de Cailhaut, écuyer,
fils cadet de Salomon de Cailhaut et de Louise de Bessay, s'intitulait
"seigneur d'Ysereau" et y demeurait au milieu du XVIIe
siècle.
Du
reste, cet important village comprenait un certain nombre de maisons
bourgeoises que l'on peut encore nettement distinguer.
L'une
était occupée par plusieurs membres de la famille Arnaud,
cadets
plus ou moins éloignés des seigneurs de l'Epiardière
et de l'Epinay en Mormaison ; une autre était la résidence
de la famille Sauvaget.
A
l'extrémité de ce village, on remarque une fort coquette
habitation, construite en 1894. C'est le château du Gazon,
demeure
de M. Retailleau,
l'honorable
maire de Saint-André-Treize-Voies.
La
Chagnaie est
également, depuis de nombreuses années, la possession
d'une branche de la famille Sauvaget.
Tout
fait présumer que le logis actuel (1783) a remplacé
un logis plus ancien, qui fut sans doute la demeure de quelque famille
seigneuriale.
Nous
trouvons un René
de la Chesnaye, écuyer,
seigneur dudit lieu (sic)
et
du Désert (Bouguenais, Loire-Inférieure), qui avait
épousé, vers 1638, Françoise
de Goué, fille
du seigneur de la Grolle et de la Guyonnière. Il demeurait
en la maison noble de la Guyonnière, (la Grolle), et après
la mort de François de Goué, son beau-frère,
en 1661, au château de la Grolle, près du bourg de la
Grolle (Rocheservière).
René
de la Chesnaye et Françoise de Goué eurent pour enfants
1°
Louis-Charles,
écuyer,
seigneur du Désert, qui épousa, en 1669, Julienne de
Goué de Clivoy ; 2° Françoise,
mariée
à André Le Geay, écuyer, seigneur de la Grelière,
auquel elle apporta la Grolle. On trouve vers la même époque
un René-Louis
de
la Chesnaye, âgé de dix-neuf ans, demeurant au bourg
de Vieillevigne, qui abjure le protestantisme, le 3 décembre
1685.
Ces
de la Chesnaye (d'argent à 3 chevrons de sable), habitant tout
auprès de la Chagnaie, auraient-ils quelques rapports avec
ce lieu ? Nous n'osons l'affirmer, bien que la Chagnaie soit —
on n'en peut douter — la déformation du nom de la Chesnaye,
que dans leur patois nos paysans prononcent "Chagnaie".
Mais
revenons aux Sauvaget, les propriétaires actuels du logis de
la Chagnaie, et à ce propos nos lecteurs nous permettront de
donner un aperçu généalogique de cette intéressante
famille bourgeoise, dont presque tous les membres naquirent et vécurent
dans cette paroisse.
La
famille Sauvaget
Cette
famille s'est divisée, à une époque que nous
ne pouvons préciser, en deux branches principales, celle de
Vieillevigne et
celle de Saint-André-Treize-Voies.
Cette
dernière, qui seule nous intéresse, se subdivise elle-même
en plusieurs branches.
1.
Branche d' Izereau
Les
plus anciens actes de catholicité mentionnent Jeanne, Mathurin
et Pierre Sauvaget, que nous croyons frères et soeur, habitant
Izereau70.
Jeanne
Sauvaget femme
de N. Minguet, eut une fille, Marguerite, qui épousait, en
1645, Pierre Bourcier, d'Izereau
Mathurin
Sauvaget, décéda
le 13 juin 1662, et avait épousé Anne Francheteau, décédée
en 1676.
I
Pierre Sauvaget
fut
inhumé dans l'église de Saint-André, le 25 juin
1662. Il avait épousé Marie Salaud, enterrée
dans la même église en 1659, dont :
1°
Perrine, mariée
en 1672 à Jacques Bizet ; 2° Pierre
qui
suit ; 3° Etienne,
sieur
de la Mothe, marié à Marie Mercier, dont : a) Jacques,
1675-1676
; b) Marie, 1677-1681
; c) Marie-Anne,
mariée
à Louis Draon ; d) Etienne,
né
en 1683 ; e) Gabriel,
1685-1686
; f) Mathurin,
1687-1689
; g) Louis, mort
en 1692 ; 4°Antoine,
demeurant
à Izereau, marié en la chapelle de la Chevrottière,
en 1673, à Hélène Le Sens, dont Pierre
(qui
fut prêtre, défunt en 1751) et Joseph,
nés
en 1675 et 1681 ; 5° Anne,
mariée
en 1672 à André Benoist, dont la fille Anne épousa
en 1715 Jean Sauvaget, fils de Nicolas et de Renée Bizet, de
la branche de Vieillevigne ; 6°Jacques,
auteur
de la seconde branche d'Izereau ; 7° Mathurin,
marié
à Marie Pavageau ; 8° Guillemette,
née
en 1659, inhumée dans l'église paroissiale en 1704.
II
Pierre Sauvaget,
sieur
du Cerlais (Saint-Philbert-de-Bouaine), épousa en l'église
de la Chevrottière, le 8 février 1667, Renée
Bourcier, dont il eut :
1°
Etienne qui
suit ; 2° Marie,
née
à Izereau, en 1676 ; 3° Mathurin,
né
au même lieu, en 1679, marié à Jacquette Grasset,
dont : a) Claude-Paul,
né
en 1714, qui fut prêtre. Il habitait généralement
Izereau ; b) Jacques,
né
en 1716 ; c) Suzanne,
qui
épousa Georges Sauvaget, du Moulin, d'où la branche
de Vieillevigne ; d) Renée,
mariée
à François Sauvaget, frère du précédent
; 4° Pierre,
marié
en 1714 à Jeanne Arnaud, fille de Pierre et de Françoise
Sauvaget, dont il eut : a) Suzanne,
1714-1749
; b) Françoise,
mariée
en 1742 à Jacques Drouet, fils de Charles et de Françoise
Sauvaget ; 5° Jacques,
célibataire,
inhumé dans l'église, le 20 août 1746, à
soixante-treize ans.
III
Etienne Sauvaget,
sieur
de la Mothe, épousa Suzanne Arnaud, laquelle fut inhumée
dans l'église de Saint-André, le 25 mai 1706, à
l'âge de trente-cinq ans, laissant :
1°
Pierre, né
en 1697, resté célibataire ; 2° Renée,
née
en 1701, mariée en 1725 à Jacques Sauvaget, sieur de
la Maisonneuve ; 3° Augustin
qui
suit :
IV
Augustin Sauvaget
épousa
en 1750 sa cousine, Suzanne Draon, fille de Louis et de Marie Anne
Sauvaget de la Mothe. Elle mourut à Izereau, à l'âge
de trente-huit ans, en 1759, ayant eu pour enfants :
1°Augustin,
1751-1780
; 2° Suzanne,
née
en 1752 ; 3° Etienne
Jacques, né
en 1754 ; il habitait à la Ruffelière (Saint-Philbert-de-Bouaine)
au commencement du XIXe
siècle
et était propriétaire de l'ancien château de Rocheservière
; 4° Louis-Charles,
né
en 1755, mort à Rocheservière en 1821. I1 eut de Marie-Madeleine
Massé, de Saint-Christophe-la-Chartreuse, qui mourut à
Izereau en 1823: a) Marie-Suzanne,
mariée
en 1837 à J.-B. Gendre, de Saint-Philbert-de-Bouaine ; b) Louis-Zacharie,
mort
à Izereau, en 1883, âgé de soixante-et-onze ans
; 5° Gabriel-Jean-Jacques,
1757-1823 ; 6° Pierre-Julien,
né
en 1758.
II.
Seconde branche
d'Izereau
.
II
Jacques Sauvaget
eut
de Guillemette Choblet, son épouse
1°
Mathurin, mort
en 1648 ; 2° Anne,
née
vers 1660, inhumée dans l'église en 1668 ; 3°Jeanne,
en
1651 ; 4° Jean,
en
1654 ; 5°Marie-Anne,
mariée
en 1688 à Georges Moreau, de Nantes ; 6° Jacques,
qui
suit.
III
Jacques Sauvaget,
sieur
de la Maisonneuve, en Saint-André, marchand tanneur, demeurant
à Izereau, épousa Catherine Garreau, dont sont nés
:
1°
Jacques qui
suit ; 2° Anne,
née
en 1697 ; 3° Pierre,
né
en 1699, marié à Rocheservière, en 1743, à
Jeanne Bouancheau, dont : a) Pierre,
1744
; b) Anne,1746-1748
; c) Marie-Suzanne,
1748
; 4° Marie,
née
en 1700, épouse de René Béziau ; 5° et 6°
Georges et
Clémentine,
nés
jumeaux, en 1703 ; 7° François,
né
en 1704 ; 8° Sébastien,
auteur
de la troisième branche d'Izereau, qui suivra.
IV
Jacques Sauvaget,
sieur
de la Maisonneuve, marchand tanneur à Izereau, épousa
en 1725 sa cousine, issue de germaine, Renée Sauvaget, qui
mourut à Izereau, en 1745, à l'âge de quarante-cinq
ans. Né à Izereau, en 1695, il y mourut, en 1773, ayant
eu pour enfants :
1°
René, 1739-1742
; 2°
Georges-Claude
qui
suit ; 3° Jacques,
marié
en 1765 à Marie Arnaud ; 4° Suzanne
;
5° Sébastien.
V
Georges-Claude
Sauvaget, sieur
des Landes, marchand tanneur à Izereau, maire de la commune
de Saint André-Treize-Voies, de 1803 à 1808, naquit
à Izereau, en 1741, et y mourut, en 1813. Il épousa,
en 1767, sa cousine, Marie Sauvaget, fille de Jacques et de Jeanne
Dronet, dont :
1°
Marie-Suzanne-Radegonde,
née
en 1768 ; 2° Georges-Sébastien-Jacques,
1769-1772
; 3° Jeanne-Renée-Etienne,
1770-1825,
mariée, en 1804, à Pierre Rayneau ; 4° Marie-Catherine,
1772-1776 ; 5° Sébastien-Jacques-André,
1773 ; 6° Suzanne-Hélène,
1774-1853.
Elle épousa à Montaigu, en 1805, Jacques Rayneau qui
vint habiter au bourg de Saint-André, dont Jacques
(1807-1881),
maire de Saint-André, de 1844 à 1847 et de 1857 à
1870, marié à Rosalie Aglaé Sauvaget (1823-1876),
dont l'une des filles, Léonide-Hélène, a épousé
à Saint-André M. Gustave Mignen, auquel le chroniqueur
adresse ses remerciements pour les gracieuses communications qu'il
a bien voulu lui faire sur sa famille ; 7° Jean-Georges,
1776
; 8° Antoine
Charles, 1778-1779
; 9° Jacques
Alexandre, 1780
; 10° François-Honoré,
1783-1790
; 11° Marie,
née
en 1785.
III.
Troisième
branche d'Izereau
IV.
Sébastien
Sauvaget, né
en 1706, épousa en 1741 Jacquette Bounineau, dont :
1°Jacques,
en
1742 ; 2° Sébastien,
auteur
de la branche de la Chagnaie, qui suivra ; 3°Jérôme,
né
en 1746, mort à Vieillevigne en 1818, épousa Marie Guéry,
dont Jérôme-Jean,
marié
à Marie-Désirée Bossu ; 4° Catherine-Françoise,
née
en 1748, morte à Izereau en 1815 ; 5° Marie,
1751-1808,
mariée en 1777 à Baptiste Minguet ; 6° Angélique
Catherine, 1753-1754
; 7° Julien
qui
suit.
V.
Julien Sauvaget
exerçait
la profession de tanneur à Izereau ; il eut de Marie Renaud,
son épouse :
1°Marie-Claire,
en 1765
; 2° Luce-Jeanne-Victoire,1767
; 3° Perrine,
1769
; 4° Suzanne-Angélique,
1772- 1773.
V.
Sébastien Sauvaget, né
en 1744, paraît être venu habiter le logis de la Chagnaie
en raison de son mariage avec Marie-Laurence Graton, veuve Guichet.
C'est lui du moins qui fit édifier la maison actuelle, ainsi
que le témoigne l'inscription suivante sculptée au-dessus
de la porte d'entrée : S.
S. 1783. Il
fut agent municipal (maire) de la commune de Saint-André
de 1798 à 1799, et mourut en sa maison de la Chagnaie, en
1816, ayant eu pour enfants :
1°
Sébastien-Jérôme,
né
et mort à la Chagnaie, 1782-1783 ; 2°
Baptiste-François-Sébastien
qui
suit ; 3° Rose-Jeanne,
née
en 1785, † 1858, mariée en 1809 à Alexis Luneau,
qui habita une partie du logis de la Chagnaie et qui fut maire de
Saint-André de 1830 à 1844 et de 1848 à 1857
; leur petit-fils est le maire actuel de Mormaison ; 4° Jacques,
1787-1805
; 5°Jeanne,
1788
; 6° Sébastien-Georges,
1789.
VI
Baptiste-François-Sébastien
Sauvaget, né
à la Chagnaie en 1784, y mourut en 1858, laissant de Marie-Rose
Favereau qu'il avait épousée en 1810 :
1°
Marie-Laurence,
née
en 1810, morte en 1814 ; 2° Marie-Rose,
1811
; 3°
François,
1814-1814
; 4° Madeleine-Rosalie,
1816-1837
; 5° Alexis-Ambroise,
né
en 1818, décédé célibataire à la
Grelière en 1872 ; 6° Augustin-Charles,qui
suit :
VII
Augustin-Charles
Sauvaget, né
à la Chagnaie en 1824, y mourut en 1854, ayant eu de Clémence-Alexandrine
Grélier, qui est décédée à la Grelière
en 1896 :
1°
Augustin qui
suit ; 2° Clément-Marie-Léon,
né
en 1846, mort à Nantes en 1891 ; 3° Charles-Marie-Joseph,
1849
; 4° Clémence-Marie-Eugénie,
née
en 1854, mariée en 1880 à son oncle à la mode
de Bretagne, Armand-Alexis Luneau, fils de Célestin-Louis-Alexis
et de Marie Désirée-Alexis Piveteau.
VIII
Marie-Augustin-François-Clément
Sauvaget naquit
en 1845 ; il a été maire de la commune de Saint-André-Treize-Voies,
de 1888 à 1899. C'est le propriétaire actuel de la Chagnaie.
A
suivre........ Histoire écclésiastique